Prix Phonurgia Nova 1987
Une libre adaptation de l'histoire du petit poucet avec Emmanuelle Vaux alors âgée de 3 ans et demi.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
sis dessus, ci-dessous
Connaissez-vous les cryptoportiques?
Probablement pas... Elles sont bien cachées sous la terre. Elles, et leur histoire...dans une parfaite obscurité.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Clarines
Un samedi en Arles: mistral, corrida, mariages... Et la bande son du Mépris de Godard se déverse dans les petites rues autour du Théâtre antique, se mixe avec un bruit de bennes et des cris de martinets...
"TIROLTYROL", le texte de Thomas Kling écrit entre 1987 et 1990 à Düsseldorf, Innsbruck, Kitzbühel, Schruns et Cologne, a été publié en 1991 (dans "brennstabm", édition Suhrkamp). Sa mise en œuvre sonore, par Jörg Ritzenhoff, a été réalisée la même année. Thomas Kling a d’abord dit son texte, qui a ensuite été coupé pour le processus de mise en œuvre sonore, et (avec l’aide de synthétiseurs et de samplers) monté sous forme d’animation informatique. Les enregistrements sonores de cette pièce ont commencé à Mittenwald. Le compositeur a essayé, dans la mesure du possible, « de s’adapter [au texte], de le sonoriser et de l’illuminer. »
Dans son dernier chef-d’œuvre "Zangezi" écrit à Moscou en 1922, Khlebnikov essaie d’associer son étrange théorie des nombres et des relations de pouvoir qui déterminent la conduite du monde avec des thèmes du Crépuscule des dieux et du gospel.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Des murs
Si on vous dit "mur" vous pensez à quoi?
Promenade sonore parmi murailles et murs et murmures.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Rien que des rues
Se saisir du réel comme d'une palette... (Ernest Pignon-Ernest)
Poser dessus - touches, taches, traînées - d'autres couleurs sonores... des noms de rue, égrenés par leurs habitants.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
L'heure du bain
Une goutte d'eau puissante suffit pour créer un monde. Et pour le dissoudre.
Le bain dans tous ses états. Depuis les Thermes de Constantin... jusqu'au bébé que l'on ne jette pas avec l'eau de son bain...
Bernhard et Ferdinand, deux spécialistes des chiens, ont déterminé qu’en Chine, un chien ne fait pas « ouah ouah », mais « wang wang ». Bernhard et Ferdinand écoutent passionnément les bâtards, de même que Joe, un facteur, qui compense l’incroyable monotonie de sa vie en l’agrémentant de 15 types d’aboiements différents.
Dans leur quête d’une clarification rigoureuse du problème, les spécialistes des chiens démontrent une réelle aptitude à l’investigation. Ils déboulent dans des institutions scientifiques et exigent des informations exactes. Tous les moyens sont bons pour décrypter toute la gamme des aboiements. Les dialogues sont entrecoupés de signes et de sons spécifiques au langage canin. Un certain nombre de structures musicales hilarantes, à base d’onomatopées animales, sont ainsi créées.
Né en 1943, Michael Vetter fait de la musique, de la peinture, de la littérature, du théâtre et tous ces moyens d’expression sont étroitement interconnectés. Il est passé Maître dans l’art du chant harmonique, mais il s’intéresse encore plus assidûment à ce qu’il appelle le « langage transverbal ».
Cette pièce radiophonique en est un exemple. Les sons audibles, réfléchis par l’oreille et la voix, jouent ensemble. Pour Michael Vetter, la « réflexion », c’est l’intégralité de l’appareil cognitif des êtres humains, avec toutes ses possibilités d’association dirigées vers l’oreille et la voix. Un langage sans mot, tel que celui qu’on entend dans cette pièce radiophonique, est extrêmement ambigu. À la fin, chaque personne aura entendu une histoire différente.
Cette nouvelle composition de Michael Vetter est un prolongement de ses recherches sur le « langage transverbal ». Ce langage sans mots tente, par des associations, de diriger l’intégralité de l’appareil cognitif des êtres humains vers les interactions entre l’oreille et la voix. Cette liberté et cette extrême ambiguïté permettent à chacun des auditeurs d’entendre une pièce radiophonique différente. Dans cette nouvelle œuvre, des îlots de langage flottent dans le "Goldgrund" (l’« arrière-plan doré ») du chant harmonique, qui évoque « les merveilles des saints sans voix ».
Cette seconde partie de Paysages sonores hongrois, présente les compositeurs Gyula Bánkövi et Janos Decsényi à travers leurs compositions sonores. Le poème tonal de Gyula Bánkövi "Die Stimme der Seele" (La Voix de l’âme) s’inspire d’une « oraison funèbre » et de la traduction de la Bible de Gaspar Károli, qui fut le premier à permettre aux Hongrois d’accéder aux Saintes Écritures dans leur langue maternelle.
« Ne ferais-je pas mieux de partir avec les grues ? », la symphonie de Janós Decsényi, associe des enregistrements originaux réalisés dans la puszta de l’Hortobágy à des chansons folkloriques hongroises, à des mélodies au violon et à une chronique en vers du XVIe siècle.
Ces deux compositions ont été produites par la radio hongroise HEAR study.
"Thors Hammer" (Le Marteau de Thor) : fragment sonore de l’Edda, par Kai Grehn.
L’Edda est la quintessence de la poésie en vieux norrois ; selon les croyances de l’ancienne foi germanique, elle traitait de la création et de la destruction du monde. Parallèlement, c’est une épopée héroïque, empreinte d’une sagesse proverbiale, un poème sur les coutumes, une ode à la magie et une vision.
Kai Grehn cherche à redécouvrir les thèmes mythiques. La langue, la voix, le rythme et le son constituent une expérience d’une grande densité, presque magique. La pièce, initialement conçue sous forme d’une chorégraphie, a été présenté en public pour la première fois au Waschhaus, à Potsdam, en 1994.
Dans la première partie des « Paysages sonores hongrois », les compositeurs font entendre leurs impressions de l’atmosphère des paysages hongrois. Dans sa composition "Wasser, Täler, Glocken" (Eau, vallées, cloches), Miklós Sugár associe le clapotement du lac Balaton avec les sons de cloches, de chansons folkloriques et avec la musique d’une harpe. Dans Bildern vom Örség (Image d’Örség), Gyula Pintér dessine le paysage acoustique de l’ouest de la Hongrie, de la stridulation des criquets à de violentes averses ou à des fragments de conversations. "Etüden auf Dampflokomotiven" (Études de locomotives à vapeur), de Laszlo Sáry, explore la gamme des sons entourant les sifflements et les grognements des vieilles locomotives à vapeur.
Toutes les compositions ont été produites par le studio HERA de la radio hongroise.
Prix Phonurgia Nova 1996
Précepte silencieux date de 1993, mais trouve sa place parmi les oeuvres pionnières. Un jeune metteur en scène de la radio publique Russe, envoie une composition acoustique à Phonurgia Nova. Précepte Silencieux est une sorte d’espéranto bruité, un mimodrame radiophonique : une émission qui "contourne la question du langage parlé, en cherchant l’éloquence des sons", renouant sans le savoir avec l’utopie d’une "radio-oreille" portée dans les années 30 par le cinéaste Russe Dziga Vertov
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
L'arlésienne
Partir la recherche de celle dont on ne retrouvera que l'écharpe (celle peinte par Gauguin) à présent sur les épaules d'une autre Arlésienne.
"Der Duft der Frauen" (Le Parfum des femmes) est une étude sonore des grands mouvements migratoires au sein des civilisations et dans la nature. Elle met en corrélation les mystérieux mouvements cycliques des eaux de l’Atlantique avec l’émigration des Européens vers l’Amérique. La deuxième partie est une espèce de parodie du désir d’« ailleurs » et la troisième partie s’intéresse à la traversée et au respect de tous les types de frontières. Le prix « EAR 97 », prix de la radio hongroise décerné à une œuvre acoustique, a été attribué à cette troisième partie à la fin de l’année 1997. Un autre prix a été attribué en janvier 1998 aux trois parties de l’œuvre : Chantal Dumas a remporté le Prix de la Fiction Phonurgia Nova.
"La Parata est une composition psycho-acoustique réalisée à partir de mots et de phrases prononcés par des hommes politiques européens du XXe siècle. Les discours sont réassemblés selon des aspects tonals et rythmiques, sous forme d’une marche, dégagés de leur signification originale, et finissent par se transformer en une danse macabre." L'oeuvre a été nominée au Prix Phonurgia Nova.
August Walla vit dans la "Haus der Künstler" (Maison des artistes) qui appartient à la clinique psychiatrique de Gugging, près de Vienne. Il est un représentant mondialement connu de l’« art brut », l’art des soi-disant « fous ». Mais pour lui et pour ses admirateurs, son esprit s’étend bien au-delà du cosmos que nous connaissons : ici, il peint et décrit le "Ewigkeitsendeland" (le pays qui commence à la fin de l’éternité), mais qui est déjà connecté à notre univers par les « trous de ver » (comme les appelle les théoriciens de la physique moderne)...
Prix Phonurgia Nova 1997
De septembre à décembre 95, j'ai passé une matinée par semaine dans le magasin de vêtements d'un ami, Francis Traunig, à enregistrer tout ce qui se passait pendant qu'il photographiait clients ou ami de passage.
Prix Phonurgia Nova 1997
"Musique? non-musique? Pour moi, la question est inappropriée. Mon travail appartient au domaine du sonore, de l'écoute et de la perception. Intéréssée par les formes narratives, j'ai développé à cette fin une forme d'écriture sonore qui s'articule autour de quelques points: une attention au point de vue, une documentation sonore basée sur la prise de son et la circulation de la narration entre les trames musicale, textuelle et sonore. Je conçois le support comme une boîte vide aux multiples possibilités d'occupation (...) La fiction ne se trouve jamais bien loin derrière l'aspect documentaire et réaliste de mes productions. Mais dès la prise de son, la première manipulation du son, qu'en est-il de la réalité?"
En 1998, des manifestations internationales ont été organisées pour célébrer le 50e anniversaire de la musique concrète, « née » en 1948 au Studio d’essai de la R.T.F.
"Le Projet Ulysse" est un hommage aux créateurs de l’art acoustique. À travers l’adaptation du thème d’Ulysse, la pièce radiophonique devient une réflexion sur l’art du son. Une composition est créée et subdivisée en un nombre infini de courtes séquences. Chacune de ces séquences suit un type particulier de formation du son ainsi que le type de perception qui lui est associé.
3 500 enregistrements sonores originaux et européens, réalisés entre 1900 et aujourd’hui, constituent la première partie de cette pièce radiophonique, d’une durée de deux heures, composée par Martin Daske avec laquelle DeutschlandRadio Berlin a inauguré sa série d’émissions sur le millénaire. La pièce progresse à travers le XXe à travers un collage d’enregistrements agencés selon le modèle rigoureux d’une partition de bruits et de musiques. Ces « souvenirs sonores » des différentes décennies du siècle passé sont créés à partir des strates multiples et complexes des matériaux originaux.
La deuxième partie a été diffusée un an plus tard, lors du changement de millénaire.
"Forêt pluviale" est une méditation acoustique sur les forêts pluviales. L’association de percussions, d’enregistrements dans la forêt, de poèmes et de micro-trottoirs témoigne des différentes facettes du sujet. L’écoulement des heures, au fil de la journée, sert de structure à la composition : juste avant l’aurore, les insectes et les grenouilles commencent à émettre quelques sons isolés ; plus tard dans la journée, on perçoit les coups de vent et les averses. Au crépuscule et la nuit, les cris des animaux s’atténuent peu à peu.
« Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l’homme telle qu’elle est : infinie ». Dans ses textes prophétiques, le poète anglais William Blake a tenté de décrire les extrêmes existentiels du bien et du mal comme les antagonismes fondamentaux. Le XXe aborde l’œuvre de Blake musicalement, comme l’invoque Allen Ginsberg : « J’espère qu’à present, l’articulation musicale de la poésie de Blake sera entendue à partir des lieux démocratiques, électroniquement illuminés, des mass médias de la musique rock & pop et qu’elle constituera une norme éternelle pour la poésie. »
Rupert Huber et Sam Auinger composent des musiques à partir du langage, des processus linguistiques et des sons. Les sons vocaux de discussions avec ou entre les compositeurs sont assemblés et constituent un personnage polyphonique fictif, qui est le résultat de l’évolution musicale, sonique et personnelle de Sam Auinger et Rupert Huber. Les battements cardiaques sont utilisés comme un rythme humain fondamental, comme un instrument de référence pour la perception du temps et de la musique. Les différentes étapes de la vie sont représentées grâce à la subdivision de "Herzschlagsonate" (Sonate pour battements cardiaques) en cinq mouvements.
La pièce retrace le chemin de la connaissance, de Metatron, dans la mythologie grecque, jusqu’à nos jours. Metatron s’est incarné dans plusieurs figures historiques. Un tourbillon de bruits le conduit en différents endroits où il découvre ses formes respectives, de l’Odyssée à Michel-Ange et jusqu’à l’ordinateur central. Chacune des incarnations représente un principe de vie qui tente de rendre possible la démonstration de certitudes et permet de faire l’expérience de la réalité.
Influx – Afflux.
Des sons de trois lieux différents s’écoulent les uns dans les autres ; des éléments de la nature, de la civilisation et de la musique forment un flot sonore composé d’eau, de vent, de bribes de paroles, de signaux radio et de bruits ambiants. Trois artistes sonores font chacun des enregistrements dans un des lieux et hors de la vue et de l’ouïe des deux autres. Ils ne sont connectés les uns avec les autres que par leurs enregistrements qui sont diffusés grâce à des casques. Le matériel afflue et reflue électroniquement entre les trois artistes, s’intègre dans l’enregistrement en cours et transforment donc les événements acoustiques ultérieurs.
Un langage musical est créé, qui favorise une interaction de sons entre les différents sites.
Le titre, "Tunnelvision", décrit à la fois l’attitude du poète japonais Takuboku Ishikawa, dont certains passages de son recueil "Trauriges Spielzeug" (Triste jouet) sont cités, et la perspective de la technique d’enregistrement. Des enregistrements originaux et musicalisés ont servi de base de travail. Les enregistrements ont tous été réalisés dans des cavités ou à travers différents tubes fonctionnant comme autant de filtres à travers lesquels on entend le monde extérieur. Un second élément est le texte d’Ishikawa dit par un jeune homme. Le troisième niveau est celui du filtrage et du traitement numérique des enregistrements de textes. Les mots sont déformés et se transforment en une chanson technique.
En octobre 1997, le groupe Ars Acustica – un groupe de travail international composé d’artistes sonores et de représentants de la radiodiffusion – s’est réuni dans le cadre du Colloque littéraire se tenant à Berlin. Les hôtes de cette conférence annuelle étaient DeutschlandRadio Berlin et le SFB (Sender Freies Berlin). Le premier soir, une « session » a eu lieu et plusieurs participants se sont présentés en donnant des exemples de réalisation d’Ars Acustica dans leurs propres pays.
Dans le domaine du jazz, une "Jam Session", a réuni plusieurs musiciens qui ont spontanément improvisé les uns avec les autres. C’est précisément ce que le remix de Götz Naleppa tente de faire. Des improvisations vocales, des paysages sonores et des compositions sonores sont mixés, mis en relation les uns avec les autres, et de nouveaux contextes sont ajoutés : un hommage à la forme artistique de l’art radiophonique…
La composition est un voyage acoustique au cœur du Brésil. Elle comprend les sons caractéristiques de la ville de Rio de Janeiro ainsi que des voix humaines, des cris d’animaux et des musiques. Selon Hermeto Pascoal, comparée aux variations acoustiques qu’il a réussi à obtenir grâce à son matériel sonore, la signification des textes et des mots n’est que relative. Ses compositions se caractérisent par sa passion de l’expérimentation: par exemple, il associe les sons d’instruments conventionnels avec des bruits produits par des pots et des casseroles, des cris d’animaux et des voix humaines.
La composition "AerAquaAngelusVox" est un voyage auditif imaginaire. Créé comme une méditation acoustique, il a pour objet de rendre possible l’expérimentation de la relation entre l’homme, la nature et le cosmos. Les quatre niveaux de sons – air, eau, ange et voix – forment une structure sonore symbiotique. Le début de la pièce est consacré à l’air, l’élément « créateur de vie ». Il est suivi par l’eau, « prima materia », et les oiseaux, « esprits de l’air ». Le quatrième niveau de sons, VOX, est principalement structuré autour de la réponse De Angelis de Hildegard von Bingen, chantée capella. Ensemble, les quatre niveaux de sons créent une expérience auditive holistique et immédiate.
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
L'Habitation
Dix jeunes femmes - micro tendu - font résonner l'espace d'un appartement vide. De leur mémoire aussi: le son est souvenir. Rêverie sonore.
Participants:
mix: hervé birolini
Dans la seconde partie des « Mémoires d’un siècle », des centaines d’enregistrements sonores originaux numérisés et réalisés entre 1900 et aujourd’hui ont été « détruits ». Cependant, chacune de ces décompositions conduit à un nouveau matériel sonore qui, à sa façon, ne raconte plus l’Histoire, mais des histoires.
La mémoire du matériel original est préservée.
Matilde, le bébé, passe une nuit agitée. Avant d’ouvir les yeux, elle est transportée en rêve dans trois univers fantastiques. Dans le premier, les seuls habitants de la Terre sont un homme et une femme. Comme ils ne parlent aucune langue, ils doivent imiter le chant des oiseaux. C’est un monde sans mots.
Dans sa seconde vision, elle écoute le monde depuis la lune : elle entend des voix, des cloches, des cris et des machines de guerre ; des instruments électroniques semblent s’exprimer en Morse.
De nouveau, dans sa troisième vision, c’est l’absence de paroles qui domine. Seules les voix isolées d’ordinateurs brisent le silence pour annoncer : « Fine del messaggio » (fin du message).
Hanna Hartman a recueilli du matériel pour ses « Sons du mois » en faisant de nombreux voyages. À partir de ses trouvailles de l’année 1998/99, qui l’avait conduite en Suède, en Russie, en Chine et en Amérique, elle a créé une composition. Ces pièces courtes ne sont jamais déterminées par le lieu de l’enregistrement. Quelque chose de totalement nouveau et sans attaches géographiques prend vie dans l’œuvre d’Hanna Hartman.
De cette façon, cette image sonore se rapproche également – à travers les paysages, pays, villes et pièces – des éléments familiers des « Sons du mois » tout en accordant une large place à une écoute associative.
En 1997, l’atelier « pièces radiophoniques » de Deutschlandradio Berlin a demandé à Hanna Hartman de composer chaque mois ses « Sons du mois ». Il s’agissait de créer une espèce d’« intermède sonore » autonome, d’environ 5 minutes, diffusé entre les pièces radiophoniques et les informations. À notre grande stupéfaction, ces miniatures ont passionné les auditeurs car elles ont suscité nombre de courriers enthousiastes. Cette idée d’émission a permis à Hanna Hartman de se voir décerner en 1998 le Prix Europa dans la catégorie « Marché aux idées ». Ensuite, l’idée a émergé de créer une grande composition sonore à partir de l’ensemble des matériaux utilisés pour les « Sons du mois ». C’est ainsi que « Cikoria » a vu le jour.
« Il était une fois… L’idée de ce projet est née du désir de créer une composition qui puisse être comprise par un large public. Nous avons donc souhaité que l’œuvre ait un simple récit comme point de départ. Ainsi, nous avons choisi le genre narratif leplus universel qui soit : le conte de fées. » (Tim Hinman)
La version de Tim Hinman reprend l’histoire du conte de Grimm Hansel et Gretel : des enregistrements radio historiques, des disques, des conteurs contemporains et des images sonores liés à l’univers fantastique des frères Grimm ainsi que des fragments issus des médias actuels tournent en continu autour du récit original.
« Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au théâtre nô, je me suis posé la question suivante : si l’objectif de ce théâtre traditionnel japonais est la connaissance de soi, comment atteint-on l’illumination ? J’ai pensé que la meilleure façon de répondre à cette question consistait à écrire moi-même une pièce de théâtre nô. Le résultat n’est pas une pièce nô au sens strict du terme, mais inclut un grand nombre d’éléments et de motifs structurels du nô dans un concept contemporain. Plutôt qu’une intrigue linéaire, le nô utilise un mouvement circulaire continu qui retire les différentes strates du personnage principal. Ce processus confronte les auditeurs à de nouvelles interprétations de la vie quotidienne, et débouche sur des moments d’une grande beauté et d’une grande sensibilité. »
(David Kolber)
Joachim Krebs travaille sur la série PAYSAGES SONORES ARTIFICIELS depuis plus de cinq ans. Toutes les compositions de ce cycle représentent des paysages sonores artificiels qui se situent entre réalisme et abstraction. Leurs éléments sonores sont, sans exception, d’origine « naturelle », et l’aspect artificiel de la composition est créé grâce à l’édition numérique de tous les paramètres des sources de sons organiques utilisées. Des sons inaudibles deviennent audibles, la vie intérieure des particules de sons-bruits est mise à nu.
Dans ces milieux intermédiaires entre l’organique et l’artificiel, l’accent est mis sur « l’élaboration de transitions », les sons des personnes, des animaux et de la nature en train de devenir des lignes pures, de la couleur pure, des sons clairs, des rythmes absolus. Nous recommandons l’utilisation d’un casque stéréophonique.
Le manuscrit de "Les Jeux à deux", de l’écrivain et artiste berlinoise Unica Zürn, sert de base à cette pièce radiophonique. Les deux acteurs de "Les Jeux à deux" sont Norma et Flavio, les protagonistes de "Norma", l’opéra de Bellini. Ils ont une relation secrète, scellée selon des règles strictes et intuitivement acceptées. Ils ne sont peut-être pas proches d’un point de vue physique et il est même possible qu’ils n’éprouvent pas le désir de se voir en privé. L’objectif du jeu est de pratiquer la méditation, la mise à distance et la concentration.
Inge Morgenroth et Ellen Fricke ont créé un "Jeu de deux" dans lequel des voix, des musiques et des sons sont mêlés aux airs d’hommes et de femmes, au chœur et aux passages instrumentaux de "Norma", à des improvisations pour percussions et à leurs propres compositions musicales.
Dmitry Nikolaev a soumis son idée initiale à l’anarchie du World Wide Web: « Une personne X a perdu la mémoire, et a donc oublié son nom, sa nationalité et sa ville natale. En revanche, dans le même temps, il/elle a acquis la capacité miraculeuse de pouvoir s’exprimer et se déplacer sans difficultés dans toutes les langues, dans tous les lieux et à toutes les époques imaginables. Que va-t-il arriver à X à partir de maintenant ? Continuez son histoire ! ». En réponse, Nikolaev a reçu de nombreuses variations sur son personnage X, venues du monde entier et en plusieurs langues. Ces voix virtuelles ont été assemblées afin de créer un collage vocal polyphonique, qui restitue l’impression d’espace infini liée à l’Internet et dans lequel les personnes du nouveau millénaire peuvent s’exprimer.
L’activité consciente des êtres humains est l’une des découvertes du XXe siècle. Dans la sphère littéraire, ce phénomène est qualifié de « monologue intérieur ». La composition « Paysage de l’esprit » est une représentation acoustique qui s’inspire du continuum sonore multidimensionnel se produisant dans nos têtes. Les stimulations extérieures, telles que les bruits, les bribes de conversations, les bruits et les sons étouffés qui pénètrent constamment dans notre inconscient et qui se mélangent à nos sentiments et à nos souvenirs. Ce chaos en perpétuelle évolution est ce qui constitue la conscience avant que le « moi » sensible ne soit en mesure d’organiser les impressions sensorielles et les sentiments et d’y mettre de l’ordre. « Paysage de l’esprit » est une expédition dans la « Babylone se trouvant à l’intérieur de nos crânes. »
Les artistes sonores Bordoni et Dalo imaginent un espace acoustique qui se caractérise par un centre et leur environnement (personnel) – un cercle.
Cet espace devient audible grâce à leur recherche de traces de sons et de voix, et ainsi ils continuent de s’éloigner eux-mêmes du centre pour se rapprocher de la périphérie.
L’« état physique » de cette image sonore demeure circulaire, de même que la vague qui est emportée toujours plus loin de son origine et à la signification de laquelle on accède alternativement à partir de l’original et de l’écho, du présent et de la mémoire, du centre et de la circonférence.
Pour la pièce sonore Wetter (Temps), Werner Cee a enregistré sur une longue période les différents sons produits par la pluie. Ainsi, il a créé des atmosphères sonores de grande envergure et, grâce à son instrument spécialement élaboré pour dispenser des gouttes d’eau, il a réalisé des enregistrements précis à partir de gouttes dans différents états tombant sur divers objets sonores, afin de façonner des structures polyrythmiques. Ce matériel sonore a été utilisé pour la composition Wetter, à la fois sous une forme totalement brute et au terme de manipulations électroniques.
Werner Cee décrit sa composition comme un « paysage acoustique et culturel » : « Ici, » déclare le compositeur, « des éléments naturels, aléatoires et des éléments calculés, construits, sont réunis et se combinent pour créer un paysage sonore qui peut être comparé à un paysage culturel : le temps, la luminosité et les caractéristiques géographiques sont des aspects incontrôlables du paysage. L’intervention humaine, sous forme de plantations ou de construction de routes et d’immeubles, restructure l’image et fonctionne en interactivité avec la nature, ce qui donne souvent au paysage son charme unique. »
À présent, écoutez comment se rencontrent le hasard et le calcul dans ce jeu à base de gouttes de pluie.
Le monde des médias devient de plus en plus violent et exempt de tabous. Comparé à la gamme de jeux vidéo, scènes de films ou fictions télé, l’ancien jeu de la Battaglia navale (bataille navale) – dans lequel les enfants imitent les sons de combats « dangereux » - ne semble nullement menaçant. Stefano Giannotti a utilisé la structure de la bataille navale pour créer une composition qui parle de la vraie brutalité, du chaos, de la guerre et de la destruction implacable : une composition sonore sur le thème du pouvoir. Les sons de cette pièce proviennent de différents genres, du monde de la politique – d’hier et d’aujourd’hui – ainsi que du milieu des médias. Les joueurs imaginaires se déplacent dans l’espoir de remporter la victoire, mais choisissent leur emplacement au hasard et au final, c’est toujours Giannotti qui gagne. ...Un franc succès !
« Restant seul dans une pièce… et le mouvement interfère, le silencieux gagne, s’installe, jusqu’à ce que – dans son esprit – l’environnement panique et s’effondre. »
Le poème « New York 48e étage » parle de solitude. Les voix sont enfermées dans un gratte-ciel new-yorkais et contemplent, en bas, l’incessant tohu-bohu de la vie urbaine. Ce silence se transforme en un espace associatif : les sons de l’imagination et de la réalité rivalisent les uns avec les autres et se dérangent les uns les autres, jusqu’à ce qu’une dissonance doulourouse fasse son apparition. Les protagonistes de l’isolement sont des voix, des bruits, des textes et des instruments, tels que la contrebasse et le piano : ils définissent en musique la situation de solitude, à la limite de la névrose.
L’auteur a pris un train reliant Berlin à la Roumanie. Le voyage a duré une semaine. Pendant son trajet, elle a vu les gares de Prague et de Budapest ; Bucarest était le terminus. Hanna Hartman a tendu son micro dans chacune de ces gares. Bien qu’il y ait des similitudes, chaque gare a ses propres sons. Au terme du processus, les trois gares se rencontrent acoustiquement, par-delà les frontières et les distances, dans l’œuvre que le compositeur leur a consacrée. La pièce est une espèce de collage sonore réunissant les voyageurs et les gens qui les attendent.
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, des programmes multilingues de reconnaissance de la parole sont utilisés dans le monde entier pour rechercher dans les conversations téléphoniques, tous les mots suspects, relevant du registre émotionnel.
Rupert Huber s’intéresse au phénomène de la « censure », dont la nature se transforme au fil de la pièce jusqu’à devenir une machine broyant tout sur son passage.
Ainsi, le catalogue des mots liés au stimulus, jadis retirés par crainte des éventuelles conséquences, est enrichi en permanence, du fait de l’utilisation des paraphrases et autres synonymes. Finalement, tout est interdit et le censeur lui-même devient suspect.
"Trilogie für Windgeneratoren" (Trilogie pour éoliennes) est une composition utilisant le vent et le tournoiement des pales. Trois énormes aérogénérateurs produisent des sons changeants qui sont captés par des microphones et transmis par radio dans une pièce fermée. À 3 km des éoliennes, le son des pales et de leur rotation peut être écouté grâce à un haut-parleur alors qu’il n’est pas perceptible dans la nature. Selon la force du vent, des sons différenciés sont enregistrés sur plusieurs jours et permettent de composer la musique.
"Seewetter 69" (météo marine 69) est une œuvre réalisée en 1969 à partir de la météo marine quotidienne.
"Konzert für Harley Davidson und gemischten Chor" (Concert pour Harley Davidson et chœurs) associe la technologie et le chant.
José Mataloni a élaboré le « réalisme magique du son » en s’inspirant du « réalisme magique » utilisé en littérature, notamment par le célèbre écrivain Gabriel Garcia Márquez. Dans ses pièces sonores, il transforme les sons de l’environnement enregistrés avec un microphone par de la musique électroacoustique. Un matériel spécifique est donc changé en univers fantastiques et poétiques.
Les fondements de ces pièces sont des enregistrements sonores réalisés dans son Argentine natale et dans son pays actuel, l’Allemagne.
Titres des six pièces sonores :
1. Sonidos Lejanos
2. Tiempo Dos
3. Ensonacion Portena
4. Piazzollage
5. Magma
6. Nachtmusik
Nicola Sani dédie cette pièce à Luigi Nono à l’occasion du dixième anniversaire de sa mort. Sani a trouvé son propre langage musical en suivant pas à pas l’œuvre de Nono qui, en son temps, a ouvert de nouveaux territoires à la composition. « La pièce repose sur une recherche sur les nouvelles fonctions dramaturgiques de la vocalité. La séquence de textes ne représente pas un récit achevé ; elle définit des séquences sonores et musicales qui par association ou opposition suivent des cheminements de pensée et des filiations poétiques de toutes les époques, de l’Antiquité à nos jours. C’est une méditation intérieure, un hommage personnel à l’univers culturel dans lequel j’ai grandi et qui a une signification particulière pour mon moyen d’expression. » (Sani)
« Le corps, c’est-à-dire la voix de Lauren qui respire et vibre, est vivant et « sur la route ». Il s’est détaché de Lauren et développe sa propre vie sonique. Il oscille entre respiration organique et pulsation mécanique et passe par différents états de mouvement et de stase. » (Sabine Schäfer)
Le compositeur fait un voyage à l’intérieur de la chanteuse Lauren Newton. Des sons vocaux individuellement sélectionnés ont été enregistrés sous une forme numérique, fragmentés en pièces minuscules, examinés et traités de façon artistique. Ce qui semble être un travail scientifique, ouvre l’auditeur à un nouvel univers du son vocal, dans lequel la friction entre les êtres humains et les machines, l’étrangeté et la matérialité familière, la naturalité et l’artificialité peuvent être entendues.
Suite à des événements émouvants et choquants, Faust est néanmoins accepté au Paradis, tente désespérément de justifier son mode de vie sur terre et n’est même plus en mesure de comprendre ce qu’il dit lui-même. Cette situation n’est pas due au fait que les anges chantent trop fort, mais à la nature fondamentalement différente de la langue employée au Paradis. Néanmoins, il ne refrène en rien ni sa volubilité, ni sa « vitalité faustienne » et s’oublie dans les profondeurs du moment, attitude qui correspond exactement à celle qu’il appelait de ses vœux dans les deux premières parties de la tragédie de J.W. von Goethe.
Cette composition pour voix et gongs a vu le jour pendant que Vetter travaillait sur "Die Gesetzestafeln" (Les Tablettes de la loi), une pièce créée en 1999 dans l’« Academia Capraia » de Michael Vetter.
Le titre « Soto Voce » est un hommage rendu à Soto, le sculpteur sud-américain. Soto a créé une grande sculpture, composée de tubes, qu’il a installée sur une petite colline, en Toscane. Michael Vetter et sa collègue Natasha Nikprelevic ont improvisé de façon à ce que leurs voix entrent en relation avec les sons produits par le vent dans la sculpture. Ils ont donc composé une pièce à partir des sons de la sculpture, de leurs voix et des sons de la nature dans le paysage toscan.
L’improvisation en chant harmonique "De Profundis" fait résonner les voix des deux artistes dans un vieux réservoir, à Rocca, également en Toscane.
Le compositeur et artiste sonore belge Ward Weis compare ses compositions sonores à des « bandes dessinées ». Ses images sont assemblées à partir de petits fragments dessinés par son crayon et qui sont imaginaires. « De cette façon, il est possible de créer des choses improbables, la réalité peut être remise en question par toutes sortes d’idées. » (Ward Weis)
Les bandes dessinées sonores de Weis racontent des histoires. Pour les créer, il enregistre des sons dans les paysages et dans les villes, rend visite à des animaux la nuit ou écoute l’intérieur de structures métalliques.
Pour cette émission, l’auteur a assemblé des extraits d’œuvres anciennes et récentes afin de se présenter au public de la radio allemande pour la première fois.
Un « voyage sur papier » : la longue distance séparant l’Australie du Brésil, recouverte de lettres. Deux pays très éloignés l’un de l’autre, deux langues totalement étrangères, deviennent audibles, convergent et dansent ensemble.
La fantaisie de « bateaux de papier » crée un lieu où les langues, les sons et les images interagissent, sans avoir à franchir les frontières culturelles ou politiques. Le résultat est une Terra Incognita dégagée de la logique des informations relatives au temps et à l’espace, où la poésie et les chansons deviennent les outils d’une communication sensuelle et musicale.
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Si voler est le plus grand rêve de l’homme, s’écraser est son plus évident cauchemar.
Les auteurs ont dédié leur pièce à la chute qui se produit avant que ne s’interrompe le flux d’air sous les ailes et que l’avion disparaisse des écrans de contrôle. Ce qui reste, c’est la boîte noire, qui enregistre tout ce qui est prononcé dans le cockpit et cela, jusqu’à la fin. D’authentiques protocoles forment la trame de cette pièce documentaire.
Le vent du désert et les sons éoliens du sable composent la musique de cette pièce sonore. Le vent entraîne dans son sillage aérien différents objets évocateurs, souffle doucement sur le sol, emporte du sable et dessine l’espace du désert. Andreas Bick a utilisé des photographies aériennes de formations dunaires comme autant de partitions sur lesquelles il a couché pour son œuvre les modulations du vent. Sa composition s’intéresse à l’interaction entre les mouvements ondulatoires du sable, montés et accélérés, et les espaces acoustiques réels du désert : la douceur des sons liés aux rares végétaux, l’écoulement d’un filet de sable et, enfin, les villes fantômes abandonnées, enterrées par les dunes de sable, et où le vent fait encore résonner les vieilles lignes télégraphiques, les carreaux brisés ou les morceaux de ferraille.
À l’instar de tous les dictionnaires, Spunkkrachlexikon, l’œuvre de et avec Frieder Butzmann, nous confronte à des données sérieuses, mais avec une touche d’humour : classées par ordre alphabétique inversé (Z-A), des informations sont fournies au sujet de l’audition. Face à des mots clés tels que "Zirbeldrüse" (corps pinéal), "Yeah, Yeah, Yeah", "Ohrensausen" (tinnitus), "Maulwurf" (mole), "Geräusch" (bruit), "Fühlen" (palper), et "Dröhnen" (grondant), on peut regarder ou écouter ce que Frieder Butzmann leur associe. Informez-vous sur les illusions acoustiques, les toilettes chimiques du train ICE, le big bang, les marches en avant, les harmonies et les cacophonies musicales.
Spunkkrachlexikon a été mis en ligne dès la date de sa diffusion et peut être écouté lettre par lettre en format Real Audio sur le site Web de DLR.
Si nous nous concentrons lorsque nous écoutons une œuvre, nous faisons l’expérience de deux niveaux de temps : le temps exact qui nous est nécessaire pour recevoir la pièce, et le temps au sens fictionnel du terme, qui est raccourci ou ralenti, mais qui peut également s’écouler simultanément à celui de la réception.
Z | S joue sur les changements de perspectives qui se produisent entre les moments où nous écoutons ce qui se passe et ceux où nous nous plaçons en position d’écoute active. Pour ce jeu avec le temps, Christian Calon s’est inspiré de situations observées dans un studio d’enregistrement de pièces radiophoniques et a déplacé ses événements musicaux dans les deux salles. La « salle de contrôle » est équipée de séquences sonores qui sont envoyées dans la « salle d’enregistrement », où elles sont manipulées, transformées et « soulevées hors du temps » de l’événement d’écoute.
Molly Bloom, la protagoniste du dernier épisode d’Ulysse, de James Joyce, passe en revue tous les fils de l’histoire dans son soliloque puis finit par les rattacher les uns aux autres. Divisé en huit séquences sans ponctuation, le texte provoque une espèce d’hypnose, de perte de sens, occasionnées par le chevauchement et la collision des idées. Pourtant, cette perte de sens peut créer un espace de liberté qui stimule l’imagination. La désarticulation n’est plus un obstacle, mais plutôt une porte s’ouvrant sur une perception amplifiée. Les deux compositeurs ont recherché tous les mots qui font penser à des tons et à des sons dans le texte anglais original de Joyce, ainsi que dans les traductions allemandes et françaises. Une odyssée se déploie à travers le texte de Joyce, à travers l’océan de pensées proférées par cette femme.
Le compositeur Luc Ferrari entreprend un voyage aléatoire dans le sud-ouest des États- Unis. Chaque jour, une nouvelle route se déploie devant lui, il rencontre de nouveaux sons, de nouvelles personnes, et la vie s’organise au fil des coïncidences.
« Ce n’est ni un documentaire, ni un paysage sonore, ni une pièce radiophonique, ni une œuvre électroacoustique, ni un portrait, ni un exposé à partir d’enregistrements sur le vif, ni une… C’est une composition ! Que puis-je dire d’autre ? Peut-être que le sous-titre pourrait être : Poème sonore à partir de la vie. » (Luc Ferrari)
La E 71 est une route qui traverse une zone frontière dévastée. Le recueil de poésies éponyme de Peter Waterhouse est un document sur l’impuissance et le désarroi que provoque la destruction liée à la guerre conduite autour de la ville de Bihać, longuement assiégée, en ex-Yougoslavie. Le texte se caractérise par des pauses qui en disent davantage sur la terreur que les mots ne pourraient l’exprimer. Andreas Fervers reproduit musicalement cet espace d’écriture d’une grande fragilité. Dans une pièce, trois haut-parleurs et un grand tambour fonctionnement de façon fragmentaire, déconnectés les uns des autres et toujours en singulier. Aucun dialogue, aucun commentaire ou aucune structure polyphonique ne peut émerger d’un endroit où la vie humine appartient au passé.
Pour ce projet, le terme Hausmusik (musique de la maison) a été interprété au sens propre : le compositeur Thomas Gerwin et l’ingénieur du son Lutz Pahl se sont promenés dans le studio de radiodiffusion de la DeutschlandRadio Berlin pour y capter des sons à la fois typiques et inhabituels dans cet endroit : des fragments d’enregistrements musicaux, des mots prononcés, des atmosphères de studio, ou même le silence d’une pièce vide.
S’inspirant de la « Musique Concrète », Thomas Gerwin isole des bruits enregistrés dans la réalité, les déploie tonalement et parvient ainsi à les libérer de leur signification originale.
Cette composition est un portrait musical idosyncratique, subjectif et très personnel du studio de radiodiffusion à Berlin-Schöneberg.
John Cage et son célèbre Roaratorio, sa composition sur Finnegans Wake de James Joyce, a inspiré à Ward Weis cette pièce radiophonique. Sa source littéraire est le texte inachevé du poète anglais Geoffrey Chaucer (1340-1400), Les Contes de Canterbury, qui font le récit en vers du pèlerinage vers le sanctuaire de Thomas.
Tom Hanna aborde le texte médiéval de Chaucer dans l’esprit du maître Cage, en recherchant des sons, des bruits, des images et des lieux dans les mots et en les transposant en musique.
Le titre, Chauncecleer, fait référence à un personnage des contes de Chaucer, Chauntecleer, un coq, qui repousse courageusement la mort imminente et l’envoie au loin pour le moment...
Arsenije Jovanovič a déjà créé une série de « livres acoustiques » qui enregistrent sous forme de sons les impressions et les sentiments personnels recueillis pendant ses voyages. À la recherche d’un langage et d’un mode de désignation indépendants, Jovanovič « écrit » en utilisant des sons, en créant pour lui-même et pour les auditeurs des territoires acoustiques offrant un vaste espace, presque sans limites, aux images qu’ils ont dans la tête.
Ainsi, il se rappelle de l’espace à l’intérieur d’une cathédrale ou de l’impression d’immensité qui s’empara de lui au mont Athos.
Le bruit provoque des maladies, dit-on. Le stress et la fatigue continuels peuvent conduire à de graves pertes d’audition. Cependant, Felix Kubin est un représentant de la « culture du bruit » ; il est fasciné par ce que les autres considèrent comme dérangeant : le bruit de la ville, les craquements d’une radio qui marche mal, l’intarissable futilité de la muzak, le larsen insupportable d’un microphone trop sensible…. Tels les enfants de l’ère électronique, de la mondialisation et de la terreur des données, les artistes du bruit renvoient les déchets médiatiques – quotidiens et agressifs – à leurs producteurs d’une façon radicale et imaginative. "Krachmusik" (Musique du bruit) est une incitation à la rébellion, une réaction à la stimulation et à la sollicitation excessives de nos sens, une bataille livrée avec les ressources des ennemis, un cri lancé par les « désaxés » – le contre-bruit.
En route – en train, en avion, en voiture, à pied, à travers l’eau, sur des sites de construction et des magasins de machines. "Traum.Reise." est un mouvement symphonique acoustique qui oscille à la frontière entre des lieux « réels » et « rêvés ».
Frank Niehusmann compose ses voix et ses bruits en utilisant des programmes informatiques modernes mais aussi des techniques « historiques », telle que les bandes en boucle dont il se sert en concert. Il collectionne des sons et des bruits en tous genres depuis de nombreuses années, pendant ses voyages ou en studio, et les reprend dans ses compositions qu’il présente en concert, dans des installations sonores, des films ou des pièces de théâtre.
Le monde au-dessus de la terre s’offre à nous à travers nos yeux et celui qui est sous terre par l’intermédiaire de nos oreilles. À l’intérieur d’une caverne, des gouttes d’eau se fraient un chemin à travers le silence et nous emmènent de plus en plus loin dans les profondeurs... Dans le cycle de poèmes intitulés "Nachtkarst", Károly Koller entreprend une « plongée lyrique dans les profondeurs », rend visibles les fragments d’une expédition : l’ascension jusqu’à l’entrée de la caverne, la descente dans les profondeurs où les fissures et autres anfractuosités ponctuent l’itinéraire.
Le silence, le froid, la nuit et le temps sont les thèmes récurrents de la pièce radiophonique. Le labyrinthe souterrain devient audible parmi la multitude de sons et de mots, et l’expédition se transforme en une exploration menée au plus profond des hommes.
Il suffit de se rendre une fois dans le stade olympique de Berlin à l’occasion d’un match de football de la Bundesliga pour prendre la mesure impressionnante des univers du son. Des dizaines de milliers de personnes crient, fulminent, applaudissent, sifflent ou chantent en chœur. Ces concerts extatiques ont lieu chaque semaine.
Ces masses de voix – dans toute leur diversité – sont à la base, sont l’orchestre de cette composition. Le contrepoint musical est créé par deux voix qui chantent. Elles font face à la foule et chantent des textes de Walt Whitman invoquant le caractère irremplaçable de l’individu.
Le chercheur, naturaliste et explorateur Alexander von Humboldt est au centre de cette composition de Daniel Velasco. Il y a 200 ans, Humboldt s’est rendu à Cuba et une fois sur place, mettant à profit ses compétences transdisciplinaires, il a fait des recherches sur l’homme et la nature. Il a consigné par écrit un grand nombre de ses expériences et de ses pensées. Des images acoustiques de La Havane, de Trinidad et du parc national Alejandro de Humboldt illustrent la composition de Velasco. Les lieux que Humboldt a visités et où il a mené ses recherches au XIXe siècle sont devenus « audibles » grâce au compositeur.
Les textes extraits du journal de Humboldt sont cités en quatre langues et constituent le contrepoint musical au paysage sonore cubain, d’une grande richesse et d’une incroyable diversité.
« Certains esprits habitent les êtres humains, d’autres les animaux, d’autres encore les plantes, les pierres, les minéraux. Rien n’est sans esprit et sans intelligence. » Né à Naples en 1548, Giordano Bruno a été condamné à mort par l’Inquisition à l’âge de 52 ans parce que, selon lui, le monde était infini et toutes les religions ainsi que tous les systèmes étaient égaux. De la magie, l’ouvrage de Giordano Bruno, a inspiré à Mario Verandi ce voyage sonore métaphorique à travers l’univers des esprits et des démons. Dans cette composition, ils se glissent dans des voix, dans des tonalités et dans des sons et finissent par reprendre vie.
Prix Phonurgia Nova 2001
"Avec le son, nous avons voulu peindre l'ailleurs". L'oeuvre est un paysage composé d'enregistrements de la baie de Sydney et de l'entrepôt maritime de Port Botany en Australie, pris au cours d'une journée de l'an 2000. Des sons lourds retentissent de toute part tandis que les bateaux s'élancent vers le large.
« Comme un peintre créant une surface, je dois travailler par étapes. L’application d’une seule couche de peinture déboucherait sur un simple revêtement, sans âme. En revanche, si je construis la couleur à partir de différentes zones se chevauchant de façon aléatoire, et de sorte que le fond soit toujours perceptible et représenté, alors, je peux créer une couleur complexe, qui chatoie et oscille au cœur d’elle-même. » (W. Cee)
Dans "Monochrome", le compositeur Werner Cee utilise son expérience de la peinture. Le centre de la composition ne s’articule pas autour de sa structure temporelle, mais plutôt autour de la stratification de la surface du bruit. Les sons se chevauchent sans se couvrir les uns et les autres. Ils forment une trame de sons chatoyants et éblouissants qui se déplacent à l’intérieur d’eux-mêmes.
« À 11 heures du matin, en ce 15 août (Ferragosto), une brise douce et délicieuse caresse la campagne. J’écoute une installation sonore tridimensionnelle, imperceptiblement contrôlée par les voix des insectes et les vents. J’ai l’impression d’être un monteur de son en état d’ébriété, et dans une situation très confortable... »
« C’est exactement la pièce sonore que j’attends de vous », lui répondit par retour de courrier le responsable des pièces radiophoniques. Ferragosto, est un jour férié en Italie, instauré par l’Empereur Auguste. Jour le plus chaud de l’année, le 15 août est une journée radieuse, qui paralyse et qui en même temps, donne de l’énergie.
Dans cette pièce, Alvin Curran a capté l’idée qu’il se fait du Ferragosto.
Le compositeur Luc Ferrari voyage avec un magnétophone. Il a rapporté des sons et des atmosphères originaux de pratiquement toutes ses destinations et les a assemblés sous forme de compositions, pour plusieurs pièces radiophoniques.
Pour sa nouvelle pièce, "Les Anecdotiques", il a utilisé des enregistrements réalisés au Japon, en Espagne, en France, au Mexique, en Californie et à Berlin.
Luc Ferrari a choisi l’expression « musique anecdotique », dans les années 1960, pour décrire ses « photographies acoustiques », des paysages sonores et instantanés de voyages relevant de l’art minimal.
Les Anecdotiques met un terme à un cycle qui a débuté par les œuvres de jeunesse de Ferrari et s’achève avec des pièces plus abouties.
Des sabots en bois / des mécanismes d’horloges / des trains qui passent / la cloche du glacier / le crissement d’un scarabée / des avions de chasse / des bidons de lait / les pelles du jardin / la grand-mère qui nous appelle...
La liste des sons de notre enfance semble interminable. Le musicien et compositeur Stephan Froleyks cite des exemples puisés dans son archive personnelle de souvenirs sonores. L’histoire de la vie qu’il a composée est purement acoustique et constituée d’une multitude de sons spécifiques et de descriptions verbales de sons. Ces enregistrements audio sont certes subjectifs et se réfèrent principalement à leur auteur, mais toutes les personnes qui sont nées dans les années 1960 y reconnaîtront certaines choses : le cri aigu d’une poupée / la cloche de l’école / le générique d’une émission de radio / les cuillères dans les soucoupes / le concert de Keith Jarrett à Cologne / le reggae de Bob Marley...
Le compositeur Thomas Gerwin construit un paysage sonore virtuel.
« Je peuple ce paysage d’êtres acoustiques grands et petits, qui apparaissent individuellemennt, par paires ou en masse. Ces êtres vivent dans ce paysage sonore, ils y sont nés, y ont grandi et évolué, et certains y ont même trouvé la mort pendant la pièce. » (T. Gerwin)
Le compositeur construit son monde sonore virtuel dans l’ordinateur, chapitre après chapitre. Les êtres sont créés puis transformés ; néanmoins, plus le processus progresse, plus les créatures sonores deviennent indépendantes. Petit à petit, elles décident d’elles-mêmes de leurs propres métamorphoses…
Pendant cette pièce, le compositeur vous permet de « regarder par-dessus son épaule ». Les auditeurs l’accompagnent dans ses délibérations sur la construction du labyrinthe sonore, jusqu’au montage final dans le studio d’enregistrement.
Cette pièce radiophonique est la troisième partie d’une trilogie que Stefano Giannotti a commencée en 1999. "Fine del messaggio" (fin du message, 1999) s’intéresse à la communication et "Battaglia navale" (bataille navale, 2000) aux thèmes du pouvoir et de la violence. La composition "Calendario" (calendrier) est consacrée au temps et aux souvenirs.
« Les protagonistes de Calendario pourraient bien être des survivants de la dernière Battaglia Navale qui auraient cherché refuge dans une montagne reculée et qui voudraient laisser derrière eux quelque chose pour les générations futures. » (S. Giannotti)
"Calendario" dresse musicalement la liste des événements qui ont façonné, choqué et réjoui l’humanité : l’anniversaire de Verdi, la bombe d’Hiroshima, le premier gâteau d’anniversaire, le premier pas sur la lune...
Sphex, qui a une vingtaine d’années, rencontre Sunshine, une étudiante de 17 ans, dans un forum de discussion. Ils flirtent, mais au bout d’un moment, Sunshine disparaît dans le cosmos virtuel. Heureusement, il se passe beaucoup de choses dans le forum, et Sphex se mêle à ses hôtes distingués… Avec l’auditeur, il plonge dans les courants anarchiques du forum sur Internet et découvre un monde qui oscille entre les mots et les sons. Dans le style de la forme musicale du motet du Moyen-Âge, qui utilise simultanément différents textes, mélodies, langues et rythmes, la somme des différentes types de communication de l’espace sonore du forum se transforme en une expérience d’écoute. Dialogues, petites histoires, vérités et mensonges se cachent sous la surface chaotique. Heiner Grenzland part à leur recherche et sonorise musicalement la transition entre anonymat et intimité.
Depuis plus de 32 ans, la ville de Bourges accueille le Festival international de musique électroacoustique "Synthèse" organisé par l’Institut International de Musique Electroacoustique de Bourges (Imeb). Son programme est très varié : il présente des pièces purement musicales, de l’art radiophonique, des installations sonores, des performances ainsi que des œuvres audiovisuelles. Le concours annuel a déjà permis à de nouveaux talents de se propulser dans l’univers professionnel. Parallèlement, "Synthèse" est un lieu d’échanges internationaux important. En 2001, outre les œuvres musicales en compétition, de l’art sonore a également été présenté, en provenance de Corée, d’Angleterre, d’Italie, du Portugal, du Chili, du Canada, du Mexique, de la Norvège et du Brésil.
Nathalie Singer a participé au festival de Bourges en juin 2001 et a sélectionné un certain nombre de pièces radiophoniques qu’elle présente.
L’Arcane, dans le jeu de Tarot, est la source d’inspiration et, d’une façon ludique, peut suggérer des styles de vie. Le Jongleur est le symbole de l’inspiration, la Papesse celui de la connaissance, l’Empereur celui de la philosophie, l’Impératrice celui de la magie, le Pape celui de l’idée d’incarnation divine dans l’homme, les Amants celui de la tentation, le Chariot celui du triomphe sur la tentation...
Dans un jeu de Tarot, chaque Arcane représente un archétype psychologique et spirituel universellement valable. La composition de José Mataloni définit les contours d’une « Initiation à la magie ». « Dans cette pièce sonore, j’adopte l’attitude des philosophes hermétiques qui sont ouverts à toutes les idées et religions, de façon à pouvoir toutes les associer pour former un tout. » (J. Mataloni)
La compositrice Cathy Milliken a recueilli ses informations sonores avec un microphone : chantiers de construction, répétitions, promenades, musiques et enregistrements de la nature. Dans "New Looks", elle organise une rencontre entre ces sons et des musiques au piano + des voix. Les sonnets de Shakespeare évoquent l’intemporalité et la fuite du temps. Parallèlement, ils organisent et structurent le matériel acoustique selon les intonations et les syllabes.
« Le traitement et la mise en relation de ces impressions et éléments acoustiques font penser à ces photographies qui permettent à une réalité très personnelle d’être perçue grâce à différents effets : fondu enchaîné, inversion, agrandissement, répétition, solarisation et instantané. » (C. Milliken)
Née à Lvov, en Pologne, Elżbieta Sikora est l’un des compositeurs de musique électroacoustique parmi les plus célèbres du monde. Pianiste de formation, elle est ensuite devenue ingénieur du son, puis a étudié la musique électroacoustique avec Pierre Schaeffer et François Bayle, à Paris. Elle est donc en mesure de tirer parti de ses compétences techniques et musicales. Elle a composé plusieurs œuvres pour instruments et bandes magnétiques. Les œuvres d’Elżbieta Sikora sont interprétées dans de nombreux pays, notamment lors de festivals de musique contemporaine et électroacoustique. Elle vit à Paris depuis 1981 et depuis 2000 également à Hambourg et à Ulm.
Fred Wiggins a parlé avec Elżbieta Sikora et a sélectionné plusieurs de ses compositions pour compléter ce portrait.
Quel son émet le sucre en poudre quand on le verse dans un bol ? À quoi ressemble le son produit par l’éclatement d’une bulle d’air s’échappant vers la surface d’une bassine d’eau quand on y plonge un gobelet en plastique ? En février 2002, deux classes berlinoises ont eu la chance unique de faire des expériences touchant à l’art sonore au studio des pièces radiophoniques de DeutschlandRadio Berlin. Yves Coffy, de l’IMEB (Institut International de Musique Electroacoustique), à Bourges, gère ce projet réservé aux enfants depuis 1972. C’est dans le cadre de ce projet que le "Cybersongosse" a été inventé : un réseau de petits bureaux est équipé de microphones et d’appareils permettant de procéder à des mixages et à de multiples relectures. Ces appareils transforment la manipulation des sons et des bruits en un véritable « jeu d’enfants ». Dans cette émission, Nathalie Singer explique comment ces « nouveaux-venus dans l’univers de l’art sonore » apprennent à composer une pièce.
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
280... Rhône
Sons trouvés, flâneurs croisés en arpentant les berges du Rhône: promenade impressionniste.
Participants
mix: hervé birolini
stagiaires:
florence pezon
julien blaise
eva
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Cuba – une destination de rêve pour les voyageurs, le mythe de la révolution socialiste, et la nostalgie de la simplicité caraïbe. Lorsque Werner Cee s’est rendu à Cuba en 1998, l’impression qu’il a eue était partagée. Pendant trois semaines, il a exploré les îles avec son magnétophone. Il est tombé sur l’histoire des mains du Che (Guevara), coupées par l’armée bolivienne pour avoir la preuve de sa victoire. Des sons et des bruits nous conduisent dans un monde où se côtoient différentes époques, où des charrettes tirées par des chevaux circulent sur des autoroutes, et où la splendeur du passé a depuis longtemps disparu.
Werner Cee condense les sons originaux dans une composition poétique, assemble les sons des rues de La Havane pour créer une peinture surréaliste et permet à des sons spécifiques de se transformer en métaphores sonores.
Le cœur n’est pas simplement un organe corporel humain : c’est aussi un lieu mythique. De nombreuses cultures lui attribuent une signification qui l’associe aux sentiments, aux croyances ou au surnaturel. Les guerriers aztèques ouvraient la poitrine de leurs prisonniers au sommet des pyramides et tendaient les cœurs sanguinolents vers le soleil. Un cœur pour les Dieux. Ce que les conquistadores considéraient comme le summum de la barbarie n’était rien de plus, pour les victimes, qu’un rite religieux. Ils mouraient gaiement et calmement : « C’est une mort merveilleuse, que prônaient nos ancêtres et dont ils rêvaient pour leurs descendants. » La cruauté des Européens était d’une autre nature. Wilhelm Hauff l’a enregistée, de façon symbolique, dans son conte de fées "Das steinerne Herz" (Le Cœur de pierre): « C’est un cœur qui ne ressent ni anxiété, ni terreur, ni compassion inutile, ni aucun autre chagrin. »
Iris Disse s’est embarquée pour un voyage dans le cœur des deux mondes. Avec l’ingénieur du son Peter Avar, elle a assisté à des fêtes rituelles au Mexique et les a mises en parallèle avec les conceptions du cœur propres aux Européens.
« L’ouïe de M. Roderick Usher" répond de façon anormalement précise aux pas, aux voix, aux bruits les plus faibles. Mais qu’elle est la cause de sa clairaudience ? Pourquoi est-il si attaché à cette hypersensibilité douloureuse ? Et les nombreuses voix que Roderick Usher entend avec une fréquence et une intensité insensées seraient-elles celles d’une seule et même personne ? Furudate a rapproché la souffrance de Usher de celle d’Éros : un désir outrancier et dévoyé qui sombre dans une intoxication auditive.
Noise Opera „Der Niedergang des Hauses Usher“ nach Edgar Allan Poe
Désert. No man's land. Quelques personnes sont en train de construire une cité qui est tellement splendide qu’on la voit briller de très loin. Mais d’autres tribus ne tardent pas à arriver, l’attaquent, la détruisent et construisent une nouvelle ville sur ses ruines. Un processus qui se répète inlassablement. Chaque nouvelle cité réunit en son sein toutes celles qui l’ont précédée. Jusqu’au jour où la cité des cités est enfin construite : elle rassemble des centaines de styles et crée la vie à l’intérieur de son enceinte. Mais elle est tellement complexe, que personne ne veut y vivre. Et finalement, elle devient un monument sans vie, une attraction touristique pour voyagistes.
Le Chef-d’œuvre est une métaphore du processus créatif de l’art et, surtout, une réflexion très ironique sur la fonction de l’art dans la société.
Volcans : une puissance contenue, en sommeil. Des années de silence, de torpeur muette. Et puis, soudain, l’énergie concentrée se déverse, un déluge de sons se fait entendre : en même temps que les explosions de feu, des sons menaçants émanent des tréfonds de la terre, se mêlent aux sons étouffés produits par d’énormes rochers, et laissent derrière eux les paysages désolés des cratères.
Pour sa composition sonore, Hanna Hartman a recueilli et traité des enregistrements d’éruptions de l’Etna et d’autres volcans, notamment en Italie et au Costa Rica, et les a réunis dans son œuvre.
Cette interprétation unique de vieilles chansons folkloriques prolonge la façon dont elles sont transmises, participe du changement continu qui s’opère lors de la transmission orale, même si elle est en rupture avec les méthodes traditionnelles de réception. « L’un des principaux objectifs de l’œuvre audio VOLKSLIED (Chanson folklorique) était de déterminer à quel point les paroles d’une chanson folklorique, les sons et la simplicité du texte, se transforment en un récit de souvenirs nettement plus abstrait. » (Chr. Korn). Volkslied s’inscrit dans le droit fil des travaux que j’ai commencés par Volksliedmaschine (Machine à chansons folkloriques, HR 2002).
La manipulation et la diffusion de matériels existants, le libre traitement de tons, de mots, de sons et d’images sont au cœur de performances et de projets de CD mis en œuvre par le groupe Negativland, de San Francisco (Etats-Unis). Negativland incorpore dans ses compositions des fragments de musiques précédemment publiées et ces actes lui ont valu d’être vilipendé par des défenseurs des droits d’auteur. En revanche, ils sont devenus des héros pour les fans du groupe. NEGATIVLAND « vole » la musique d’autres personnes, mais la reconstruit en quelque chose qui, pour le groupe, lui semble une œuvre plus honnête. NEGATIVLAND considère que l’attitude consistant à refuser d’être original, au sens strict du terme, est la seule façon de faire de l’art profond dans un monde dominé par le capitalisme et les marchandises.
John Palmer a enregistré le matériel acoustique de sa pièce radiophonique lors d’un voyage de quatre semaines au Japon, en octobre 2001. Outre les sons de la vie quotidienne dans les rues des villes, il s’est particulièrement intéressé aux lieux de recueillement : les monastères bouddhistes et les temples zen.
Dans son studio, il a transformé ses enregistrements en un voyage métaphorique dans l’univers du bouddhisme zen et à l’intérieur de nous-mêmes. Les chants et les prières bouddhistes, les cloches des temples, des poèmes, ainsi que les expériences émotionnelles et spirituelles qui ont émaillé le séjour de Palmer, sont autant de témoignages de l’exploration d’une philosophie orientale par un Occidental.
Dans la langue des Indiens hopi, « apónivi » signifie « vent qui souffle dans le canyon », vent qui traverse les grands espaces des réserves. Il transporte avec lui les esprits des forces invisibles de la vie, les « Kachinas », que l’on ne peut voir que lors des danses exhibant des masques sophistiqués.
La pièce est une exploration acoustique des danses rituelles des Kachinas, dont l’importance symbolique est restituée dans les images musicales. Enchâssé dans le rythme, notamment du grand percussionniste Terry Bozzio, le livret est enrichi par les sons de la langue hopi, les associations, les significations et les mauvaises interprétations de cette culture.
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« ... Un théâtre vide a tendance à m’angoisser : c’est un peu comme si tous les objets et toutes les machines qu’il contient pouvaient soudainement reprendre vie. Et comme si les voix de tous les acteurs et de tous les chanteurs d’opéra qui ont marché sur ces planches chuchotaient dans les loges et dans les balcons… » (d’après Luigi Pirandello).
Lorsque Mario Verandi retourne dans l’ancien théâtre de San Nicolas, construit en 1908 à Buenos Aires, où sa famille a vécu et travaillé pendant quatre générations, il se transforme en un lieu magique, en un Theatrum Sonorum, un théâtre sonore, des sons et des bruits. De vieux fantômes du théâtre viennent sur scène pour nous présenter les voix et les sons d’une époque révolue.
« Okyo » est le nom des textes de prière que les moines zen d’Extrême-Orient récitent sous forme de chant parlé. Ils sont interprétés sur un ton permettant de comprendre qu’ils sont tous au-delà de l’émotion. Ici l’Okyo est principalement considéré comme une expérience phonétique, comme un événement sonore qui place la signification des textes au second plan.
« Pendant des années, mes méditations Okyo ont ressemblé à des processus d’improvisation répétitifs, centrés sur la vie intérieure des sons. Pendant des heures, en chantant, chaque jour, j’observais le son, la façon dont il semblait sortir de lui-même. » (M. Vetter)
La musique zen traditionnelle est le point de départ de cette pièce dans laquelle Michael Vetter et Natasha Nikeprelevic réinterprètent les Okyos tout en y ajoutant des instruments. Ils démontrent notamment leur incroyable capacité à produire des harmonies.
S’inspirant de "Finnegans Wake", l’œuvre de James Joyce, la pièce radiophonique raconte l’histoire d’une femme lassée par la banalité de la vie quotidienne dans la ville irlandaise de Dublin. Elle se jette dans la Liffey et meurt. Elle s’éloigne en flottant sur le fleuve, gagne l’immensité de la mer, puis revient sur l’Irlande sous forme de pluie.
Les compositions sonores, les textes et les musiques font alterner les moments surréalistes de l’histoire et ne la rendent ni compréhensible, ni acoustiquement audible : La tonalité générale tourne autour de l’exclusion, de la tristesse, de la résignation et de l’espoir d’un monde meilleur.
Suivant les traces de Robert Scott, Kathryn Bennetts et Peter Bowman, un duo d’enregistreurs – un britannique et un australien – traversent l’Antarctique fictivement et en musique. Le long du 70ème degré de longitude, ils traversent le pôle sud avec leurs instruments. Le premier d’entre eux enregistre les sons à la surface de la glace et le second juste au-dessus du socle rocheux. Ainsi, toute l’épaisseur de la glace de l’Antarctique est rendue audible, sous forme d’un intervalle en évolution constante, sur 5 250 km, et l’expédition tragique de Scott devient une aventure musicale.
Ce cycle de chants sur l’expédition historique dans l’Antarctique comprend des documents de travail, des descriptions de paysages et des interviews qui complètent la partition de cet opéra radiophonique
Prix Phonurgia Nova 2003
Chant du cygne sur le Westerschelde est basée sur des sons de quatre ferry-boats qui circulaient entre deux régions des Pays-Bas séparées par les eaux du Westerschelde. Le 15 mars 2003, un tunnel autoroutier a été ouvert et, la veille, les ferries ont fait leur dernière traversée. La pièce a été sélectionnée par le jury pour la richesse de l’univers sonore, celui des puissants moteurs qui font vibrer le bateau tout entier, qui pouvait encourager l’auditeur dans une écoute pour le seul pouvoir évocateur des sons. Armeno Alberts est compositeur et producteur de pièces radiophoniques, d’installations et de sculptures sonores. Phons Baks est " sonologue " et se consacre à l’histoire sonore des Pays-Bas.
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Il y a quelque chose qui cloche
Petit essai sonore sur la cloche, cri de métal inventé par l'homme...
Participants:
mixage: hervé birolini
stagiaires:
yann
bruno
clémence
gao
ismaël
sylvia
peter
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Fil blanc
C'est la Toussaint, puis le Jour des Morts... Un fil de son blanc nous conduit parmi de vieilles traditions de deuil.
TERMINUS signifie à la fois frontière et point d’aboutissement. La pièce est focalisée sur les frontières : entre les gens, entre les pays, les frontières de la perception, du langage, la frontière entre la vie et la mort. Lorsque les mots deviennent incertains, dans les situations limites, le son nous permet d’aller plus loin : il est un langage à la lisière entre l’abondance du sens et le son à l’état pur. Ici, les interventions instrumentales surgissant du discours, dissipent également les limites entre la parole et la musique.
Dans TERMINUS, le royaume des mots est bordé par deux strates textuelles : un texte de Léonard de Vinci sur le déluge, et des fragments de textes, principalement d’origine littéraire, dans lesquels les frontières et les situations limites sont évoquées.
Selon les deux musiciens Sam Auinger et Hannes Strobl, « Berlin n’est pas une ville de rêves, car elle est trop bruyante, trop rugueuse, trop pleine d’énergie ! » D’origine autrichienne, les deux musiciens vivent à Berlin depuis longtemps, et ces trois dernières années dans le quartier de Prenzlauer Berg. Pendant six mois, ils ont écouté la ville attentivement, ont capté des sons qu’habituellement nous ne remarquons même pas, et ont cartographié les rythmes urbains de la cité. Le résultat est une vision de Berlin totalement subjective et également une prise de conscience que la frontière entre l’Est et l’Ouest est encore identifiable, particulièrement au niveau des sons de surface de circulation routière.
« Falaise », le poème d’Ulrike Draesner, a pour sujet deux amants qui se retrouvent dans un paysage impressionnant, mais également accidenté. À travers la voix de la poétesse, les mots trouvent une forme acoustique appropriée. Les cris et les chuchotements, les propos rapportés et entendus, les sons et les images se rejoignent en une musique linguistique passionnée. Le compositeur Sandeep Bhagwati recherche sa musique dans cette poésie, s’empare du rythme de la musique des mots et continue de s’en amuser musicalement.
"Commentaires architecturales" est la traduction du titre qu'a donné Marc Behrens à un travaille qui base sur du materiel de son qu'il a collectionné au bout de 15 ans. L'oeuvre reconstitue des espaces - dans ce cas les espaces de la radio londonien "resonance 104.4FM", des extérieures et intérieures avec leurs spécificités techniques comme des chauffage, des climatisations, des ordinateurs. Behrens développe le portrait acoustique d'un studio de son avec tout le materiel qui normalement ne rend son service qu'en silence.
"Architectural Commentaries 4 & 5" a aussi été publié comme disque chez Entr'acte (http://www.entracte.co.uk).
"La Mer de glace", le célèbre tableau de Caspar David Friedrich, a été à l’origine de ce projet. La peinture a été qualifiée à de multiples reprises de représentation de l’espoir déçu. Pour le compositeur Werner Cee, un symbolisme similaire hante une ruine industrielle, à Bitterfeld. Il s’agit d’un réservoir d’eau qui n’a jamais été utilisé, notamment lors de la terrible inondation de l’été 2002. Werner Cee a confronté les musiciens au tableau de Friedrich dans le « réservoir sonore » et a laissé l’œuvre émerger des processus d’improvisation. L’élément sonore unificateur est la e-Ch'in, sa cithare chinoise électronique. Ses longues réverbérations conduisent à la paralysie et à la « décélération », à l’instar des glaces flottantes décrites dans le tableau de Caspar David Friedrich.
Le jeu de mots et dicton « Tradurre – Tradire » implique que « Traduction signifie traîtrise, tromperie ». Dans cette composition, Frank Corcoran s’intéresse de façon quasiment littérale à ce problème fondamental lié à toute traduction et à tout processus de communication. Utilisant comme point de départ un court poème de l’auteur irlandais Gabriel Rosenstock ainsi que ses traductions anglaise et allemande, Corcoran crée dans son œuvre électroacoustique un réseau de relations entre les significations et les mauvaises interprétations. La composition de sons polyphoniques pour quatre voix conduit l’auditeur attentif dans des abîmes philosophiques.
Placé sous les auspices du Berlin Festspiele, "MaerzMusik", le Festival international de musique contemporaine, s’est tenu cette année du 19 au 28 mars et a rendu hommage à la diversité des tendances et des approches de la musique contemporaine. Deutschlandradio Berlin a participé à l’événement, en tant que partenaire du festival et organisateur du SONIC ARTS LOUNGE, qui a présenté des projets d’art sonore ou des spectacles nocturnes représentatifs de la culture club.
Cette année, le SAL a organisé la Nuit nordique : des artistes scandinaves ont présenté les dernières évolutions de l’art sonore. On a notamment entendu le percussionniste, auteur et virtuose du son Sven Åke Johansson, né en Suède en 1943 et qui a vécu à Berlin pendant de nombreuses années, l’artiste sonore Hanna Hartman, également née en Suède mais qui vit aujourd’hui à Berlin, et le groupe finlandais ProTon (Pekka Siren et Agnieszka Waligórska).
"La Nuit nordique" est un enregistrement réalisé au Sonic Arts Lounge, dans le palais berlinois des festivals.
Dans cette œuvre, le compositeur se penche sur les fondamentaux de l’art sonore, de l’histoire et de la musique du XXe siècle. Chacun des cinq « domaines thématiques » de la composition reflète un période précise du XXe siècle : le prologue et l’épilogue définissent le cadre temporel, TANZ (danse) fait référence à l’énergie destructrice des bouleversements qui s’est manifestée lors des deux guerres mondiales, ZEIT (temps) à l’horreur traumatisante d’Auschwitz et d’Hiroshima – et SCHWEIFUNG (digression), à l’abandon de la troisième partie du siècle, à sa recherche de plus en plus irréelle de quelque chose de nouveau.
L’œuvre "Auf's Glatteis" (Sur une mince couche de glace), de Hanna Hartman, montre comment il est possible de produire des bruits peu communs et des sons inattendus avec une simple assiette chaude posée sur un peu de glace.
Sonic Arts Lounge revisited 1
(la musique du jungle avec percussion et chant)
de Sven Åke Johansson et Rüdiger Carl
Pendant de nombreuses années, Jovanovič a enregistré différentes ambiances et atmosphères à proximité d’un mur qui protège sa propriété contre les assauts de la mer Adriatique, près de la ville croate de Rovinj.
L’examen du matériel sonore l’a chaque jour davantage confronté à sa propre histoire. Parallèlement, le vent et la diversité de ses apparitions, est passé au centre de son attention. En tant que navigateur, il a traversé de nombreuses mers et le vent a toujours rythmé sa vie en exil, au large de la côte Adriatique.
La composition en quatre parties est une approche en quatre temps qui pénètre de plus en plus dans l’élément du vent et sa perception subjective. Il s’agit d’une confrontation avec une force de la nature, avec les humeurs, mais aussi avec la signification du vent.
L’artiste sonore allemand Felix Kubin et son homologue polonais Wojtek Kucharczyk ont engagé une bataille sonore dans un no man’s land. Pour ce faire, ils ont puisé dans les déchets culturels et acoustiques de leurs pays respectifs et se sont envoyés leurs trouvailles sous forme de fichiers MP3 : un bruit allemand en échange d’un bruit polonais. Un feu rouge diffusant des chansons en échange de chiens slaves aboyant au son de l’hymne national… « Criez d’abord, puis ne regrettez rien », tel est le principe qui a été appliqué pour créer une pièce qui laisse tous les préjugés germano-polonais disparaître dans le bruit mais sans percer les tympans.
L’Arcane, l’un des cartes du jeu de Tarot, avait déjà inspiré une composition à José Mataloni ("Die Arcana", DLR Berlin, 2002). De nouveau, il a repris le motif des cartes tirées au hasard et lues musicalement, mais cette fois, il a remis en question la faculté de divination associée à l’Arcane. Neuf autres cartes sont tirées et leurs symboles acoustiques peuvent être librement interprétées par l’auditeur : le Diable, la Mort, la Roue de la fortune, la Tour, la Tempérance, la Justice, le Jugement, la Force et le Pendu. « Le donneur est imaginaire et sème donc les graines à l’attention subjective de l’auditeur et du compositeur. Un dialogue peut donc s’établir entre ces deux personnes. » (J. Mataloni)
Dans cette pièce, Diotima, le personnage féminin de "Hyperion", le roman épistolaire de Hölderlin, et Eurydice, la femme d’Orphée, représentent la crise dans les relations entre les hommes et les femmes. Dans les deux récits, les héros masculins préfèrent vivre le deuil de leurs femmes défuntes que filer avec elles le parfait amour. Des citations de Platon, Rilke ou Eliot ainsi qu’une libre adaptation des Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman complètent les éléments textuels de l’œuvre. Néanmoins, l’accent est mis sur la musique : la flûte, la guitare électrique et le luth sont les protagonistes, comme les trois voix humaines. « Les instruments, les voix et le matériel électronique interprètent conjointement le récit sonore d’un scénario irréel, hallucinatoire. »
Dans sa pièce radiophonique, Søndergaard travaille avec des enregistrements réalisés dans des carrières de Carrare, la ville italienne du marbre. Il lance un pont acoustique entre deux pôles absolument silencieux : la pierre sous sa forme immaculée – lourde, statique, muette – et la pierre taillée, la sculpture, elle aussi entourée d’un silence respectueux. Entre ces deux pôles, tout un univers sonore : les explosions, l’impact des blocs de pierre qui déboulent, les grues qui déplacent les masses de marbre. Ensuite, les bruits - ceux que produisent les mains des artistes – deviennent de plus en plus fins. Le sciage, le martèlement, le sculptage, le polissage. Le marbre – un matériau silencieux – devient audible grâce aux mains de l’homme, reprend une forme sonore, puis retourne à son état initial : le silence.
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Le cri de la tarasquette
La tarasque est un monstre mythique qui vit dans le Rhône d'où il sort, parfois, pour dévorer quelques humains (des hommes, jamais de femmes)...
Tentative de cerner l'imaginaire collectif avec du son.
Participants:
mixage: hervé birolini
stagiaires:
emilie mousset
vincent beaume
catherine moreau
jennifer moreau
dominique denat
philippe duval
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Plein comme un œuf
Visite sonore (et subjective) du Musée Arlatan, actuellement fermé pour travaux...
Participants:
mixage: hervé birolini
stagiaires:
max et victorine
delphine saltel
david
Jean-Charles Baudou
Le compositeur autrichien Peter Ablinger ne focalise pas son attention sur l’« Art » mais plutôt sur « ce-qui-est-là », et surtout sur la façon dont nous assimilons ou percevons « ce-qui-est-là ».
L’émission présente différentes œuvres qui sont le fruit de différentes phases créatrices : « Weiss/Weisslich » est une digression sur le bruit, par exemple les bruissements des différentes espèces d’arbres ; « Quadraturen » s’intéresse à la transposition d’une réalité acoustique (comme les enregistrements de bruits urbains ou de paroles) par des instruments – notamment un piano contrôlé par ordinateur. Toute l’oeuvre se situe dans cette tension mimétique.
Cette œuvre plutôt inhabituelle se présente comme un essai sonore ou comme une méditation philosophique du son. Uli Aumüller fait ce que presque personne ne fait habituellement : il questionne la grammaire de l’audition. Car, dit-il, « même lorsqu’il sonne de manière trop évidente ou trop banal, un bruit, c’est toujours autre chose, notamment un acte de communication. Les bruits ne peuvent exister qu’en relation avec l’oreille de celui qui les écoute. Si deux personnes sont assises sous un cerisier, il se peut qu’elles entendent des choses similaires, mais qui ne seront jamais complètement identiques. Et si un microphone et des haut-parleurs sont associés à cet acte d’écoute, alors, cela devient encore plus compliqué. »
Uli Aumüller nous embarque dans sa vie d’auditeur. Son parcours nous conduit dans des expériences imaginaires de la nature, nous confie des anecdotes personnelles, et nous invite à arpenter le territoire philosophique.
L’œuvre d’Isabella Bordoni se situe au confluent entre différentes disciplines, à la limite entre l’écriture, le son, l’image et l’espace. « Je m’intéresse à cette technologie qui préserve la mémoire poétique de l’homme moderne. Je peux y ajouter quelque chose, notamment un espace du « non savoir », et je peux considérer les capacités techniques de la machine comme un miracle de la nature. À cette intersection de différents univers, un nouveau monde a été créé, un endroit où toutes les choses sont à la fois sentiment et logique, poésie et chiffre. Pourtant, cet endroit est également en mouvement […] et je ne peux le trouver qu’en me déplaçant moi-même. Comme un instant et la perpétuité, il est suspendu dans le mystère des ombres. »
Hölderlin a passé les 36 dernières années de sa vie dans une tour où le délabrement de son état mental finit par l’emporter sur ses phases de lucidité. Il mourut à l’âge de 73 ans. La question de savoir s’il était réellement psychotique a été délibérément ignorée par le compositeur.
Pour Hölderlin, la musicalité de la poésie était la langue maternelle de l’espèce humaine. Et il considérait les sons comme « l’image la plus fidèle de l’âme pure ».
Ulrich Land est l’auteur et le narrateur d’un livret composé de fragments de textes et de lettres que Hölderlin écrivait à sa mère depuis la tour. À partir de ce matériel, Rilo Chmielorz et Pedro Lopez ont construit une structure sonore : une tour extérieure qui, petit à petit, semble se dissoudre et se transformer en une tour intérieure. La langue d’Höderlin est doucement et lentement transformée en musique.
En 2004, Martin Daske a créé chaque mois une composition sonore de 5 minutes pour Deutschlandradio Kultur : « L’animal du mois ». Ces compositions n’utilisent comme matériel original que des sons animaliers (crocodiles, poissons, sangliers, koalas, grenouilles, etc.). Une partie de ce matériel a été fortement distordu électroniquement, puis rendu « jouable » et entrelacé afin de créer une musique multipistes. Dans la composition intitulée "no barking at any time" ("aucun aboiement à aucun moment"), tous les sons animaliers utilisés en 2004 apparaissent de nouveau sous forme d’un ensemble polyphonique, le crocodile blanc, la hyène tueuse de loups, la raie électrique, le koala diabolique, la laie hirsute, le pingouin érudit, la larve hurlante, l’éléphant méprisant, le petit-fils de la grenouille, l’albatros, l’hippo-not-ame trottinant ou les abeilles et les insectes.
Dans le monde entier, l’électroacoustique canadienne est considérée comme sans équivalent. Son origine remonte aux années 1940, lorsque Hugh LeCaine inventa à Ottawa un instrument qui fut le précurseur du synthétiseur moderne. Les studios des universités de Toronto et de Montréal ont été créés dans les années 1950. Ce milieu est d’une activité et d’une créativité à nulle autre pareille. Une grande réunion s’est tenue lors du Festival "trans_canada", au ZKM de Karlsruhe, en février 2005.
"Vol d’arondes", de Francis Dhomont - le maître de la Musique Acousmatique - est une œuvre d’un effet extrêmement poétique qui évoque une balade enjouée.
Un artiste sonore et un écrivain se consacrent à la danse afin de capter acoustiquement une partie de la complexité de son aura. Chantal Dumas a accompagné quatre danseurs pendant leurs répétititions et dans un premier temps, a enregistré les aspects clairement physiques de la danse : la respiration, les mouvements dans l’espace, la marche, les chutes, la rigidité et la gravité. Dans ces images, elle tisse des voix qui sont le reflet des corps. Danse est une composition rassemblant des éléments corporels, linguistiques et musicaux qui oscille entre la présence du corps humain et son abstraction dans une ligne, un arc, un mouvement, un son, un volume.
Pour sa composition, Tetsuo Furudate a utilisé une histoire du théâtre nô datant du XIIIe siècle : lors d’un pèlerinage à Kyoto, capitale impériale du Japon, un jeune moine rencontre l’esprit d’une femme, sur un monticule funéraire, qui avait été condamnée à périr en enfer parce qu’elle était responsable de la mort de deux amants. Utilisant pour la première fois un motif de sa propre culture, l’artiste sonore Furudate a trouvé intéressant le caractère implacable de la condamnation de cette femme par Dieu ainsi que le contraste très marqué entre la première scène, idyllique, et la plongée en enfer. Par ailleurs, la possibilité offerte par le théâtre nô de gommer les frontières entre la vie et la mort, je et toi, le passé et l’avenir l’a également fasciné.
Le 17 janvier, il y a un million d’années, quelqu’un a laissé tomber une éponge sèche dans un seau d’eau. L’art était né. En tout cas, c’est ce que prétendait l’artiste Robert Filliou, proche du mouvement Fluxus, en 1963. Depuis, des artistes et des amateurs d’art du monde entier célèbrent régulièrement l’anniversaire de l’art le 17 janvier.
Cette année, pour célébrer le 1 000 042-ième anniversaire de l’art, le groupe Ars Acustica, de l’Union Européenne de Radio-Télévision, a mis en réseau de nombreux artistes sonores et stations de radio de l’ensemble du continent.
L’atelier de pièces radiophoniques de DeutschlandRadio y a participé en procédant à un remix des festivités. Marcus Gammel, ainsi que Lutz Pahl, ont segmenté le matériel sonore en 1 000 042 samples individuels. Ces morceaux, des éléments ou leurs mutiples, sont devenus les fondements de la composition. Leur arrangement s’est scrupuleusement inspiré du concept de l’"autrisme" imaginé par Robert Filliou dans les années 1960 : « Quoi que vous fassiez, faites autre chose ! »
Cette pièce radiophonique s’intéresse aux quatre éléments, à leur nature, à leurs sonorités intérieures et extérieures, ainsi qu’à leur ancienne capacité de transformation. Dès l’ère présocratique, les philosophes se sont intéressés à la doctrine des éléments, dont la plupart proviendraient d’une matière primordiale unique, et qui se seraient différenciés pour donner l’eau, la terre, le feu et l’air. Leur composition spécifique se retrouve dans la forme de tout être et de toute chose. L’alchimie, en particulier, s’est inspirée de ces enseignements. S’appuyant sur ces principes, le compositeur Thomas Gerwin a essayé d’établir une « alchimie du son » : ses éléments musicaux découlent d’une matière primordiale, qui se différencie, s’étend et se transforme. Son objectif : "Reconnaître le sublime dans le quotidien, le pratique dans le principe et le ludique dans l’important."
Voici ce qu’écrit le compositeur au sujet de sa nouvelle œuvre pour Deutschlandradio Kultur:
« Des portes nombreuses et différentes dissimulent des paysages multiples et variés. Une personne les ouvre et les ferme jusqu’à ce qu’enfin, elle atteigne le labyrinthe. Là, on entend une mélodie mélancolique – interprétée par un alto – cachée, conservée par un monstre. La mélodie est libérée du labyrinthe, mais en même temps, à l’extérieur, tout a changé. Le vrai labyrinthe est à l’extérieur…
Labirinti est une parabole sur la perte du centre et de la certitude. Tout ce qui semblait sûr devient dangereux, les choses changent d’emplacement dans une espèce de voyage surréaliste – un jeu périlleux dans lequel nous risquons de nous perdre. »
Hanna Hartman ne souhaite pas qu’on entende dans le titre de son œuvre "Wespen Vesper" (Vêpres des guêpes) une connotation religieuse ; elle l’interprète davantage comme un jeu sur le langage, comme une fantaisie festive. Quand on l’interroge sur le contenu et le titre de sa nouvelle œuvre, il n’est guère surprenant qu’elle choisisse de citer le sémiologue Roland Barthes: « Bien entendu, si l’on renonçait à la métaphore ou au syllogisme, le commentaire deviendrait impossible : parler du haïku serait purement et simplement le répéter. » (dans "L’Empire des signes")
Entrée du journal de bord à la date du 5 octobre 1991. Lieu : Au large sur la mer Adriatique à bord d’un bateau à voile. Heure : 7 h 30, en pleine guerre des Balkans.
Un compositeur et un déserteur pilotent leur bateau sur une mer très calme lorsque, soudain, un petit oiseau semble tomber du ciel, s’installe à côté des marins et s’endort. Un moment magique. À présent, ils sont trois à bord et paraissent tous avoir le même objectif : échapper à la guerre, aux frontières, à la folie des hommes.
Le navigateur passionné et compositeur Arsenije Jovanovič a vécu lui-même un moment semblable et en a scellé le souvenir dans cette composition sonore.
Avec la composition sonore "Niemandsbucht" (La baie de personne), le compositeur Thomas Köner suit les traces d’un héros. Keuschnig, le protagoniste de "Mon année dans la baie de personne", le roman de Peter Handke (1994), fait le récit d’une année passée dans une banlieue parisienne. Thomas Köner a passé plus d’une année à visiter les endroits dont Handke a précisément décrit l’acoustique, et a recherché les sons susceptibles de reproduire acoustiquement « la baie de personne ». À travers la composition musicale issue des enregistrements réalisés dans des lieux précis, un espace sonore a été créé, il fait le récit de nombreux endroits et de la « baie de personne » commune à chacun d’entre nous.
Des moteurs cliquètent, des appareils de battage tonnent, des bips électriques accompagnent des sons mécaniques, hydrauliques et pneumatiques. Des fragments de textes de Karl-Heinz Mauermann se mélangent à des espaces sonores symphoniquement compactés par Frank Niehusmann. Les pourfendeurs des machines sinistres se font entendre au même titre que les défenseurs aveugles du progrès. Les documents on trait à des machineries bruyantes d’une époque presque révolue, mais aussi à des équipements nouveaux et différents. Tous les sons, originaux, ont été enregistrés au XXe siècle. Bien que certaines d’entre elles aient aujourd’hui pratiquement disparu, la dernière génération de machines subsiste, et l’esprit de « nos » machines continue à nous hanter.
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Dans le monde entier, l’électroacoustique canadienne est considérée comme sans équivalent. Son origine remonte aux années 1940, lorsque Hugh LeCaine inventa à Ottawa un instrument qui fut le précurseur du synthétiseur moderne. Les studios des universités de Toronto et de Montréal ont été créés dans les années 1950. Ce milieu est d’une activité et d’une créativité à nulle autre pareille. Une grande réunion s’est tenue lors du Festival "trans_canada", au ZKM de Karlsruhe, en février 2005.
"Für Dich – Pour toi", de l’artiste sonore établi à Vancouver Hildegard Westerkamp, est une œuvre réalisée à partir du Liebes-Lied de Rilke.
Dans le monde entier, l’électroacoustique canadienne est considérée comme sans équivalent. Son origine remonte aux années 1940, lorsque Hugh LeCaine inventa à Ottawa un instrument qui fut le précurseur du synthétiseur moderne. Les studios des universités de Toronto et de Montréal ont été créés dans les années 1950. Ce milieu est d’une activité et d’une créativité à nulle autre pareille. Une grande réunion s’est tenue lors du Festival "trans_canada", au ZKM de Karlsruhe, en février 2005.
"Hi Res", de Louis Dufort, de Montréal, qui est l’un des derniers représentants de l’Art Acousmatique, toujours à la recherche de son propre langage.
Enregistrement realisé au ZKM (Centre d’art et des technologies des médias), à Karlsruhe, lors du Festival « trans_canada ».
Europes Wahn (l'Europe folle) Prix Phonurgia Nova 2005
Pour faire résonner l'Europe, quelle meilleure méthode que de suivre la vache qui y fit tant de bruit! Des recoupements joyeux depuis l'enlèvement d'Europe sur un taureau, récité en Grec ancien, jusqu'aux détails de l'élevage, les principes du charcutier et l'enthousiasme d'une jeune torero. Langues qui crient, sonnailles, pâtois conentrés, brassés en une crème de sonorités délicieuses.
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Liberté Lumière
L’Arlésienne peut aussi être trop voyante…tentative de portrait d’une figure qui dérange
Participants:
mixage: hervé birolini
stagiaires:
marcus gammel
bertrand gauguet
christophe tréhet
loic chusseau
laetitia mikles
xavier fassion
ollia horton
marié gérard
hélène coeur
patrick caradec
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Une nuit
C'était donc une nuit tout à fait ordinaire à Paris... tout ce qu'il y a de plus normal...
Balade somnambule, rêve éveillé à travers la capitale.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Où est passé Gaspard?
Des chiens... histoires de chiens que l'on promène en soi, avec soi, comme on promènerait son Gaspard à soi.
L’aridité et la beauté austères des déserts arctiques sont le point de départ de la composition sonore intitulée "Frost Pattern".
Au cœur du voyage acoustique, se situent les sons uniquement produits par la glace. Nous passons des énormes glaciers du Groenland au tintement à peine audible des arbres couverts de glace sous les climats locaux. Nous découvrons acoustiquement un univers gelé en permanence et sous la surface duquel s’exercent d’énormes forces de traction. Grâce à de fascinants enregistrements originaux, nous pouvons imaginer l’action de ces forces : les glaciers se fragmentent, les icebergs se renversent et éclatent, et des fissures se forment à la surface des lacs gelés. Ces sons explosifs extrêmement puissants contrastent avec les sons microscopiques émis pendant la formation des structures gelées.
African Feedback documente la rencontre entre l’artiste Alessandro Bosetti et les habitants de villages d’Afrique de l’Ouest. Après avoir fait écouter les musiques de différents compositeurs expérimentaux et avant-gardistes à des personnes rencontrées dans les villages, Bosetti enregistre leurs réactions, leur demande de parler de ce qu’ils ont entendu et aussi de ce qu’ils ont ressenti face à ces musiques et à ces sons. Composé de leurs réponses, et des field recordings réalisés tout au long de ses voyages, African Feedback est un portrait musical des transpositions culturelles, incompréhensions culturelles, différentes voix et discours. Comprenant un CD audio et la transcription des sessions d’écoute, ainsi qu’une introduction par l’artiste, African Feedback est une œuvre séduisante, qui se confronte de manière inventive à la question des différences culturelles.
« En tant que musicien, j’aime écouter des langues que je ne comprends pas. J’aime le moment où s’interrompt la compréhension des mots et où le discours devient « bruit ». Toutes les langues ont des sons spécifiques, » déclare Alessandro Bosetti à qui Deutschlandradio Kultur a demandé de composer les bruits des douze mois de l’année 2006. Pour Zwölfzungen, Bosetti a recueilli des enregistrements en onze langues qu’il comprend à peine ou pas du tout – par exemple à « Zahre », dans le Frioul, la langue sifflante de La Gomera, l’Euskara (Basque), la Koiné (Sardaigne) ou la langue des Dogons africains. La douzième langue, le bruit du mois de décembre, est une langue inventée.
Titres et mois de diffusion des séries originales :
GdM 12/2006: "IT-Language"
GdM 11/2006: "Claeys"
GdM 10/2006: "Oos Kaa Naam"
GdM 09/2006: "Restless"
GdM 08/2006: "Gigagei Kamama"
GdM 07/2006: "Euskara"
GdM 06/2006: "Jana"
GdM 05/2006: "Advertencia"
GdM 04/2006: "chairo - no - kami"
GdM 03/2006: "Signora Relax"
GdM 02/2006: "Xhosa / Zulu"
GdM 01/2006: "Zahre"
Frieder Butzmann aime visiter le cimetière. Une fois sur place, il va se recueillir sur la tombe du Baron de la Motte-Fouqué, dont le roman "Die Wunderbaren Begebenheiten des Grafen Alethes von Lindenstein" abonde en esprits et en phénomènes étranges. Alethes a de nombreuses aventures et essaie de résoudre tous les mystères, mais ce faisant, il provoque de nouveaux dangers. Frieder Butzmann continue à faire apparaître des esprits, mais sous une forme acoustique. Le son était jadis considéré comme désincarné, et les premières transmissions sonores - qui utilisaient des ondes électromagnétiques – comme des matérialisations de l’invisible. Dans Alethes Soundbeams, ces techniques sont utilisées afin que d’autres entités désincarnées produisent des sons et s’expriment.
« Deux fois le tour du monde – Aller et retour » est le titre de la composition qui a émergé d’un projet mis en œuvre pour la station de radio expérimentale londonienne Resonance FM. Chris Cutler avait demandé à ce que les enregistrements soient réalisés en n’importe quel point de la planète, entre 23 h 30 et minuit, heure de Greenwich, convient-il de souligner. Quiconque avait un micro et un magnétophone sous la main pouvait participer, à condition de tenir compte du décalage horaire. 247 enregistrements sont parvenus à Cutler, qui les a présentés bruts de décoffrage dans son émission intitulée "Out Of The Blue Radio". Entre l’été 2002 et l’été 2003, les auditeurs londoniens ont pu chaque jour écouter un autre endroit de la planète enregistré entre 23 h 30 et minuit.
Chris Cutler a déjà concocté un remix de ce tour du monde acoustique pour ORF Kunstradio. Puis, il a réalisé un nouveau remix de 50 minutes pour Deutschlandradio Kultur. Pour faire sa sélection, Cutler n’a pas tenu compte de la qualité des différents enregistrements, mais plutôt de leur origine géographique. La séquence de sons nous permet de faire deux fois le tour du monde, à l’aller et au retour. À l’aller, tous les enregistrements sont systématiquement mis bout à bout. En revanche, au retour, Cutler s’est intéressé aux chevauchements et aux déplacements, comme ils se présentent dans notre mémoire quand on revient d’un long voyage et qu’on tente de le raconter.
Chine – il s’agit d’un coucher de soleil sur les rives d’un lac, d’un groupe de retraités pratiquant le Taï-Chi, du brossage rythmé du coton et, enfin, d’une musique hip-hop chinoise diffusée par un autoradio et d’annonces dans le métro de Pékin. Stephen Erickson s’est rendu en Chine et s’est retrouvé face à une société chinoise complexe et surpeuplée, au sein de laquelle sont réunis le passé, le présent et l’avenir, ainsi que la religion et l’idéologie.
Son paysage sonore "Fleuve dansant – Dragon criant" saisit des détails de la Chine contemporaine, et fait le récit des plus de 5 000 ans de l’histoire chinoise.
Le 17 janvier 2006, le groupe Ars Acustica de l’Union Européenne de Radio-Télévision, a célébré le 1 000 043ème anniversaire de l’art et, simultanément, le 90ème anniversaire du Dadaïsme. Un grand nombre d’artistes sonores et de stations de radio se sont connectés via un satellite afin de participer à cet anniversaire international, dont le slogan était TransDADA Express. Le service art sonore de Deutschlandradio Kultur a participé à la manifestation en diffusant un événement en direct à partir du studio TESLA à Berlin. Tetsuo Furudate et Georg Klein ont été chargés de témoigner à leur façon de l’héritage du Dadaïsme et cela a donné DADAyama.
Dans ce résumé, Marcus Gammel présente les temps forts du concert en direct du 17 janvier 2006.
« En cette période où progresse l’hystérie, nous devons rester unis et faire des sacrifices pour notre économie. En cette période de folie linguistique et climatique, nous devons faire un effort supplémentaire pour être les premiers.
"Wir müssen siegen" (Nous devons conquérir) est la conversion formelle d’une séquence radiophonique composée en un mixage sonore.
La distribution : percussion, piano, sons captés dans les médias et dans la rue ; les archives sonores de Rupert Huber ; la manipulation électronique de tous ces sons.
"Au départ, la pièce s’articule autour de l’alternance des contenus puis bascule dans la simultanéité polyphonique. À l’instar d’une machine à laver en phase d’essorage, vers la fin de la pièce, toutes les notes, bruits, rythmes, mots et sons s’enroulent les uns autour des autres." (Rupert Huber)
"2ème 49" est une composition associant des paroles et des mots dans laquelle Kazuya Ishigami aborde une expérience très personnelle : la mort de son père. 14 années se sont écoulées avant qu’il ne puisse écouter un enregistrement de la voix de son père sans difficultés et avant qu’il ne puisse l’utiliser pour une composition. "Le Livre des morts tibétain" est un ouvrage bouddhiste dans lequel on apprend que la transition entre la mort et la renaissance prend 49 jours. Ishigami reconstruit ce cycle de sept fois sept jours en musique et sa composition est donc structurée par le chiffre 49.
49 morceaux de sons et de voix – des prières et des enregistrements sonores originaux – sont régulièrement divisés en périodes de 0,49 seconde, 4,9 secondes, 49 secondes et 49,49 minutes. Une immersion dans les pensées d’un homme pendant son voyage entre sa vie passée et sa nouvelle vie.
La composition s’inspire de La Tempête de Shakespeare, mais pas spécialement du texte ou de l’histoire ; elle s’appuie davantage sur les indications scéniques, qui mentionnent des musiques et des sons, et plus particulièrement sur les nombreux passages où des personnages décrivent des sons qu’ils entendent : « venant du ciel, de quelque part ». Jovanovič s’intéresse à ces informations et passages du texte de Shakespeare et les utilise comme partition d’une composition indépendante. Par exemple, le sorcier Prospero parvient à rendre audible sur son archipel sonore des sons inaudibles dans la pièce de Shakespeare.
"Consolamini" (Apôtre Saint Paul : « Réconfortez-vous les uns les autres avec ces mots ! ») est une œuvre sur la mort. Pour cette composition, ma première préoccupation était le « temps ». "Consolamini" ne se déplace pas uniquement à l’intérieur des sons et du langage, mais surtout dans les proportions du temps, dans les interstices, où le symbolique parvient à s’introduire... Si la mort est mentionnée dans Consolamini, il était inévitable que je ne perçoive pas le tremblement de terre, qui a commencé à gronder dès le siècle passé, étouffé et irrépressible. Le sujet de la mort ne peut pas être abordé sans parler du concept de « destruction. » »(Christoph Korn)
Lors de son voyage au Vietnam, Marcus Mohr a recueilli le matériel original de cette pièce sonore, "Muoi (dix)", qui repose sur le concept des cinq éléments : métal, terre, bois, eau, feu. Marcus Mohr associe chacun de ses enregistrements à l’un des cinq éléments et les traite de la même façon qu’un DJ mixe ses disques : à partir des sons d’un élément, il crée un morceau puis l’associe aux morceaux des autres éléments. Petit à petit, d’autres éléments sont ajoutés, d’abord de façon synchrone, puis décalés et en alternance. Dix combinaisons différentes sont créées sur le même principe, chacun des éléments étant mixé avec l’un des quatre autres.
"Muoi (dix)" parle d’équilibre et des interactions entre les cinq éléments.
"Little Connections" s’inspire du poème "Lifting Belly" (1915-17) de Gertrude Stein. Ce poème érotique était dédié à son grand amour Alice B. Toklas. "Lifting Belly" est du babillage amoureux, léger et rythmé, un dialogue et des propos à plusieurs voix, l’intégralité du cosmos à la manière de G. Stein, associant le public et le privé. La composition "Little Connections" utilise à son propre compte les connexions tonales du poème. Deux voix dansent ensemble, se rapprochent, se mêlent, s’interrompent, puis s’attaquent. L’espace s’ouvre à l’intimité de deux personnes.
Après les plantes et les animaux, les premiers êtres humains ont été réalisés en argile. Mais comme ils étaient trop tendres, ils se sont dissous. La deuxième série d’êtres humains a été faite en bois. Oubliant de rendre hommage à leur créateur, ils ont été détruits. La troisième série a été réalisée en maïs ; ils ont remercié leur créateur et ont fondé des familles et des nations… Telle est l’histoire racontée dans le Popol-Vuh, le livre de la création maya, qui a été transmis à un missionnaire, en langue maya, au XVIe siècle, « de façon à ce que survivent les traditions de notre peuple. » Götz Naleppa a créé une composition sonore qui associe les textes allemands et maya, des sons de la jungle et de la musique interprétée sur des instruments préhispaniques, dans laquelle les aspects cruels et co(s)miques de la création deviennent tangibles.
Après les plantes et les animaux, les premiers êtres humains ont été réalisés en argile. Mais comme ils étaient top tendres, ils se sont dissous. La deuxième série d’êtres humains a été faite en bois. Oubliant de rendre hommage à leur créateur, ils ont été détruits. La troisième série a été réalisée en maïs ; ils ont remercié leur créateur et ont fondé des familles et des nations… Telle est l’histoire racontée dans le Popol-Vuh, le livre de la création maya, qui a été transmis à un missionnaire, en langue maya, au XVIe siècle, « de façon à ce que survivent les traditions de notre peuple. » Götz Naleppa a créé une composition sonore qui associe les textes allemand et maya, des sons de la jungle et de la musique interprétée sur des instruments préhispaniques, dans laquelle les aspects cruels et co(s)miques de la création deviennent tangibles.
Pour sa composition Studio "in forma di rosa", Lucia Ronchetti a pensé à une image : la spirale complexe formée par une rose. L’intérieur d’un bouton de rose lui a inspiré une structure particulière : elle a associé la musique vocale italienne des XIIIe et XIVe siècles avec une flûte traditionnelle soufie, puis a utilisé ces motifs dans des variations cycliques. Les sons se développent dans un mouvement évoquant une spirale et un processus d’épanouissement musical. « Nuit, secret, sombre, sang, invisible » sont quelques-uns des mots que différentes voix, en espagnol, en turc, en italien et en perse, prononcent et accumulent dans le mouvement en forme de spirale et de bouton de rose. « Le paysage autour de la rose peut être l’obscurité, telle une nature morte se détachant sur un fond noir. » (Lucia Ronchetti).
Pièce radiophonique stéréophonique sur un texte d’Andrea Fortina (2006)
« Un champ, un pré, le vent, une voiture au loin, des cris d’oiseaux. L’attente. Un événement inhabituel, un bref battement à droite des pylônes électriques. Saisir les jumelles. La veste produit un bruissement – bien trop fort... À présent, reste sur cette vue, et place l’oculaire dans ton champ de vision : il est là. Il regarde précisément dans ta direction, comme si vos yeux allaient se rencontrer. Un mouvement soudain, tu dois refaire la mise au point. Un bref instant de vertige. Il est parti. »
Philip Scheffner observe les oiseaux depuis l’âge de huit ans. Au cours de ces dernières années, il a de plus en plus souvent remplacé ses jumelles par un microphone. Il fait l’observation suivante : « Lorsque l’on tente d’éviter de faire du bruit, le lien entre le premier plan et l’arrière-plan se dissipe. Une veste qui se froisse est perçue comme un petit ouragan, un petit cliquetis devient un événement sonore. »
En 1958, avec son œuvre « Fontana Mix », John Cage s’est résolument inscrit dans l’histoire de la musique moderne. Pour la première fois, un compositeur n’écrivait pas directement pour des musiciens mais, en premier lieu, pour d’autres compositeurs. Les directives graphiques de Cage doivent d’abord être musicalement comprises avant de pouvoir être entendues.
Pour sa nouvelle version de « Europeras », de Cage, au théâtre d’Aachen, en 2006, Volker Straebel a créé une réalisation du « Fontana Mix ». Outre la réalisation de la propre bande audio de Cage, il a principalement utilisé des sons qu’il a trouvés sur son lieu de travail : des sons de la ville d’Aachen et de ses environs, des enregistrements de répétitions dans un théâtre, d’ateliers, de foyers, etc.
Il a traité ces sons, au nombre de 1181 et s’est appuyé sur la partition de Cage pour créer une composition distincte, pour bande audio.
Dans son Livre des êtres imaginaires, Jorge Luis Borges décrit des créatures légendaires qui, à toutes les époques, ont stimulé l’imagination des peuples : du Dragon à la Licorne, du Sphinx, de la Salamandre, du Dévoreur d’ombre et du Squonk à l’oiseau Phénix, tout ce dont on peut rêver figure dans l’ouvrage. Ce « bestiaire » présente au lecteur nombre de descriptions et d’images de ces créatures mythiques.
Mais quels SONS produisaient-elles ?
Tel est le point de départ de l’œuvre de Mario Verandi, créée avec l’aide des New Vocal Soloists de Stuttgart. Il a rendu audibles les sons transformés de ces êtres imaginaires. « Un hommage modeste à l’imagination de mon célèbre compatriote, Borges » (Mario Verandi).
Elle remporte Mention Spéciale au Prix Phonurgia Nova en 2006. Par cette mention, le jury a voulu saluer la subtilité d'une écriture sonore et d'un art de la "miniature acoustique" qui n'est pas sans rappeler l'évidence du haiku japonais.
Prix Phonurgia Nova 2007 (ex aequo avec Karl-Hein Mauermann et Frank Niehusmann pour "maschinen - ein horspiel")
Les forces naturelles occupent une place de choix dans l’univers sonore d’Hanna Hartman. Sa précédente commande de la radio nationale suédoise et de DeutschlandRadioBerlin, Cratère, avait été forgée à la gueule de l’Etna. Celle-ci est battue par les vagues. La longitude 013° 26' E fend la Mer Baltique à la verticale de Berlin. C’est là, à bord de voiliers, que l’artiste a recueilli la matière de cette pièce. Sur ces sons naturels, choisis pour leur musicalité, leur aptitude à se laisser composer, Hanna Hartman se livre à un riche travail d’hybridation qui révèle l’univers marin jusque dans une dimension onirique (le bruit d’une toile qui se déchire / la menace pesant sur le navigateur), qui emmène l’auditeur bien au-delà du reportage sonore.
Prix Phonurgia Nova 2007 (ex aequo avec Hanna Hartman "Longitude")
Des moteurs cliquètent, des appareils de battage tonnent, des bips électriques accompagnent des sons mécaniques, hydrauliques et pneumatiques. Des fragments de textes de Karl-Heinz Mauermann se mélangent à des espaces sonores symphoniquement compactés par Frank Niehusmann. Les pourfendeurs des machines sinistres se font entendre au même titre que les défenseurs aveugles du progrès. Les documents on trait à des machineries bruyantes d’une époque presque révolue, mais aussi à des équipements nouveaux et différents. Tous les sons, originaux, ont été enregistrés au XXe siècle. Bien que certaines d’entre elles aient aujourd’hui pratiquement disparu, la dernière génération de machines subsiste, et l’esprit de « nos » machines continue à nous hanter.
Elle remporte Mention Spéciale au Prix Phonurgia Nova en 2006. Par cette mention, le jury a voulu saluer la subtilité d'une écriture sonore et d'un art de la "miniature acoustique" qui n'est pas sans rappeler l'évidence du haiku japonais.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Faites venir le piano
En fait, on ne sait pas trop où on est. La seule info: on est à Arles.
Recherche d'un "secret", sur fond sonore d'errances et de piano préparé.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
La bergère
Balade jusqu'au bout de la rue de Lappe (Paris XI e), à travers le clair-obscur des mémoires.
« Les deux compositions sonores, Fire pattern et Frost pattern, sont liées et s’intéressent aux sons du feu et de la glace. Grâce à la similitude de leurs structures, elles soulignent les liens acoustiques entre les deux températures extrêmes. Fire pattern est centrée sur les phénomènes sonores qui se produisent pendant les processus de combustion et à hautes températures. Une attention particulière est accordée aux enregistrements sonores des volcans et geysers du Vanuatu, du Costa Rica, d’Islande et de Sicile. Par ailleurs, les sons prolongés entonnés par les flammes et le spectre des bruits plus calmes de la chaleur et du feu rappellent qu’au fil des civilisations, le feu a toujours été le fidèle compagnon de l’homme. » (Bick)
Pour Colin Black, l’histoire du chercheur allemand Ludwig Leichhardt, qui a disparu en 1848 lors de sa troisième expédition menée à l’intérieur des terres australiennes, devient allégorique. Le compositeur australien l’utilise comme un exemple de conquérant européen qui, dans le cadre d’un processus osmotique, est vaincu par le paysage et, finalement, dévoré.
Dans cette composition sonore, le texte, les sons et la musique sont placés sur un pied d’égalité et se répondent les uns et les autres comme les échos de ce paysage. Black utilise également sa « guitare Enviro étendue » avec trois cordes de 15 mètres de long supplémentaires qu’il attache au paysage et que font vibrer le vent ou la pluie.
Pour ce projet, Bosetti « traduit » des madrigaux de son compatriote, le célèbre compositeur et assassin de sa femme Carlo Gesualdo (1566-1613), grâce à la diversité des voix de l’underground napolitain contemporain. « La musique vocale de Gesualdo est courtoise, aristocratique et abstraite. Les voix de Naples sont extrêmes, assourdissantes et abstraites. Naples est aristocratique et dégénérée. Gesualdo et Naples sont des êtres bouleversants. Gesualdo a tué sa femme. Naples tue ses enfants. L’émotion que provoque Gesualdo est à la fois brûlante et glaçante – bleue pâle et verte. L’émotion que suscite Naples est brûlante et étouffante comme l’intérieur de son volcan, semblable à un velours rouge. » (Bosetti)
Die Zeit weht (Le Temps s’enfuit) est une pièce radiophonique sur les nuages – sur la symbolique de l’informe, du vide, du variable et du sans fond que suggèrent ces phénomènes célestes – composée à partir des images sonores ondulantes de deux instruments hybrides : l’E-Chin de Werner Cee et la guitare électrique d’Eivind Aarset.
Ränder der Musik (Les Marges de la musique) est une pièce radiophonique sur la poésie du non voulu, de l’inutile, du non pensé et du non fait. Elle est composée de sons de musiciens émis avant et après la création de musiques. Une composition qui montre les sons tels qu’ils sont : apparemment aléatoires, faciles à produire.
Les deux pièces engagent un dialogue sonore et poétique, à la limite entre la forme et la dissolution, et sur le changement continu lié à la fuite du temps.
« Les Romains de l’Antiquité sont mes voisins à Rome. "Sur les routes" (avec un clin d’œil à Jack Kerouac) est ma tentative impossible visant à capter la présence illusoire de la Rome antique. Les vestiges des anciennes routes romaines sont des espèces de « partitions » en pierres sur lesquelles s’est inscrit tout ce qui a marché, roulé ou a été tracté. Non loin de ma maison se trouve la Via Appia, et j’ai commencé à enregistrer des chevaux, des touristes, des oiseaux, des chiens, des archéologues, ainsi que mes propres instruments, dans la campagne, entouré de tombes usées par les siècles et de ruines d’antiques villas. Un certain nombre de textes en latin accueillent les voyageurs, de même que des cornes de béliers, des lyres et des cithares, des tambours et peut-être les sons des éléphants et des lions que l’on exhibait dans ces rues. Ce mélange de sons antiques est transposé dans un langage contemporain. » (A. Curran)
Il a voulu créer une archive de toutes les musiques du monde : en 1900, le musicologue et ethnologue Erich Moritz von Hornbostel a commencé à collectionner les sons de peuples étrangers – de la Terre de feu au Japon, de l’Alaska à l’Australie. Une nouvelle technologie avait rendu son rêve réalisable : avec l’aide du phonographe d’Edison, de chercheurs, de voyageurs de commerce, de missionnaires et de diplomates, il a pu enregistrer tout ce qui parvenait à leurs oreilles lorsqu’ils étaient en déplacement.
Au bout d’un certain temps, 16 000 enregistrements étaient arrivés à Berlin, où on les a catalogués, transcrits et analysés. Suite à une incroyable odyssée qui s’est déroulée pendant la guerre froide, la collection est redevenue accessible depuis 1990. À partir des cylindres en cire des Archives phonographiques de Berlin, Xavier Fassion et Marcus Gammel ont composé un véritable voyage à travers le son et le temps.
"Die große Stille" (Dans le grand silence) est un film sur la Grande Chartreuse, le principal monastère du légendaire ordre silencieux des moines cartusiens. 19 ans après la première rencontre de Philip Gröning et du prieur du monastère, il a réalisé le premier film autorisé sur la vie à l’intérieur des murs du monastère. Une méditation stricte et presque silencieuse sur la vie monastique sous sa forme la plus pure. Sans musique, sans interview, sans commentaire, sans matériel supplémentaire. Le passage du temps, le changement des saisons et l’élément récurrent tout au long de la journée : la prière. Dans ce silence où aucun mot n’est pronconcé, chaque bruit est signifiant. C’est la raison pour laquelle le réalisateur a fait une version radio, pour Deutschlandradio:Pour écouter le silence.
« Paris, 50 125 avant Jésus-Christ. Dans un café, un couple de néandertaliens discutent avec des représentants de l’espèce Homo sapiens. Soudain, le serveur révèle qu’il est un australopithèque – un genre qui n’a pas totalement disparu – et explose. L’incroyable explosion ouvre la porte sur un paysage imaginaire composé d’atomes et de particules élémentaires. L’horloge fait un saut en arrière de 14 milliards d’années et remonte jusqu’au Big Bang. »
Geologica transpose les différentes périodes de l’histoire de la Terre dans une composition sonore ironique et ludique. Incidemment, la pièce fait allusion à la petitesse de l’être humain par rapport à la gigantesque expansion de l’univers.
Drehungen und Windungen (CD1, Track 1) – 00:06:44
Segeln mit Schubert (CD1, Track 2) – 00:04:21
Die Kammer des Kranken (CD1, Track 3) – 00:08:52
Corpo libero (CD2, Track 2) – 00:09:41
Body in Music (CD2, Track 3) – 00:11:04
Le bonheur / Glück – 00:07:44
La compositrice suisse Bernadette Johnson est passée maître dans l’art des petites pièces, qu’elle appelle « poésies acoustiques », et qui associent des structures sonores, des instruments et des éléments linguistiques. L’objectif est de créer des ambiances légères avec un minimum de ressources. Voici comment elle en parle : « Dans mes œuvres acoustiques, ce qui m’intéresse, c’est d’accéder à d’autres niveaux de réalité, à l’imaginaire, à l’ambivalence des atmosphères. Lorsque les choses du quotidien sont étonnamment liées les unes aux autres, quelque chose de mystérieux est discernable pendant quelques instants. »
« Depuis quelque temps, je suis fasciné par l’analyse de différents aspects de la vie urbaine », écrit l’artiste multimédia Thomas Köner. Dans "Niemandsbucht" (La baie de personne), il a analysé les univers sonores des banlieues parisiennes. Dans "Banlieue du Vide", il a utilisé l’Internet pour observer des rues couvertes de neige aux quatre coins du monde. Pour "Terrain vague", il vient de se rendre à Belgrade.
Pour restituer en musique l’expérience des métropoles d’une Yougoslavie anéantie, il a élaboré une « radiographie sonique qui, d’une certaine façon, s’infiltre dans les postures sonores de la vie quotidienne de Belgrade et révèle à l’auditeur les images rémanentes d’un sonar et des résidus sonores, comme un langage tonal luminescent inscrit dans l’obscurité. »
Ce poème sonore est le résultat d’une collaboration de plus d’un an entre l’artiste sonore allemand W. P. Menzel et le compositeur norvégien Ola Eseth Moen. "My Father, the Sea" (Mon père, la mer) est pour Menzel une œuvre très personnelle : son père était à bord d’un sous-marin allemand qui, au printemps 1945, a été coulé par les forces Alliées. Cependant, outre l’aspect biographique, la carcasse métallique du sous-marin devient la métaphore sonore de la solitude existentielle d’une personne piégée dans l’océan et de la fragilité de nos vies actuelles.
Au printemps 2003, le compositeur John Palmer découvrit un temple creusé dans la roche, au pied des Alpes.
Cette expérience lui rappela les premiers mots de "La Divine Comédie" de Dante : « Au milieu du chemin de notre vie, ayant quitté le chemin droit, je me trouvai dans une forêt obscure. »
Palmer a passé une année à rechercher des lieux extraordinaires, semblables à celui-ci. Sa composition s’inspire des couleurs, de la luminosité et des sons du temple, elle transforme en musique l’architecture, le symbolisme et l’acoustique du temple. « Un voyage à travers les univers mystiques de la connaissance, un chemin vers un patrimoine sacré, perdu à jamais. » (Palmer)
« Cette œuvre est un portrait musical de Rome à travers les sons de ses anciennes portes. Ces sons donnent une vague idée des existences qui ont été menées derrière elles. J’ai essayé d’écouter chaque porte afin de décrire la complexité de cette ville bruyante, où des siècles de sons se sont succédé. L’ouverture de chaque porte implique de la musique, des cris ou des dialogues. À l’instar de l’Arioste attirant tous ceux qui recherchent l’amour dans le palais d’Atlante, j’ai tenté de saisir les vies écoulées de l’autre côté de ces portes en mixant le spectacle sonore des souvenirs personnels à des projections réalistes. » (Lucia Ronchetti)
Les enregistrements de neige sont rares, et il est encore plus rare qu’ils soient présentés à un large public. L’artiste allemand Gabi Schaffner et l’anthropologue et musicologue finlandais Sisukas Poronainen ont passé trois ans à recueillir des enregistrements en Finlande et en Laponie.
Dans cette émission, Gabi Schaffner présente quelques-uns des plus beaux exemples de Lumimusikki finlandaise : des enregistrements sur le terrain réalisés en Carélie du nord et en Laponie ont été mixés à des pièces modernes d’Helsinki, de Turku et de Tampere. Une nouvelle génération de musiciens s’est engagée à réinterpréter les traditions anciennes, les chants rituels et magiques. L’impact de la Musique des neiges va de pair avec le besoin croissant d’une identité musicale incorporant l’univers poétique de la neige.
"Jacob Räume Zen" (Jacob Espaces Zen) associe des textes et des images visionnaires de Jacob Boehme (1575-1624) avec l’expérience et les affirmations du bouddhisme zen. Johannes S. Sistermanns utilise la proximité spirituelle de ces univers géographiquement distants pour mettre les différents espaces sonores en contact les uns avec les autres. Les textes de Boehme son transférés de sa ville natale, Görlitz, vers des lieux du quotidien et des monastères japonais. Les mots des moines zen voyagent acoustiquement du Japon jusqu’aux espaces de vie de Jacob Boehme. Pendant la pièce, les sons s’entremêlent peu à peu les uns avec les autres. Ils créent une atmosphère de reconnaissance non conceptuelle, dans laquelle les expériences de Boehme sont silencieusement absorbées.
« Cette composition est une version musicale de la tour de la télévision d’Alexanderplatz vue à travers les yeux d’un amateur de champignons helvétique. Trois structures narratives sont assemblées les unes aux autres pour créer une image stéréophonique (...) Une revue grippée, un ballet chancelant, un panorama ponctué de voix hésitantes et de bribes d’action. Une heure de musique : illuminée, imaginative, informative, amusante, magique, enchantée et surtout, surprenante. La pièce doit chanter et être silencieuse, créer des atmosphères, rappeler des souvenirs, nous déboucher les oreilles – et rester mystérieuse. » (Michael Wertmuller)
Prix Phonurgia Nova 2007 (ex aequo avec Jean Philippe Scellier "sur le chemin")
Ce poème acoustique est une réflexion sur la caducité, la fragilité du corps et les petits signes qu’il envoie. " La pièce veut évoquer une musique intérieure du corps, elle travaille _ partir d’un thème emprunté, et jamais rendu, à Schumann (Variations en mi bémol majeur), dernière oeuvre du compositeur gravement malade, écrite pour sa femme Clara. 1ere diffusion au Donaueschingen Festival 2007 Voix : David et Carla Johnson " En matière d’écriture, déclare Bernadette Johnson, je cherche avant tout des méthodes conduisant à la suppression du son. Je m’intéresse aux signes acoustiques en tant que déclencheurs d’autres images "
Prix Phonurgia Nova 2007 (ex aequo avec Bernadette Johnson "la chambre du malade")
Ce hörspiel en 23 moments narratifs indépendants suggère la naissance, la vie, la mort d’un couple. Ils ont été enregistrés sans ordre, par des comédiens qui ne savaient pas comment leur travail serait utilisé. Mixées comme des parties instrumentales solistes, les voix peuvent être isolées ou former une polyphonie. Sur le chemin est aussi un voyage musical, dans le temps et l’espace. " JPS. Co-auteurs : Marie-Dominique Thomasin, Richard Maygnan
Extrait 1 de 02:03, durée totale 47:00
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Many Roads
Errances, chemins de traverse, destins croisés...une photographe, une gitane, un écrivain, des filles, un pèlerin, des baroudeurs.
Participants:
mix: mehdi ahoudig
stagiaires:
anil bhosle
virginie valissant brylinski
sophie charlotte gautier
silvia etcheto
camilla panhard
nathalie renault
elsa robichez
solveig risacher
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Histoires de clefs 1, 2, 3, 4
Quatre récits sonores :
(1) le "sans clef"
(2) le serrurier
(3) la clef qui ferme
(4) la clef qui ouvre (les portes du paradis)...
Dans le carrousel artistique des années 1980, les performances singulières de Martin Kippenberger étaient considérées comme le haut du panier de ce type de spectacle. La nuit était son royaume et il était intarissable sur son parcours d’imprésario, de danseur et d’homme de spectacle. Face à l’écran, il y avait du silence et de la solitude. "Aufstehn / Stuhl kaputt machen / you / yellow / you" (Martin Kippenberger).
La pièce radiophonique associe des textes, des poèmes, de la musique et des enregistrements originaux de Kippenberger avec des musiques d’Augst, de Carl et de Johansson.
« Une pièce radiophonique qui reconstitue l’univers sonore de mon enfance en Haute-Autriche, comment les sons me prenaient par la main tout au long de la journée, accompagnaient mon réveil et me rendaient heureux ou inquiet. À l’époque, le son des cloches de la collégiale St. Florian organisaient encore la vie sociale de la communauté agricole ; les saisons, les vacances, les gens et les travaux à la ferme avaient tous un son différent. Pour cette pièce, je me rappelle de cette époque, je retrouve les sons d’un monde qui a disparu, je recherche et j’invente ce qui est perdu. » (Sam Auinger)
Au cours de ces dix dernières années, il m’est arrivé d’enregistrer dans des rames de métro et dans des gares de différentes localités, mais pour "A Narrow Angle": Taipei Metro Easycard 500 NT$, je me suis focalisé sur un aspect très particulier observé dans le métro de Taipei (d’où le titre « narrow angle »).
Cette pièce est la seconde d’une œuvre en trois parties : la première s’articule autour d’enregistrements réalisés dans des salles de jeux urbaines, la troisième autour d’enregistrements réalisés à proximité d’un temple taoïste, à la lisière de la forêt située au nord de Taipei.
"A Narrow Angle" a été publié comme disque chez Entr'acte (http://www.entracte.co.uk).
La composition "Sleppet" a été élaborée dans le cadre d’un projet sonore éponyme, dans lequel six grands artistes sonores internationaux ont enregistré des sons pendant un voyage de dix jours à travers la région du Vestlandet, en Norvège, et utilisé les expériences de la nature comme sources d’inspiration pour une série d’installations sonores et de compositions musicales. "Sleppet" fait référence au compositeur norvégien Edvard Grieg, qui accordait une grande importance à l’influence de l’observation de la nature sur la création artistique. La composition comprend quatre mouvements : 1) Mouette et bétail 2) Avalanches, eau et pierres 3) Glacier 4) Moutons et industrie.
"Sleppet" a aussi été publié comme disque chez Crónica (http://www.cronicaelectronica.org).
« Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est difficile à dire, parce que je suis toujours un observateur, qui collecte des informations et qui, de cette façon, crée une histoire dans laquelle je reconnais seulement ce que je considère comme étant de l’ordre du possible … La réalité physique n’est qu’une illusion engendrée par nos sens. » (Beumer) La réunion, le chevauchement et les interconnexions entre la perception, le sujet et la sensation, entre la réalité et sa désintégration, entre les sons électroniques, artificiels et les variations sonores qui sont générées par l’appareil vocal humain constituent les fondements de cette composition pour sons électroniques, piano numérique, bruit et art vocal.
« Hudson Street a vu le jour en 2005-2006 entre New York et Nancy. Au départ, je n’avais d’autre objectif que d’enregistrer les sons de New York en arpentant systématiquement toutes les rues de la ville. Puis, naïvement, j’ai recherché la musique dans les sons et j’ai composé une fiction musicale qui se situe quelque part entre le folk, le rock et la musique des bruits. Hudson Street est le point de départ d’une œuvre plus longue, mais qui n’est pas encore achevée, sur la mémoire des sons. » (Hervé Birolini)
« Le matériel de Silent cellulo (Celluloïd muet) provient de projecteurs cinéma 35 mm. Les bruits mécaniques des projecteurs optiques engagent un dialogue avec des instruments et deviennent des projecteurs acoustiques. S’y ajoutent un piano, un instrument qui accompagnait le cinéma à l’époque du muet, un saxophone, qui insuffle de la vie dans l’imaginaire et, enfin, une voix qui traverse les paysages mécaniques de la pièce. Silent cellulo est une expérience dont l’objectif est de visiter le cinéma dans une perspective sonore, un essai dédié à ceux qui peuvent écouter les images. » (Birolini)
Le Hardangervidda, dans le sud de la Norvège, est un plateau accidenté qui a été érodé par des glaciers. C’est un endroit où s’entraînaient les premiers explorateurs du pôle Nord avant de commencer leurs expéditions. C’est également un endroit où pour la première fois, la force de l’eau a rendu possible la production d’eau lourde, indispensable à la fabrication des bombes atomiques. Une centrale électrique construite par des chercheurs norvégiens à Rjukan a donné lieu à d’âpres combats pendant la Seconde Guerre mondiale et a été détruite.
Werner Cee utilise cette tension entre l’un des éléments fondamentaux de la nature et la brièveté des interventions humaines pour créer un projet de « land art ». Le percussionniste norvégien Terje Isungset place des sons artificiels dans le paysage, joue des matériels collectés sur place, et communique avec l’environnement sonore existant.
« L’enfance envisagée comme un miroir obscur, dans lequel apparaissent des êtres chimériques, venus d’une vie cachée, des êtres visionnaires, appelés « mauvais enfants » parce qu’ils voient ce que personne d’autre ne peut voir. Ils transforment la vie en enfer parce qu’ils prévoient tout et n’oublient rien. La composition est structurée comme une suite. Dans chacun des mouvements, les voix des enfants racontent des histoires différentes dans une langue cryptique mais compréhensible. Un théâtre noir, dans lequel les décors vont et viennent et où les voix apparaissent comme des visions issues de l’obscurité. » (Sheila Concari).
Les matériels sonores de cette composition sont des enregistrements sous l’eau réalisés dans la mer, des lacs et des cours d’eau que les auteurs considèrent comme des « collecteurs résonnants de rêves et de souvenirs. » Les masses d’eau créent des frontières lumineuses entre l’humain et le non humain, entre différentes échelles de temps et d’existence ».
La pièce associe des sons électroniquement transformés à des fragments de textes multilingues, tels que les monologues intérieurs d’un révolutionnaire assassiné, d’un jeune nageur et d’un enfant qui n’est pas né.
« le monde est l’autre l’autre nuit celle que l’on ne passe jamais celle qui est sous l’eau »
« Un beau matin, en prenant mon petit déjeuner, j’ai l’impression qu’il y a quelque chose derrière moi et ça me rend fou. C’est comme s’il y avait une pièce aveugle de l’autre côté du mur, derrière moi. Une pièce plongée dans l’obscurité, que le soleil n’atteint jamais. Là, un père dévore son fils. »
L’artiste sonore Tetsuo Furudate traduit les tableaux les plus sombres de Francisco de Goya en un collage sonore oppressant mêlant des visions d’horreur musicales et linguistiques.
Il a 1 000 045 ans et pourtant, il renaît chaque jour : l’art s’est toujours nourri des tensions entre la tradition et la nouveauté. Robert Filliou, proche du mouvement Fluxus, le savait mieux que quiconque lorsqu’il déclara que le 17 janvier 1963 était le milionnième anniversaire de l’art. Depuis, le monde de l’art célèbre chaque année l’anniversaire de l’enfant le plus âgé de la planète.
En 2008, pour l’anniversaire de l’art, le groupe Ars Acustica, de l’Union Européenne de Radio-Télévision, choisit le slogan suivant : « Jeune pour toujours ». De nombreux diffuseurs européens dédient cette journée anniversaire aux interactions entre l’art sonore et la culture pop. Deutschlandradio Kultur confronte un vétéran de l’underground allemand avec des formations capitales de la scène électronique contemporaine : le percussionniste Endruh Unruh du groupe Einstürzende Neubauten, le groupe Rechenzentrum et le compositeur Frieder Butzmann explorent ensemble la culture pop, source éternelle de jeunesse pour l’art sonore.
Anniversaire de l’art 2008 : Forever young organisé par le département Art et art sonore de Deutschlandradio Kultur, Radialsystem et le Ultraschall-Festival 2008.
« Une forêt balinaise au crépuscule : des milliers de criquets stridulent en rythme et créent une harmonie magique… Un village à l’est du Sénégal à l’aube : des chuchotements de femmes, des bruits d’objets tombant dans l’eau, un enfant qui crie, de temps à autre le son d’un pilon pilant le millet… Santiago de Cuba à minuit : des dizaines de milliers de supporters célèbrent dans la rue la victoire de l’équipe de baseball locale sur celle de La Havane… Ces sons, je les ai enregistrés aux quatre coins de la planète. Ma composition pour un ensemble de musiciens sélectionnés nous emmène en voyage, donne à entendre les distances et les convergences, retrouve les secrets acoustiques d’expériences sonores du passé. » (Wolfgang Hamm)
"Whisper of Sound God" (Murmure du Dieu du son)
« Je suis persuadé que chacun d’entre nous, dans son enfance, a entendu le murmure du Dieu du son. Mais nous l’avons tous oublié. Nous pouvons de nouveau entendre le murmure du Dieu du son (en japonais « oto kamui ») une fois que notre esprit s’est purifié.
Disque 1 – premier morceau "Oto kamui no sasayaki"
"Harmony is the Best Way" (L’harmonie est la meilleure voie)
« L’ancien prince japonais Shotoku Taishi disait que l’harmonie est la meilleure voie. Nous devons donc rechercher l’harmonie – « wa » – pour le peuple. C’est facile à dire, mais difficile à faire. J’ai toujours aimé créer des sons harmonieux. Cependant, il ne s’agit pas d’harmonie au sens musical du terme, mais au sens spirituel. Dans cette œuvre, j’ai essayé de créer des sons « wa » à partir de matériels sonores que j’ai enregistrés dans un temple Shinto. »
Disque 1 – morceau 2 – "Wa wo motte toutoshi to nasu".
« mujo no kaze – vent incertain »
« Cette chanson est dédiée à ma tante Michiko. Elle a trouvé la mort lors du tremblement de terre de Kobe, en 1995. La mélodie au piano a été créée grâce au paramètre « MICHIKO ».
Disque 2 – morceau 3 – « mujo no kaze – vent incertain »
Les enregistrements réalisés par les deux compositeurs lors de leurs deux voyages en Inde constituent le matériel sonore de cette composition. Sans porter le moindre jugement, ils examinent les différentes qualités de l’énergie acoustique et de la large gamme dynamique des grandes villes, dans les bazars ou les marchés aux bestiaux : C’est un bruit exubérant qui fait sombrer les rues des vieux quartiers de Delhi dans un concert gigantesque, le soir peu avant le coucher du soleil. La nuit, une immobilité fantomatique s’empare de ce même endroit. L’œuvre n’est pas une restitution réaliste des différents lieux, mais plutôt de leur dynamisme et de leur richesse tonale : un mélange d’épices sophistiqué – « épicé » !
« Les Aborigènes pensent qu’une terre qui n’est pas chantée est une terre morte, et que lorsque les chansons sombrent dans l’oubli, c’est également la terre qui meurt. »
"Songlines" (Le Chant des pistes), le bestseller de Bruce Chatwin, a rendu célèbre la culture musicale des Aborigènes. L’artiste sonore canadien Robin Minard approche à son tour, avec son microphone, ce lien unique entre musique, paysage et vie quotidienne. Des enregistrements sur le terrain, des interviews, des chansons, des archives et des éléments historiques sont assemblés dans ce récit composé d’une multitude de strates. La composition radio de Minard utilise les ressources modernes du traitement du son pour chanter l’interpénétration de la culture et de la nature.
« Après avoir passé des heures à écouter le silence dans la nature, j’ai commencé à prendre conscience d’un type d’écoute, dans lequel tous les sons se fondent en un même bruit. J’entends également ce bruit dans la ville, dans un parc, dans ma cour. »
Avec "Nektarrauschen" (bruit nectar), le compositeur Jürgen Seizew a ajouté un niveau intérieur à ces paysages sonores. Il appelle le résultat des « Stratascapes ».
Les « Stratascapes » sont des sons exclusivement élaborés en coupant et en mixant (parfois grâce à des millions de stratifications) des bruits ou des séries d’enregistrements sur le terrain. Les tonalités des paysages sonores originaux jouent un rôle narratif important dans cette pièce. Inversement, les « Stratascapes » décrivent un niveau de paysages sonores qui est inaudible. » (Jürgen Seizew)
Deux poèmes écrits dans un hôpital psychiatrique par le poète futuriste russe Khlebnikov (1885-1922) ont été à l’origine de cette « pièce radiophonique musicale pour chanteurs, orateurs et autres sources sonores ». Pour Khlebnikov, qui tenta de traduire le langage des oiseaux, des esprits et des dieux, la langue était le matériau des jeux et des sons, une source fantastique de phonèmes librement sélectionnables. La pièce radiophonique s’inspire du principe de Khlebnikov et l’applique avec des moyens numériques.
Götz Naleppa, fondateur et ancien directeur du créneau d'art sonore à Deutschlandradio Kultur, prit sa retraîte en 2008. Pour les adieux il reçeva des cadeaux sonores du monde entier.
Avec des contributions de Andreas Bick, Hervé Birolini, Colin Black, Alessandro Bosetti, Frieder Butzmann, Christian Calon, Rilo Chmielorz, Francis Dhomont, Thomas Doktor, Chantal Dumas, Stephan Froleyks, Stefano Giannotti, Heiner Grenzland, Hanna Hartman, Ricardo Haye, José Iges, Arsenije Jovanovic, Kaye Mortley, Georg Klein / Steffi Weißmann, Felix Kubin, Wolfgang Peter Menzel, Cathy Miliken, Kaye Mortley, Norbert Walter Peters, Proton Sonic Arts Group, Lucia Ronchetti / Thomas Seelig, Sabine Schäfer / Joachim Krebs, Mario Verandi.
Prix Phonurgia Nova 2008 (ex aequo avec Bernadette Johnson "Summer Fragments")
« Les deux compositions sonores, Fire pattern et Frost pattern, sont liées et s’intéressent aux sons du feu et de la glace. Grâce à la similitude de leurs structures, elles soulignent les liens acoustiques entre les deux températures extrêmes. Fire pattern est centrée sur les phénomènes sonores qui se produisent pendant les processus de combustion et à hautes températures. Une attention particulière est accordée aux enregistrements sonores des volcans et geysers du Vanuatu, du Costa Rica, d’Islande et de Sicile. Par ailleurs, les sons prolongés entonnés par les flammes et le spectre des bruits plus calmes de la chaleur et du feu rappellent qu’au fil des civilisations, le feu a toujours été le fidèle compagnon de l’homme. » (Bick)
Prix Phonurgia Nova 2008 (ex aequo avec Bernadette Johnson "Summer Fragments")
L’aridité et la beauté austères des déserts arctiques sont le point de départ de la composition sonore intitulée "Frost Pattern". Au cœur du voyage acoustique, se situent les sons uniquement produits par la glace. Nous passons des énormes glaciers du Groenland au tintement à peine audible des arbres couverts de glace sous les climats locaux. Nous découvrons acoustiquement un univers gelé en permanence et sous la surface duquel s’exercent d’énormes forces de traction. Grâce à de fascinants enregistrements originaux, nous pouvons imaginer l’action de ces forces : les glaciers se fragmentent, les icebergs se renversent et éclatent, et des fissures se forment à la surface des lacs gelés. Ces sons explosifs extrêmement puissants contrastent avec les sons microscopiques émis pendant la formation des structures gelées.
Prix Phonurgia Nova 2008 (ex aequo avec Bernard Bick "Fire Pattern - Frostern Pattern")
Son travail se caractérise par une recherche -et une expression très réussie- de l'intériorité. Le raffinement et l'audace du montage, le choix des sons et leur traitement permettent à l'auteur d'élaborer une forme-écho, une magnifique métaphore de la mémoire, de l'agencement instables des souvenirs.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Pas nés en 68
Je vois un lieu, c'est un champ dans le Larzac, un grand champ... Il y a des hommes et des femmes... et des enfants qui courent tout nus...
Chassé croisé du réel et de l'imaginaire... Il y a ceux qui ont vécu 68, et puis les autres.
« Bonsoir... actuellement, nous diffusons Telephone. » C’est ainsi qu’a débuté une émission de quatre heures diffusée le 21 mars 2009 par Deutschlandradio Kultur sur les ondes longues et moyennes. À l’occasion de la Journée mondiale de la poésie, l’artiste sonore Alessandro Bosetti a transformé le moyen d’expression qu’est la radio en un gigantesque générateur de poésie sonore. Des messages à la limite de l’intelligibilité étaient diffusés, captés par des auditeurs du monde entier, retranscrits, puis renvoyés à la station de radio d’où ils étaient de nouveau diffusés, jusqu’à devenir une composition sonore abstraite, musicale, mystérieuse et humoristique. Arcoparlante est un « arc parlant ». Un festival électromagnétique international de jeux linguistiques, d’absurdités et d’erreurs de transmission créatives.
« Peuple de tradition guerrière de la planète Qo’noS, dans la série télévisée Star Trek, les Klingons sont belliqueux et têtus. Cependant, les Klingons aiment aussi la musique et la poésie. Pour eux, le plus grand poète était le terrien Shakespeare, qu’ils considèrent comme l’un des leurs.
L’opéra klingon, juHrop (prononcé tschuch-rop, mot qui signifie « mal du pays » en allemand), laisse libre cours aux timbales et trompettes d’un orchestre héroïque et monumental, complété par des chants grégoriens de synthèse et des effets électroniques en haute fidélité et en basse fidélité. Les paroles sont en klingon et en chinois. » (Frieder Butzmann)
La signification première du labyrinthe est semblable à celle d’un signe de changement et de transformation. Seul s’y perd celui qui revient trop tôt sur ses pas. Des pièces de monnaie crétoise de près de 3 000 ans présentent des figures parfaitement planifiées dans lesquelles il n’existe qu’un seul chemin possible vers le centre. Les Indiens Hopi considèrent le labyrinthe comme le berceau de la vie et parlent d’un fil qui n’est jamais interrompu. Les mythologistes voient dans la danse l’origine même des chemins complexes, qui seraient là pour transférer des modèles spatiaux dans les mouvements chorégraphiés.
Rilo Chmielorz et Pedro López suivent l’aspect rénovateur du labyrinthe dans un « essai performatif sur le terrain ». Une personne fictive se déplace dans un espace sonore qui permet d’expérimenter acoustiquement le risque de changement et l’ambivalence de la vie.
La salle de séjour est un espace spécial. Il n’existe aucun autre endroit où le privé et l’intime s’entrecroisent aussi fortement avec le public et l’universel. C’est une bonne nouvelle : de la musique de chambre à la réception de la radio, les salles de séjour reflètent en permanence les tensions qui existent entre les mondes intérieur et extérieur.
Pour cette composition "Living Room Music", Alvin Curran invite un certain nombre d’amis musiciens et artistes à jouer dans son salle de séjour romain. Construit sur les ruines de la Domus aurea de Néron, et donnant sur le Colisée, rempli d’instruments de musique, de partitions, de livres et d’objets du monde entier, cet endroit devient un espace où résonnent les réunions, les conversations et les improvisations musicales.
Curran a transformé ce matériel en une composition de chambre destinée à la radio. « Je veux que le son de ma salle de séjour soit la somme de tous les sons que l’on pourra entendre dans cette pièce. » (Curran)
« Quel est votre son préféré à Prague, et pourquoi ? » Entre mars et octobre 2008, cette question a été posée à des citoyens de la capitale tchèque, de tous âges et de tous milieux socioculturels.
Miloš Vojtěchovský et Peter Cusack ont interviewé des banlieusards et des citadins, des écoliers et des étudiants, des enfants et des personnes âgées, des non-voyants et des clairvoyants, des travailleurs et des hommes politiques. À partir de ces sons et de ces interviews, est née une topographie sonore et polyphonique de la vie praguoise.
La pièce a été créée dans le cadre des « Projets culturels germano-tchèques Zipp », une initiative de la Fondation culturelle de l’Allemagne fédérale.
Sons sécurisants. Par exemple des libellules, des voix familières, le tic tac d’une vieille pendule. L’insécurité, quant à elle, est transmise par les sirènes, les cloches, les cris, les grondements du tonnerre. Le mot sound, en anglais, ne fait pas uniquement référence aux sons, aux bruits ; il peut aussi signifier « solide, en bon état ». Le lien entre l’acoustique et le bien-être est on ne peut plus profond et complexe.
À l’occasion du 1 000 046ième anniversaire de l’art, le groupe Ars Acustica, de l’EBU, organise comme chaque année une grande manifestation européenne centrée sur l’art sonore. En 2009, le jour de l’anniversaire de l’art, des artistes de Madrid et de Moscou vont « désécuriser les ondes » par l’intermédiaire de satellites, d’antennes et de câbles. Des menaces réelles et imaginaires, des ports d’attache authentiques et illusoires, des tours d’ivoire et des guerrillas souterraines s’immiscent dans une nuit déstabilisante dédiée à l’art sonore.
« J’aime beaucoup une phrase de Don DeLillo, que je vous cite approximativement : 'Il a fallu des siècles pour inventer [l’Amérique] primitive.' J’ai donc décidé de construire toute une série d’univers primitifs grâce à un long processus de conception. Des paysages imaginaires qui représentent des mondes intérieurs cryptiques, à la fois autobiographiques et universels. Des recherches approfondies sur des instruments de musique et des objets du quotidien. Des archives de la mémoire. Des techniques instrumentales avancées. Des pages soniques. » (Stefano Giannotti)
L’artiste sonore Jacob Kirkegaard explore les résonnances et les échos des lieux vides. Il a été inspiré par les recherches acoustiques menées par Athanasius Kircher, ainsi que par la célèbre expérience d’Alvin Lucier « I am sitting in a room ».
Sa nouvelle œuvre, "Speculum Speculi", s’intéresse aux activités centrales de la radiodiffusion : travaillant avec des loupes et des miroirs de précision, et grâce à des processus d’amplification et de feedback, il écoute aux portes des studios de production, vides, de Deutschlandradio Kultur. Le souffle caché des espaces « anéchoïques » rencontre le son du désert : "Singende Dünen" (Dunes chantantes), enregistrée à Oman, est le contrepoint des sons des studios de radiodiffusion. Un dialogue acoustique créé ex-nihilo.
"Sonic X-radiation" est la façon dont Thomas Köner fait référence aux instruments avec lesquels il illumine sans relâche les coquilles de pierre qui recouvrent les villes modernes. Depuis janvier 2008, il compose chaque mois pour Deutschlandradio Kultur une « lettre sonore » différente à partir d’une grande métropole. Ces miniatures de cinq minutes peuvent être régulièrement écoutées, sous forme de « Sons du mois », dans les pièces radiophoniques et autres émissions radiodiffusées.
Contrairement à de simples « paysages urbains », les compositions de Köner vont bien au-delà de la surface de la vie quotidienne, tonale et sociale. Ils proposent des archétypes sonores, qui sont localisés ou anonymes, à la fois primitifs et complètement modernes. Dans Lithosphères, l’artiste multimédia associe de temps à autre le mouvement horizontal, d’une ville à l’autre, à une dérive verticale, issue des sédiments sonores de la vie urbaine.
"Sonic X-radiation" est la façon dont Thomas Köner fait référence aux instruments avec lesquels il illumine sans relâche les coquilles de pierre qui recouvrent les villes modernes. Depuis janvier 2008, il compose chaque mois pour Deutschlandradio Kultur une « lettre sonore » différente à partir d’une grande métropole. Ces miniatures de cinq minutes peuvent être régulièrement écoutées, sous forme de « Sons du mois », dans les pièces radiophoniques et autres émissions radiodiffusées.
Contrairement à de simples « paysages urbains », les compositions de Köner vont bien au-delà de la surface de la vie quotidienne, tonale et sociale. Ils proposent des archétypes sonores, qui sont localisés ou anonymes, à la fois primitifs et complètement modernes. Dans Lithosphères, l’artiste multimédia associe de temps à autre le mouvement horizontal, d’une ville à l’autre, à une dérive verticale, issue des sédiments sonores de la vie urbaine.
Le 16 janvier 2009, l’artiste sonore Brandon LaBelle et le compositeur de musique électronique Benny Nilsen ont créé un ensemble radiophonique expérimental comprenant de la musique, des ondes électromagnétiques et des êtres humains : dans le night-club berlinois Maria am Ostbahnhof, ils ont créé une discothèque silencieuse où l’on ne pouvait entendre la musique qu’avec des casques sans fil. Auparavant, ils avaient placé des microphones sous la piste de danse du club de façon à pouvoir enregistrer les danseurs, à traiter les sons et à les renvoyer vers la discothèque. Avec le matériel de cette soirée, LaBelle et Nilsen ont écrit une « Lecture / performance » radiophonique sur les sons virtuels et le contrôle physique.
Lors d’un long voyage, Eva Pöpplein et Janko Hanushevsky ont suivi le cours inférieur du Mékong à travers le Laos, le Cambodge et le Vietnam, jusqu’au delta où le fleuve se déverse au sud de la mer de Chine. Le duo Merzouga ponctue les paysages acoustiques de cet énorme univers aquatique avec les sons d’une basse électrique ayant subi un traitement électronique.
« On peut entendre rouler les cailloux dans le cours du fleuve, le paisible halètement d’un bateau à moteur et les cris occasionnels de quelques oiseaux aquatiques. Puis, l’écoulement change de couleur, le faible cliquètement des cailloux s’accélère et le bruit du moteur diesel, irréel, se transforme soudain en une espèce de bourdonnement. »
Paso Doble est une rencontre entre deux artistes et deux moyens d’expression reposant sur un seul et même matériau : le sculpteur catalan Miquel Barcelò et le danseur/chorégraphe hongrois Josef Nadj occupent, enregistrent et orchestrent une pièce remplie d’argile. À partir d’images transitoires, de sculptures vivantes et de gestes en formation, ils créent avec leur performance une cosmogonie de l’art à la fois très personnelle et universelle.
Alain Mahé a composé la bande son de cette performance. En collaboration avec la productrice de documentaires sonores Kaye Mortley, il a transposé l’événement scénique pour l’univers de la radio. Une sculpture sonore éphémère qui se déplie derrière les yeux fermés et qui cible les oreilles.
La composition "Im klangrand" (Au bord du son) examine les différents aspects des événements acoustiques du point de vue de la perception : les seuils auditifs, les transitions et les passages, l’utilisation des sons du premier plan et de l’arrière-plan ainsi que des sources sonores éloignées qui parviennent jusqu’au bord de l’univers.
Johannes S. Sistermanns a trouvé le matériel de cette œuvre dans le désert australien, la vallée du Rhin, l’Océan atlantique en France et dans le mouvement des tiges dans un champ de blé. Il a écouté le pont Deutzer qui enjambe le Rhin à Cologne, Times Square à New York, un tunnel pédestre chinois ménagé entre des rues très passagères et le vaste quartier situé autour du Temple du paradis à Pékin. Sistermanns compose avec les éléments et actions du quotidien, les marges des textes, les limites des voix, avec les vastes espaces intérieurs et, surtout, avec les sons des pulsars. Ces étoiles très éloignées émettent des ondes radio qui peuvent être converties en signaux sonores audibles. Sistermanns n’utilise pas d’effets artificiels (réverbération, écho) lors du traitement de ses enregistrements. Une partie de sa composition est créée directement, lors du processus d’enregistrement, par le lien spatial entre le microphone et la source des sons. Dans le studio, Sistermanns permet à ces sons de devenir poreux et effilochés, de s’interrompre et de se mélanger avec les nouveaux mixages. De cette façon, il crée un univers se jouant de l’identité, de l’affirmation de soi, et fait constamment émerger de nouveaux passages sonores.
Instrumental Transcommunication (ITC) est un terme collectif désignant les procédures techniques grâce auquel les voix de personnes décédées peuvent redevenir audibles. Des magnétophones, des récepteurs radio, des générateurs audio sinusoïdaux, et d’autres appareils ont été utilisés par un grand nombre de chercheurs afin d’entrer en contact avec des êtres paranormaux.
Dirk Specht et Svann Langguth ont transfomé ces appareils en instruments de musique. Ils ne se sont pas intéressés aux messages transcendantaux des soi-disant « Phénomènes de Voix Électroniques », mais plutôt à la richesse tonale des PVÉ.
Passionné par la composition contemporaine et les traditions sonores asiatiques, Michael Vetter n’a abordé la musique classique européenne pour la première fois que dans ses œuvres récentes. Ce faisant, il a sélectionné une référence qui est étroitement liée à son expérience en tant qu’interprète de chant harmonique. Les sonates pour violon seul de Jean-Sébastien Bach marquent un tournant dans l’histoire de la musique car elles permettent d’entendre les évolutions sonores de plusieurs voix grâce à un seul instrument. Ce que Bach a rendu possible grâce à des arpèges sophistiqués, Michael Vetter le réalise depuis des décennies grâce à des techniques vocales et instrumentales exceptionnelles. Vetter aborde à présent le grand Maître du baroque par le biais d’une improvisation à deux voix avec sa partenaire Natascha Nikeprelevic.
La trame musicale de "An Baches Rand" (À la périphérie de J.S. Bach) a été inspirée par le deuxième mouvement (Grave) de la Sonate n° 2 en la mineur. Michael Vetter a interprété ce mouvement très profond avec son magnétophone puis l’a encadré de deux méditations pour voix, magnétophone et piano.
Inspirés par l’anthologie des textes mystiques écrite par Martin Buber, les frères Marc et Nicolas T. Weiser ont composé une liturgie acoustique. Des états intérieurs sont transmis à l’extérieur comme par l’intermédiaire d’une membrane sur laquelle se fixent des espaces sonores associatifs.
« Le concept du mysticisme est souvent expliqué en faisant référence au mot grec myein, qui signifie « avec les yeux et les oreilles fermés ». Nous essayons d’aborder le sujet de l’inaudible, nous tentons de faire entendre des sons qui – à strictement parler – ne sont pas audibles. Cela a quelque chose à voir avec la présence de l’absent, avec le silence logé à l’intérieur du son. Au moment précis où on entend une mélodie, elle est déjà partie. Chaque note et chaque son ont cette qualité transitoire, cette propriété du provisoire. » (Weiser)
Prix Phonurgia Nova 2009
Cette oeuvre de 7 minutes compose une ronde autour de la disparition d’une langue d’Amérique latine dont on entend la dernière locutrice. Les sons sont très beaux, c’est onirique, ça parle une langue inconnue, qui s'éteint
Mention Spéciale Prix Phonurgia Nova 2009
« Bonsoir... actuellement, nous diffusons Telephone. » C’est ainsi qu’a débuté une émission de quatre heures diffusée le 21 mars 2009 par Deutschlandradio Kultur sur les ondes longues et moyennes. À l’occasion de la Journée mondiale de la poésie, l’artiste sonore Alessandro Bosetti a transformé le moyen d’expression qu’est la radio en un gigantesque générateur de poésie sonore. Des messages à la limite de l’intelligibilité étaient diffusés, captés par des auditeurs du monde entier, retranscrits, puis renvoyés à la station de radio d’où ils étaient de nouveau diffusés, jusqu’à devenir une composition sonore abstraite, musicale, mystérieuse et humoristique. Arcoparlante est un « arc parlant ». Un festival électromagnétique international de jeux linguistiques, d’absurdités et d’erreurs de transmission créatives.
Prix Pierre Schaeffer 2009 Ex aequo
Elise Andrieu avec « Parmi les oiseaux », (une production des Pieds sur Terre de France Culture ), a séduit par ses prises de son de terrain et sa capacité à établir une relation d’écoute peu commune avec ses personnages
Prix Pierre Schaeffer 2009 Ex aequo
Caroline Bastin (élève à l’Insas Bruxelles), signe un très libre documentaire sur les émigrés italiens du charbon dans la Belgique des années 50, « Casa Nostra ».
Prix Pierre Schaeffer 2009 Ex Aequo
Sebastian Peter (étudiant à l’Université Bauhaus de Weimar), a retenu l'attention avec « Tophane », une fiction élaborée à l’allemande –c’est à dire en utilisant largement le spectre des possibles du sonore. Qui rappelle utilement que la création radiophonique peut faire coexister parole/personnage et évènements sonores de toute nature
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Sonarles
La recherche d'un balayeur de feuilles mortes devient prétexte à une collecte de sons arlésiens, par une semaine d'automne, en 2009...
Participants:
mixage: mehdi ahoudig
stagiaires:
pierre jacquin
nabil el kaouay
yassin gaïer
solène salvat
alexandre coutaz
antoine dugne
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Arles : quartier d'été/passages
pièce n°1, n° 2, n°3, n°4, n° 5
(1) le café jaune
"Dans cette maison Van Gogh n'est pas né, n'a pas vécu, n'est pas mort non plus..."
(2) la Roquette
C'est l'heure de la sieste, en été... qu'est-ce que vous entendez?
(3) Les arènes
Les gladiateurs sont revenus...
(4) L'église des Frères prêcheurs
Une chanson de Léonard Cohen hante les arcs-boutants, et la sœur de Nan Goldin le sanctuaire: installation.
(5) Les cryptoportiques
Promenade parmi des gouttes d'eau: les pierres, elles pleurent...
Participants:
mixage : mehi ahoudig
stagiaires:
nicolas oudin
jeanne Garreau
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Herbier sonore
Collection de petits sons provoqués, captés, coupés, ensuite disposés (comme des feuilles) sur un tissage de sons urbains.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Quatremobetdemie
Petit traité acoustique et ludique: Le son qui gêne
« Je vais sortir la poubelle. » Un acte quotidien est observé, se perd dans la trame des choses, puis disparaît. Il est remplacé par une suite acoustique, artificielle, que l’on repasse sans cesse. La reconnaissance repose sur la spéculation. L’orientation est jetée par la fenêtre. Avec leurs microphones, Serge Baghdassarians et Boris Baltschun brisent en mille morceaux des espaces acoustiques bien connus. Des détails acoustiques définissant une séquence apparemment logique, sont extraits de leurs contextes, et commencent à devenir autonomes. La chronologie s’effondre dans des décors schizophones.
« Marcher, c’est manquer de lieu. » (Michel De Certeau)
Le pasteur sorabe Jan Kilian (1811-1884) fit un rêve : afin de préserver son luthéranisme traditionnel face aux pressions des autorités prussiennes, il décida de rechercher son salut en terre étrangère. Son premier projet d’émigration consista à se tourner vers un continent dont il ne pouvait avoir qu’une très vague idée : l’Australie.
Le compositeur australien Colin Black s’est rendu dans la région natale de Jan Kilian, la Haute-Lusace. Sur place, il a fait des enregistrements dans les églises qu’avait fréquentées Kilian, a interviewé des Sorabes qui vivent aujourd’hui dans la région, et a fait des recherches dans des documents historiques. À partir de ce matériel, il a reconstruit un fantasme acoustique de sa propre région natale : l’Australie est ainsi un paysage sonore à plusieurs facettes, reflets de l’imagination et de la réalité. Jan Kilian n’a jamais mis les pieds sur le sol australien. Il a émigré au Texas en 1854 avec 550 autres luthériens sorabes.
À la fois paisible et objet d’âpres controverses, intact et surveillé au millimètre près, l’Antarctique est au cœur de projets aux finalités contradictoires. 50 ans après le Traité sur l’Antarctique, qui a ouvert le continent à la crème des scientiques, le compositeur new-yorkais DJ Spooky s’est rendu sur place. Il a installé son studio au milieu des blocs de glace et tenté d’y capter la musicalité du paysage. Influencé par la culture du sampling, il décrit un monde ouvert, indomptable, une utopie précaire et une surface réfléchissante.
« Terra nullius est le portrait acoustique d’un paysage abstrait : glace, eau, terre, changement climatique et liens que l’humanité entretient avec elle. L’Antarctique en tant que document de la mémoire collective et en tant que méditation sur un avenir sans propriété. Une composition postcoloniale. » (DJ Spooky)
« De petits sons discrets. Des chants qui sont trop subtils pour attirer l’attention. Des sons à la limite de l’audible. Des bruits auxquels nous ne prêtons plus attention, parce qu’ils nous entourent continuellement. Tel est le matériel sonore de "Les petits riens." »
Dans cette œuvre, la compositrice franco-canadienne Chantal Dumas guide l’auditeur à travers une suite d’espaces acoutiques, dans un cabinet de curiosités où les objets sonores sont précisément sélectionnés. Elle remet en question nos habitudes d’écoute et chamboule complètement les structures sonores conventionnelles.
« Avec "Les petits riens", je voudrais mettre en lumière un rythme poétique de la vie quotidienne qui nous a échappé jusqu’à présent. » (Chantal Dumas)
« La situation est banale. Vous êtes au téléphone, vous pensez que vous êtes en train de parler avec votre ami(e), mais en fait, il s’agit de quelqu’un d’autre. C’est son frère ou sa sœur, le père ou la mère – la ressemblance des voix vous a joué un tour. La pièce radiophonique "Zweizwilling" (Deux jumeaux) s’intéresse à cette expérience. Des textes à caractère poétique et documentaire sont dits par cinq paires de jumeaux puis rapprochés des sons de jumeaux musicaux. Parmi les couplages de différents instruments, la pièce s’intéresse tout particulièrement aux paires de pianos réunissant un piano ordinaire et un piano préparé. Du fait des traitements particuliers réservés aux instruments, des structures sonores légères sont créées et possèdent une tonalité mystérieuse dans laquelle les passages de textes semblent posés comme des îles. » (Stephan Froleyks)
Le 17 janvier le groupe Ars Acoutcia de la European Broadcasting Union crée comme chaque année pour l'événement "Art's Birthday" un réseau d'art sonore europén. Deutschlandradio Kultur participe avec l'opéra de réseau SOBRALASOLAS! Le titre est emprunté du roman "Finnegans Wake" de James Joyce.
SOBRALASOLAS! n'a pas de dramaturgie fix, ne raconte pas une histoire et n'est pas une documentation. L'oeuvre est plutot un espace pour des glossolaliens et des écholaliens, des enregistrements spontané et des improvisations communes.
SOBRALASOLAS! combine des bruits collectionnés et improvisés pour créer un nouvel environnement d'écoute, qui est en meme temps fictionel et réel, temporel et régional.
Les artistes associés se trouvent à des endroits différents dans le monde entier. Ils improvisent en s'orientant à une trame de partiture qu'ils ont developpée en commun. Jérôme Joy fait le mix de l'événement sonore en direct au pfefferberg haus 13 à Berlin.
"If I were to shoot one last film, it would be about the complicity of science and terrorism". (Luis Buñuel)
Shortly before his death, Luis Buñuel withdraws to his favourite Mexican hotel for the last time with Jean Claude Carrière in order to work on a screenplay. They discover to their great disappointment that the hotel's bar has disappeared. The film is never made.
30 years later, sound artist Werner Cee confronts the apocalyptic script with the sound of the Good Friday processions in Buñuel's home town of Calanda: "This drumming, an incredible, powerful, cosmic phenomenon that touches the collective subconscious, lets the earth tremble beneath your feet." (Luis Buñuel)
Prix Pierre Schaeffer 2010 Ex aequo
Un voix qui dit le vertige, l’enfermement, le sentiment de la perte et de l’effacement imposé par la maladie d'Alzheimer. Une musique s'y enroule, les notes noient la voix qui devient son, s'efface, revient, surnage. Un création sonore qui raconte l'oubli
Prix Phonurgia Nova 2010 Ex aequo
“Melting point” explore acoustiquement et musicalement la fonte des glaces. C’est un voyage sonore au Groenland et en Islande basé sur un matériel rassemblé par l’auteur : des enregistrements effectués sur la banquise, des gens qui racontent leur quotidien dans ces régions inhospitalières, et une collecte de musiques qui disent le climat. Le passage de l’hiver à l’automne est normalement associé au renouveau de la vie et à l’espoir, mais paradoxalement en ces temps de réchauffement climatique, la fonte des glaces signifie aussi la montée des périls écologiques. On y entend la voix d’un écrivain Islandais, un pêcheur du Groenland, un thérapeute pour qui la glace est une métaphore brûlante.
Prix Phonurgia Nova 2010 Ex aequo
« Y a-t-il une vie pour le Nord à l’écran, après le succès de « Bienvenue chez les Ch’tis » ? C’est le réalisateur Alain Cointet qui pose la question. Pour Sur les docks, il a accepté qu’une équipe de radio le suive dans la phase de repérage de son prochain film…” Ce docu-fiction, déjà primé aux Radiophonies a été salué par le jury pour la bouffée d’air frais qu’il apporte à la dramatique radiophonique française.
Prix Pierre Schaeffer 2010 Ex aequo
“Avolition” est une installation sonore basée sur les échanges entre deux ordinateurs, équipés du programme ELIZA, un logiciel de synthèse du langage développé à la fin des années 60, capable de simuler des réponses humaines à partir d’un ordinateur. Dans le monde des sciences de l’informatique et du langage, ces programmes concernent les interactions entre le langage humain et les machines. Les réponses délivrées par l’ordinateur découlent de l’analyse sémantique et syntaxique qu’il fait des textes qui lui sont soumis. Souvent ses réponses sont des questions proches par leur neutralité de celles qu’un psychanalyste peut renvoyer à son patient. Cette méthode développe un style caractéristique de conversation « en miroir » qui conduit l’utilisateur à se livrer à une sorte d’introspection. Ici le dispositif est légèrement transformé : aucun texte n’est saisi à l’aide d’un clavier d’ordinateur - un programme ELIZA questionne un autre programme ELIZA à travers un logiciel de conversion texte/son et son/texte. Les auditeurs de cette installation, destinée à être présentée dans l’espace public (rue, jardin, mobilier urbain) sont les témoins d’une étrange conversation où deux ordinateurs se questionnent à l’infini pour tenter de dénouer leurs problèmes existentiels.
Prix Pierre Schaeffer 2010 Ex aequo
un documentaire qui retrace en 25 minutes la vie quotidienne d’un couple confronté à l’adversité de la maladie de Parkinson. La situation est tragique. Mais l’humour des deux naufragés sauve tout
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
C'est moi qui pars
Lettre d'adieu et musique ferroviaire.
Paricipant:
mix: mehdi ahoudig
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Un aller simple
Le petit train des Alpilles... et un voyage vers un passé présent.
Paricipant:
mix: mehdi ahoudig
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
C'est un secret
Tentative de suivre à la trace ce qu'on ne trouvera jamais.
Que font ces oiseaux au bord de la fenêtre?
C'est un secret.
Participants:
mixage: michel créis
stagiaires:
sylvain richard
amanda petitgrand
sophie pillods
laurène
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Impressions
Chassé-croisé de souvenirs aux rythmes d'un train qui roule
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Attentes
J'ai connu d'heureux et de tristes voyages (Apollinaire)
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Lost property
Objets trouvés, objets perdus: récit/inventaire qui navigue entre fiction et réalité
Prix Pierre Schaeffer 2011
Autoproduction, Belgique, avec le soutien de la fédération Wallonie-Bruxelles
Au début du 20ème siècle de nombreux flamands sont venus en Normandie pour cultiver les terres. C'est l'exhumation d'une histoire cachée derrière le silence du père de l'auteur. Le jury a loué l'élégance de cette réalisation, sa lente respiration qui joue magnifiquement de l'ellipse et de la suggestion.
Prix Phonurgia Nova 2011
"Säugling, Duschkopf, Damenschritte - eine polymorphe Klangbibliothek" ("Nourrisson, paume de douche, pas féminins - une bibliothèque sonore polymorphe") une autoproduction diffusée par Deutschlandradio Kultur, Allemagne, 47'. C’est à la fin des années 50 que sont apparus les premiers enregistrements de bruitages et d’ambiances pour la sonorisation de films domestiques. Ils étaient conçus pour les cinéastes amateurs qui voulaient ainsi ajouter " de la vie réelle " à leurs court-métrages ou diaporamas. Avec cette pièce, le compositeur Felix Kubin déconstruit avec humour cette bibliothèque sonore idéale, en montrant que le son échappe toujours au signe qui prétend le résumer. Une oeuvre "Kagelienne" selon le président du jury, Daniel Deshays, qui en a souligné la dimension ludique et critique. Elle met par terre l'idéologie du bruitage qui sévit encore à la télévision et au cinéma. Les auditeurs sont confrontés à des sons correctement ou incorrectement étiquetés et à une complexité sonore croissante. Que se passe-t-il quand l’identification commence à vaciller?
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Ce jour-là (intitulé d'après le livre de willy ronis, et dont nous avons appliqué la démarche à un travail sonore)
Ce jour-là : quitter la ville...
Ce jour-là: la procession romaine
Ce jour-là: le péplum au théâtre antique
Ce jour-là: une vie bascule
Ce jour-là: de vieux livres, une maison déserte...
Ce jour-là: des pierres tombales
Ce jour-là: quitter les sons
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Jonathan (portrait n° 1, en creux)
Jonathan, le jeune gitan, a disparu... Tout ce qu'on nous dit, c'est qu'il est parti.
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Anne- Marie (portrait n° 2, réaliste)
Anne-Marie, coiffeuse, née d'une famille de coiffeurs dans le Pas de Calais, émigre jusqu'au quartier de la Roquette à Arles...
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Lucien C. (portrait n° 3, ironique)
Dans le petit village d'Arles il y a un homme que tout le monde connaît. Il s'appelle ...
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Oedipos (portrait n° 4, pêle-mêle)
Des pieds qui marchent, des pieds qui résonnent, des pieds qui se chaussent, des pieds qui s'aiment, des pieds qui font mal, les pieds de Jésus, d'Oedipe et d'autres...
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortle
Stéphane (portrait n° 5, musical)
Stéphane, né en Roumanie, joue du cymbalum sur la place de la République, devant une foule enchantée...
Prix Pierre Schaeffer 2012
"Cet ascenseur, je le connais bien. C'est ce même ascenseur qui depuis mon enfance m'éleva jusqu'au logis de ma grand-mère. Cet ascenseur , il monte, il grince, il grince et se transforme. Cet ascenseur, il se bloque, il se bloque pour parler et se remet en marche"
Prix Phonurgia Nova 2012
«Essayant de compter aussi longtemps que possible tandis qu'un texte/partition essaye par tous les moyens de me distraire et de m'interrompre. Une méditation sonore sur ma "cécité aux nombres". "
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Débordement(s)
Tant de bois flottés (sonores), ces souvenirs péchés au fond de la mémoire de certains qui ont vécu les inondations de 1993...
En contre-point, la petite musique d'autres qui n'ont pas connu le déluge...
Participants:
mix: mehdi ahoudig
stagiaires:
jean-jacques cornillon
laurent cistac
hannah el fakir
julie hamon
sandrine denier
cathy perrocheau
pascale boucherie
lisa diaz
raphael lazizi
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Ne toquer pas trop fort
Portrait sonore d'une rue.
La rue de la Roquette (c'est la rue principale) elle fait un tournant, et à droite elle va vers les quais et puis si vous continuez sur la gauche vous allez tomber dans la rue Genive...
Participants:
mixage: sylvain richard
stagiaires:
claude gouin
pierre brody
jean christophe favel
matthias berger
raphael rialland
éloïse plantrou
Comme dans les grands feuilletons, c’est un enterrement sans fin pour ne pas mourir. Mis en scène ou mis en ondes par celui qui va mourir. Un moi qui rejoint tous les autres. La frontière entre fiction et documentaire est abolie tant le monde est en soi une scène tragi-comique dont nous sommes les acteurs, en vérité, et les auteurs impuissants. Et si la mort était, elle-même, une fiction inventée par le réel ?
De notre absence à notre propre enterrement, l’auteur livre une œuvre qui donne une tombe au néant et fait revivre les morts enterrés à ses côtés. Du dialogue vrai avec ses prochains fossoyeurs jusqu’à la difficile confrontation avec son conjoint, qui devra assumer les impératifs testamentaires, cette quête personnelle, cette épopée du rien, du plein et du vide, singulière et universelle, veut suspendre la mort et la tient en respect."
L'oeuvre sonore de Richard Kalisz a été saluée pour son audace par le jury Phonurgia Nova 2012.
Réalisation technique : Axel Antoine. Prise de sons, écriture et mise en ondes : Richard Kalisz.
Une production du Théâtre Jacques Gueux, avec les aides de Radio Air Libre, du Fonds d’aide à la création radiophonique-Communauté française de Belgique, de la RTBF-Du côté des ondes. et le soutien de la SCAM-SACD.
Nouvelle, est une création sonore librement inspirée de la Légende de Saint Julien l’Hospitalier, dans la version de Gustave Flaubert tirée de Trois contes.
Le texte s'est ici quasiment « absenté » pour servir de partition à la composition qui mêle voix, instruments traditionnels et électroniques, musique concrète.
Cette pièce s'inscrit dans le cadre des Traductions, un projet qui consiste à utiliser une oeuvre préexistante comme "partition" d'une nouvelle réalisation sonore. Le premier volet "Quatuor" (commande du GRM 2011) se base sur le 10ème Quatuor à cordes de Beethoven. A venir, "Dessin" qui utilisera les dessins muraux de l'artiste américain Sol Lewitt. Pour "Nouvelle" le matériau sonore a été constitué uniquement à partir des phrases du texte qui décrivent des situations sonores ou contiennent des dialogues. Ces sons ont été agencés en fonction de leur position dans le texte. La composition consiste ensuite à construire l'itinéraire qui relie ces moments sonores.Finalement Nouvelle propose une abstraction de La Légende de Saint Julien, tout en conservant son atmosphère surnaturelle.
Production : WDR, en co-production avec La Muse en Circuit.
Mention Spéciale Prix Phonurgia Nova 2012
Nord Rute est le premier d’une série de quatre projets ambisonics inspirés par l’œuvre littéraire, les peintures et paysages sonores de l’artiste polygraphe Nils Aslak Valkeapää.
Nord Rute prend les Sami comme thème central. Seul groupe ethnique classé comme « indigènes » dans l’Union Européenne, cette minorité habite quatre pays – la Suède, la Norvège, la Finlande et la péninsule de Kola en Russie. Ils ont leur propre langue et une culture au sein de laquelle la musique et l’art tiennent un rôle essentiel.
Entre docu-poème, partition musicale, collecte ethnographique et montage sonore, Nord Rute suit une transhumance des rennes au printemps, jusqu’à leurs pâturages de mise à bas, sur les rives de Porsangerfjord, au nord de la Norvège. Ross a accompagné Klemet Amund Eira et sa ‘siida’ – un collectif de familles d’éleveurs – pendant 450 km le long de vastes plateaux, à travers des vallées, des lacs gelés. La famille de Klemet vit avec les Rennes depuis des temps immémoriaux. Ross a enregistré ce voyage séculaire qu’il a mélangé avec des enregistrements d'Ingor Antte Ailu Gaup Joiking - une expression improvisée dont l'intention est de traduire 'l'essence' d'une personne ou d'un endroit à travers le chant.
Au milieu du récit, on entend une interprétation du poème ‘N°.272’ de Valkeapää tiré de son recueil ‘Le Soleil, Mon père’, avec les paroles de Synnøve Persen, enregistré dans les bois proches de sa maison à Porsanger.
N°. 272 parle d'un troupeau de rennes en mouvement examine les termes complexes des Sámis pour décrire le renne et les sons de la toundra arctique.
Parmi ces enregistrements qui forment la trame de cette partition sonore, le poète Ánde Somby livre ses réflexions sur son rapport à la toundra, évoque le temps des rêves, le cadeau du renne, le ‘peuple souterrains ' et ce que l'animal poursuivi doit dire au chasseur. Faisant écho au message de Valkeapää sur l'importance des traditions indigènes, l'enrichissement réciproque des cultures et ce que les civilisations industrielles peuvent apprendre des systèmes de connaissance antiques.
Nord Rute a été exécuté en direct par un ensemble ambisonic de 12 haut-parleurs pendant le Festival Spektakel de Barents en Norvège depuis le centre d'un labyrinthe géant de glace au-dessous de l'aurore boréale. Une version stéréo a été adaptée pour la radio par Deutschlandradio Kultur.
Nord Rute a été publié sur CD par le label allemand Gruenrekorder.
Mention Spéciale Prix Phonurgia Nova 2012
«Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son.» Kaye Mortley
Traverser le pont
Pourquoi traverser le pont? Pour aller de l'autre côté, bien sûr. Du côté du son.
Pou écouter la musique du pont (suspendu) de Fourques. Répétitive, minimaliste, méditative,
elle demande: pourquoi traverser un pont?
Les plantes produisent-elles des sons? Se peut-il même qu'elles possèdent un potentiel musical? À la recherche des membres talentueux d'un orchestre de plantes, Christina Ertl-Shirley navigue à travers une grande variété de disciplines : depuis la botanique, en passant par la biochimie, l'ésotérisme, la floriculture, l'électronique interactive jusqu'à la musicologie. Comme pour la majorité des émissions de casting, la question réelle et en même temps aussi la plus difficile est: Quel candidat reste à la fin? Et qui doit s'en aller ? Pour couronner le tout, les meilleurs sons de plantes effectuent une composition ensemble. Christina Ertl-Shirley a reçu pour réaliser ce travail une résidence Phonurgia Nova au GRM de l'INA à Paris.
"Cette oeuvre est appelée Splendor Solis ou La Splendeur du Soleil. Elle est divisée en sept chapitres à travers lesquels les effets de la pierre philosophale sont décrits.
Le «Splendor Solis» est considéré comme l'un des plus beaux manuscrits enluminés de l'alchimie. Créé vers 1531, il a non seulement servi de guide aux disciples, mais aussi comme une source d'inspiration pour atteindre l'état d'immersion mystique. C'est uniquement dans cet état d'esprit, que la transmutation des éléments peut être mise en oeuvre. L'artiste sonore Jürgen Seizew décrit les 22 enluminures des «Splendor Solis» dans les textes, miniatures sonores et arrangements sonores. Son but est la transmutation de l'audible.
Puis, à travers la puissance de la chaleur, l'Esprit caché dans la terre est porté dans l'air. Celui qui peut donner naissance à une chose cachée, est le maître de cet art. Celui qui voit l'âme, verra sa couleur.
En 1913, Luigi Russolo publiait le manifeste futuriste "L'arte dei rumori» («L'art des bruits»). Il y proclame l'avènement de l'âge des sons : La machine a créé "une telle variété et une telle libération de bruits que le son musical dans sa légèreté et sa monotonie ne provoque plus d'émotion". Un siècle plus tard, le compositeur lituanien Arturas Bumsteinas se met en quête de signes précurseurs du futurisme. Il en décèle à l'époque Baroque, une période où les machines sonores arrivent dans les théâtres, où René Descartes décrit le corps humain comme une machine, et où le tempérament égal n'était pas encore de règle dans le système tonal. Bumsteinas combine les enregistrements de vieilles machines de théâtre avec des sons de clavecin et de clavecin préparé.
La musique baroque émotive rencontre les éclats futuristes.
Un studio de radio pris comme une machine à produire des images : une organisation de salles, reliées les unes aux autres par des fenêtres et la prise de son, différents groupes qui vaquent à leurs tâches respectives simultanément : production, réalisation, enregistrement, lecture, réflexion. Le résultat est un film sur ce lieu qui produit de l'écoute. Une pièce radiophonique est produite qui tente de compenser l'invisibilité d'un film.
'Studio' joue le film de manière répétitive, sous différentes versions cherchant à rendre acoustiquement le visuel manquant. Superpositions des pistes audio, descriptions de ce qui a été vu, commentaires sur le tournage. Kötter et Seidl présentent quatre versions audio possibles d'un film allégorique invisible.
Le Rocher Percé est une formation rocheuse située dans le Golfe du St Laurent sur la côte Est du Québec, habitat de nombreux oiseaux marins et une réserve de fossiles remarquable. Ce monument naturel inspira en 1944 à André Breton l'écriture de "Arcane 17". Dans ce texte,i il combine des réflexions sur la faune canadienne, le mythe de Mélusine, le fascisme et l'extase d'un amour fraichement trouvé. Christopher Williams, Charlie Morrow et Robin Hayward traduisent ce texte en sons : les sons de la nature captée sur le Rocher, sont mélangés à des sons instrumentaux et fragments du texte de Breton.
Un système stéréo est chargé dans un chariot bricolé. Des versets du Coran et de la musique Islamique s'échappent de ses haut-parleurs : ainsi le Carroussa circule dans les ruelles du Maroc. Cette forme de radio mobile a inspiré à l'artiste et commissaire Younes Baba-Ali un projet original : en juin 2012, il a conduit son propre ' Carroussa Sonore ' à travers Rabat, diffusant de la musique expérimentale, des pièces radiophoniques, des soundscapes et des compositions textuelles. Le chariot étire un sillon sonore derrière lui, qui se perd bientôt dans les rues poussiéreuses. L'espace d'un instant, le 'Carroussa Sonore' modifie la cartographie de la ville. Tandis que Younes Baba-Ali et Anna Raimondo tracent leur route vers la radio.
"Celui qui cherche à s'approcher de son propre passé enseveli doit se conduire comme un homme qui creuse." Par ces mots Walter Benjamin décrit un temps qui avance synchroniquement, plutôt que chronologiquement.
Dans 'le Progrès', le musicien Marc Behrens découvre doucement les fragments de son histoire familiale en Allemagne et la Pologne. Les couches diverses de temps se mélangent et se chevauchent continuellement : tant des enregistrements de terrain que les propos sont enregistrés en utilisant des dispositifs contemporains qu'historiques. Ils se mêlent avec les enregistrements originaux du son de son père, un ingénieur des télécommunications, qui a maintenu les installations d'écoute à la frontière Est/Ouest de l'allemande entre autres.
"Le progrès" interroge le concept de progrès, qu'il soit de nature historique, généalogique ou technique. La magie de notre époque n'est pas dans son cours, mais dans la co-existence fertile des couches de temps dans le présent.
Les 'Songlines' des aborigènes australiens servent à se repérer et s'orienter dans des espaces ouverts. Inspiré par ces chansons, le musicien australien et le compositeur Thomas Meadowcroft a musicalement re-mesuré son pays. De cette manière il suit les lignes de bus le long de la côte est de l'Australie. Les stations-services, les aires de stationnement et les autoroutes, fournissent des indicateurs auditifs de son voyage.
Les Australiens indigènes ne distinguent pas entre le spirituel et le monde matériel. Cette différenciation est très évidente pour des Australiens européens à la fin d'un trajet en bus de 24h : "la lête et des bagages sont bien arrivés à destination, mais le coeur est toujours sur la route." (Meadowcroft)
Prix Découverte Pierre Schaeffer 2013
"Un jour, j'ai su qu'il fallait que je prenne la route. J'avais 26 ans, je n'avais jamais fait cela, et je ne savais pas ce que j'allais trouver. Je savais juste qu'il fallait que je le fasse. Il fallait que je prenne la route. Ce n'était pas raisonné, ce n'était pas raisonnable, mais je n'avais pas le choix. C'était une urgence. Ca hurlait en moi "prends la route avec tes micros". Je me suis organisée pour avoir du temps, et dès que j'ai pu : je suis partie. C'était encore l'hiver. J'avais choisi la Loire pour fil d'Ariane. La descendre, de la source à l'estuaire, 1000 km à pied, pour rejoindre la ville où je l'avais vue couler étant gamine - Nantes."
Prix Phonurgia Nova 2013
Un poème électronique de Floy Krouchi
Réalisation Nathalie Battus
D'après un texte de la poète tunisienne Maha Ben Abdeladhim
Avec des extraits de "Paroles de patience et de départ" de Selma Zghidi (Tunisie) et de "Fajr Free Jazz" Ritta Baddoura (Liban)
Dans ce Hoerspiel, Floy Krouchi travaille autour de sons capturés sur le théâtre des opérations au Moyen-Orient depuis 2001 en mêlant textes de poètes tunisiennes et libanaises, témoignages , rapports d'Amnesty international et documents d’archives. La trame s’appuie sur trois voix : arabe, français, hébreux, questionnant les notions d’identité, de frontière et de territoire dans un contexte de guerre. Avec la participation de Kamilya Jubran (oud, voix / Palestine) et de Meira Asher (voix, electronics / Israel). Elle interroge les possibilités de « catharsis sonore » du réel décomposé, transformé.
http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-de-la-creation-acr-couvre-feux-56-2013-06-06
Short List Prix Phonurgia Nova 2013
J'entre ici, comme dans une pièce noire, je ne sais rien, et puis je ne vois rien.
Moi qui ignore tout, et de surcroît aveugle, je ne reconnais rien ou pas grand chose, j'entrevois par l'oreille, c'est-à-dire que j'entr'entends. Je devine, un peu, mais avec tant de doute que j'hésite à juger. Je n'ose rien nommer, ne résous pas grand chose, tâtonne, et ça tombe bien, car on ne me demande pas mes lumières pour continuer.
...
Les signaux que l'auteur envoie, comme indices de sa présence, font entrer mon écoute dans sa profondeur. Je remarque alors que lorsque je me mets à écouter, j'entends (toujours) autre chose. Et maintenant que j'ai écouté jusqu'au bout, je suis prêt à recommencer.
Etienne Noiseau
Production SWR - Short List Phonurgia Nova Awards 2013
Selected for Ars Acustica EBU broadcasting.
On the outskirts of Baden Baden lies the Convent of Lichtenthal. Cistercians nuns have been praying and working here since 1245. Their life is conditioned by working for their living. In earlier times, this was only agriculture, but today the sisters have their own school and artists' workshops, or they accommodate guests for a temporary stay. How can this life be "heard" via the media of microphone and sound mixer technology, how can that be artistically represented which can not be said but only shown?
Short List Phonurgia Nova Price 2013
A project combining song writing with ars acustica elements. These two fields, probably at antipodes, can be elaborated in an autonomous acoustic form which might destroy all distances and boundaries between genres. A multilingual opera built like a song cd, where blues and blue-grass wink at Cage and Feldman, Buddha Bar takes by hand Pierrot Lunaire, extemporary stories slides on jungle and death metal.
Short List Prix Phonurgia Nova 2013
J'ai trente ans et une grande famille que je ne connais pas. Une grand mère de cent quatre ans qui a dix enfants et que je vouvoie. Aujourd'hui Grand-maman s'éteint et il ne reste que sept enfants à son chevet. Une tribu où le silence est d'or, où la parole n'est pas d'argent. Les souvenirs de ces enfants devenus adultes surgissent par bribes. Des histoires de littérature, d'enfant caché, de religion, de lien maternel, de modernité, de loups, de résistance...
Short List Concours Phonurgia Nova 2013
Didier est parti violemment quand Katia était enceinte de 3 mois. Il a décidé d'arrêter de vivre, en lui laissant le choix de continuer leur route ou pas. Katia a pris sa grossesse comme un cadeau, ne voulant pas assumer un deuxième deuil. Comment fait-elle pour tenir le coup? Rayonner est sa façon de combattre le malheur. Le temps lui paraît distordu depuis la mort de Didier et cela fait 9 mois aujourd'hui. Demain nous irons au parc de Wolvendael où il s'est pendu.
Short List Prix Phonurgia Nova 2013
Fruit de deux mois de résidence dans les zones protégées du Costa Rica dans le cadre du programme de résidence Villa Médicis Hors les murs "Dry, Wet, Evergreen" est une composition naturaliste déployée en Installation multicanale et en oeuvre radiophonique.
De la forêt de nuages à la forêt pluvieuse côtière, de la forêt tropicale sèche à la mangrove, J'ai arpenté les différents écosystèmes forestiers tropicaux à la fois muni d'un dispositif d’enregistrement quadriphonique (croix IRT) me permettant une captation et une restitution de l'environnement sonore à 360° mais aussi d’un microphone parabolique me permettant de focaliser sur les voix individuelles des animaux rencontrés.
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Après l'avoir oubliée, je viens de redécouvrir "et où s'en va la nuit..", la production du stage de documentaire de juillet - que je trouve très belle. Si j'aime cette pièce courte (et je sais qu'il y en a qui ne l'aimeraient pas du tout) c'est que, partant du son du monde réel, elle ouvre sur un espace imaginaire dans lequel l'auditeur peut se glisser, circuler, rêver à loisir : les différentes textures sonores, les espaces acoustiques, les personnages - ombres, silhouettes, fantômes - surgissent, disparaissent et circulent selon une logique qui leur est propre, et qui est quelque part très juste par rapport au "sujet" (sujet= prétexte à faire, dans ce cas).
En réalité, c'est ce rapport juste qui compte dans la réussite d'une pièce, la justesse du traitement... mais comment la jauger ? Comment s'en approcher, se l'approprier (surtout à neuf participants) je ne saurais le dire... Si ce n'est qu'on la reconnaît comme une évidence quand on le rencontre. Dans ce cas précis, cela a certainement beaucoup à voir avec la façon dont les participants ont su travailler ensemble, collaborer, partager leurs savoirs - et cela même aux moments où régnait un manque de conviction certain par rapport à l'aboutissement heureux - l'aboutissement tout court - du projet.
Ceci dit, la pièce n'est que la photo de la fin d'un stage - de même que la destination n'est que la fin de la route, "laquelle ne vient ni ne mène nulle part..." (pour paraphraser Henry Bauchau).
J'espère que sur ce bout de route ils auront fait quelques rencontres heureuses qui vont étayer leurs désirs sonores.
Kaye Mortley.
Participants :
Julien Tomazo |
Delphine Prat |
Laetitia Soligné |
Roinat MarieHélène |
Neichel Marie |
Martin de Torcy |
Charlie Atanasyan |
Maya Boquet |
Flavien Serein |
mixage = Mehdi Ahoudig
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Nuage: "Ensemble de minuscules particules d'eau", disait l'un...
"Montagne légère, instable, déracinée", disait l'autre... Un jour nous nous sommes mis à écouter les nuages... nous y avons trouvé notre musique à nous.
Participants
Christina Firmino |
Françoise Delignon |
Véronique Brindeau |
Laure Cointe |
Cerise Marechaux |
Charlotte Jullien |
Claire Dutrilleux |
En 1816, après l'éruption d'un volcan indonésien, un brouillard épais a obscurci le ciel sur plusieurs parties de l'Europe, occultant la lumière du soleil. Cette atmosphère opaque eut aussi des conséquences littéraires et a inspiré Lord Byron à sa poésie célèbre 'l'Obscurité'. Aujourd'hui, l'expérience de cette 'année sans été' sert de modèle pour les chercheurs en géo-engineering, quand ils étudient la possibilité de refroidir de l'atmosphère à l'aide d'une éruption volcanique artificielle.
'La Brume Sèche ' (la deuxième Partie du triptyque "l'Anthroposcene") est la bande sonore de ce monde voilé.
"J’eus un rêve qui n’était pas tout-à-fait un rêve. L’astre brillant du jour était éteint ; les étoiles, désormais sans lumière, erraient à l’aventure dans les ténèbres de l’espace éternel ; et la terre refroidie roulait, obscure et noire, dans une atmosphère sans lune." (Lord Byron)
EFSF - une série des lettres qui ont dominé la politique fiscale européenne depuis 2010. La communicabilité de l'ESFS est soumise à un examen radical dans la pièce radiophonique "le protocole d'accord" (ger. : "Absichtserklärung")
Serge Baghdassarians et Boris Baltschun ont filtré les lettres E, S et F de l'article de Wikipédia du Mécanisme de Stabilité. Ils ont récupéré un texte à trous qu'ils ont donné à lire par dix voix synthétiques. Ils ont recruté leurs locuteurs à partir d'un programme de traduction en ligne utilisant des algorithmes de prononciation divers.
Baghdassarians et Baltschun ont composé une séquence de pièces de solo et des intermèdes choraux à partir des voix des pays participant dans l'EFSF. Ils poussent l'incompréhensibilité d'une langue fortement technocratique à son paroxisme, en mettant à jour son potentiel inattendu de poésie sonore.
Le talkie-walkie est menacé d'extinction. Les téléphones portables et d'autres dispositifs sans fil ont pris sa place et menacent de l'enterrer à jamais. Cependant des qualités insoupçonnées reposent dans ces boîtes crépitantes : contrairement au téléphone, chaque émetteur-récepteur peut écouter n'importe quel destinataire. Ceci permet la communication avec des étrangers. Nous entendons les histoires qui ont lieu dans notre voisinage immédiat, et qui pourtant semblent provenir d'un autre monde.
Dans le cadre du Festival CTM 2014, Lukatoyboy a développé une performance pour ' les Scouts du Son' et des postes de radio. Deutschlandradio Kultur l'a captée.
Tout dans le laboratoire sonore du musicien et compositeur Stefano Giannotti est strictement ordonné. Un cochon sonne comme un cochon, une imprimante comme une imprimante. Mais il arrive que les "paysages sonores" échappent au compositeur et se mettent à proliférer. Les animaux deviennent des machines et vice versa.
Acteurs : Ilka Teichmüller, Stefano Giannotti, Mariola Krajczewska,
Matilde Giannotti, Petra Winkler
Ensemble OTEME - OSSERVATORIO DELLE TERRE EMERSE
Valeria Marzocchi : Flûtes
Nicola Bimbi : Hautbois, cor anglais
Lorenzo del Pecchia : Clarinette
Leonardo Percival Paoli. Basson
Maicol Pucci : Trompette
Valentina Cinquini : Harpe
Section de corde de DI SCUOLA MUSICA SINFONIA ORCHESTRE
Sarah Fanucci, Diana Gaci Scaletti, Nicoletta Olivati, Sofia Cesaretti,
Gianluca Chelini, Andrea del Gratta : Violons
Angela Landi : Violon de Solo
Rachele Nucci, Lorenzo Phelan : Violoncelle
Une étude de coups violents - et peut-être quelques éclaboussements …
"Marmonnement, Marmonnement, Marmonnement, Marmonnement, Marmonnement, Marmonnement, Marmonnement, Marmonnement, (...)." En 1974, l'artiste performeur Dieter Roth a écrit une pièce de 176 pages avec un seul mot : "Marmonnement". Minimalisme pur.
La performeuse Grace Yoon a maintenant adapté la pièce 'la plus ennuyeuse du monde' pour la radio. Ce faisant, elle explore les vestiges d'une langue sémantiquement vide et développe un nouvel univers à partir de quelques lettres.
"... car les mots des gens, quand ils s'approchent les uns des autres, sont des marmonnements ..." (Husayn ibn Mansur Al-Hallaj, 8ème siècle)
Acteurs : Martin Engler, Meike Schmitz, Hans Peter Hallwachs,
Linda Olsansky, Bo Wiget, Arne Fuhrmann
Choeur : Capella Vocale München
"Hors de portée" est un travail audio basé sur des ultrasons et echolocations utilisés par les chauves-souris, les dauphins et d'autres créatures qui opèrent au-delà de la gamme d'audition de l'homme - observant avec le son, ou peut-être 'entendant' les objets.
Le son est invisible. Les ultrasons sont inaudibles. Bien sûr, beaucoup d'espèces ont une gamme d'audition plus grande que nous et aussi plus spécifique et spécialisé avec les combinaisons complexes des différents sens… Des créatures tant terrestres qu'aquatiques perçoivent les fréquences très élevées du son. Certaines espèces d'insectes, d'oiseaux, de poisson et des mammifères peuvent émettre et entendre des ultrasons, qui sont utilisés pour des communications, la chasse et l'orientation. Ces créatures opèrent à un niveau différent de perception, dans une gamme inaudible pour nous située au-dessus 20kHz... Beaucoup d'animaux utilisent aussi les propriétés acoustiques de l'espace; une chauve-souris, par exemple, peut utiliser l'écho d'une tour pour amplifier ses appels en direction de ses camarades ; les poissons-crapauds utilisent des cavernes pour amplifier leurs appels et protéger leur habitat. Les baleines utilisent les propriétés acoustiques différentes aux profondeurs différentes de l'océan, à des niveaux de pression différents pour envoyer leurs appels longue distance. On a découvert que les mites ont un comportement réflexe utilisant leurs ailes pour tomber quand elles entendent les appels d'echolocation d'une chauve-souris… Que nous trouvions ceci stupéfiant, nous apprend-il quelque chose sur nous-mêmes ? La matière sonore de la pièce est basée sur des ultrasons, des enregistrements au-dessous de l'eau et aussi des sons d'echolocation transposés dans la gamme audible. Les enregistrements ont été faits en divers endroits à Central Park et sur l'Est-River à New York, aux USA, dans une forêt à l'extérieur de Kaliningrad en Russie, à Regents'Park à Londres, en des emplacements divers en Norvège, au Danemark et en Suède.
Variations sur une chambre
stage Phonurgia dirige par Kaye Mortley et Medhi Ahoudig
avec Coralie, Charles-Henri, Hélène & Hélène, Ixchel, Yasmina, Charlotte et Viviane
Chambre à soi, chambre d'hôtel, chambre solitaire, chambre séparée,
Chambre conjugale, chambre cloîtrée, chambre d'enfant, chambre maudite…
Ecouter depuis l'"intérieur" ces chambres qui résonnent
Portes et fenêtres s'ouvrent
Dedans, dehors, confidences, silences secrets, chhhh….
"C'est notre présence qui définit le silence d'une chambre".
Remerciements à ATLAS, CITL, Fondation Van Gogh et les habitants d'Arles...
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
atelier documentaire sonore Phonurgia Nova, Toussaint 2014
par
capucine, céline, françois, marie, maryse, ruxandra
en compagnie de
kaye mortley et émilie mousset.
remerciements aux
fondation vincent van gogh,
musée réattu
et à tous ceux qui ont prêté leur voix et leur imaginaire à cet exercice
La chaise: c'était bien cela notre "sujet".
Donc
se défilent des chaises... chaises inertes, chaises mouvantes, chaises banales, chaises bancales, chaises design, chaises douloureuses, chaises de cirque, chaises ludiques, et même bleues.
Chaises (presque toujours) muettes... à moins d'être provoquées, dérangées, mises en paroles.
Chaises: prétextes à fabriquer un récit sonore, poreux et discontinu... à réinventer par chaque auditeur.
Mais une fois notre petite pièce finie, nous avons été amenés à nous demander si vraiment, elle avait une fin. C'est-à-dire: une vraie fin qui se pense depuis le début - ainsi que le disait Léonard - ou si elle était simplement arrêtée. (
Et ainsi est venu, à distance (nous sommes tous dans d'autres coins de la France maintenant) un petit moment de réflexion, de joute, de remaniement de cet exercice devenu "work in progress"... et qui pourrait - sans doute le rester - à l'infini.
Dont voici des traces.
marie
- Mais vous avez tout changé ... !
ruxandra
- J'ai bien aimé le fil sonore qui a été ajouté...
céline
- ... des mots tirés de notre liste de chaises, notre cascade chaichaichaichaichaiz qui est reprise à la fin, la position de la didascalie absences présences, l'intervention "Capucine à l'école"...
marie
Et en même temps c'est beaucoup mieux comme ça... plus rythmé, cohérent, on est plus accroché au début, ça avance.
maryse
Ça avance vers l'inconnu. On retombe sur des chaises musicales. On va d'histoires en histoires de chaises...
françois
Mais la didascalie à la fin, je l’enlèverais...
céline
Elle ne me dérange pas.
maryse
Maintenant le titre semble bizarre. Comme si on n'avait pas assumé le sujet. Est-ce qu'on en a besoin maintenant de ce titre ?
françois
Moi je vote pour... Même avec la didascalie à la fin...
C’est donc une jeune créatrice, Amandine Casadamont, qui a remporté le Grand Prix Phonurgia Nova/SACEM 2015, avec Zone de silence, (un Atelier de Création Radiophonique réalisé par Angélique Tibau pour France Culture). Jouant avec la notion de seuil, cousue de sons ténus, explorant les confins indéfinis de l'audible, sa pièce arpente une vaste zone désertique du Mexique classée "zone rouge" par le Ministère des affaires étrangères en raison des problèmes liés au narcotrafic. "Tous les sons qui la composent ont été enregistrés là, dans cette vaste zone de 400 000 mètres carrés, puis retravaillés, sculptés et mixés à Paris" précise l'auteur(e). "C'est une invitation au voyage, mais pas à n'importe lequel... nous traversons une zone désertique, quasi-lunaire. Un lieu magique à fortes turbulences électro-magnétiques, une terre de légendes, de dangers, depuis laquelle on peut faire parler les ondes autrement" poursuit-elle. En effet, Zone de silence (26ème parallèle nord, un peu plus à l'est du triangle des bermudes) explore aussi les limites du silence toléré par le medium radio. Le silence est épais et dense par moments, et si sa diffusion sur un poste normal de radio peut être problématique, elle trouve pleinement son sens à l’écoute au casque.
Coiffez un casque et plongez dans Zone de Silence par Amandine Casadamont et Angélique Tibau. Technique : Bruno Mourlan
Une ville de 20 millions d'habitants. Bruyante si l'on veut. Sonore si on sait l'écouter. Le micro de Félix Blume parcourt les rues, les salles de catch et les manifs. Il s'attarde avec tendresse sur le monde des vendeurs ambulants et les multiples cris de la rue, recompose leurs voix et leurs appels en choeur polyphonique. Sous la ville, le lac englouti garde les secrets du passé. Jeune réalisateur sonore installé à Mexico, Félix Blume compose de splendides cartes postales sonores pour lui-même et pour ARTE Radio. Hommage musical à sa ville d'adoption, cette création a reçu le prix Phonurgia / Pierre-Schaeffer 2015.
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Stage Phonurgia Nova Octobre 2015
Technique : Sophie Berger
AU BOUT DE LA RUE...
Déambulation/ Dé-marche:
Partir de la rue dite "du bout d'arles" à l'époque de Van Gogh...
C'était vers les bords du rhône... vers la gare... vers les maisons closes.
Partir par quatre chemins.
A la recherche du bout d'arles.
Proposer une certaine lecture (subjective) de la topographie de la ville et ses limites, composée de ce qui se rencontre, s'entend, se voit (traduit en son), se pense, se ressent chemin faisant.
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Stage Phonurgia Nova Mai 2015
Technique : Jules Wysocki
L'EFFET PAPILLON
Je pense au temps des tours
au temps féodal des tours
Je pense au tours jumelles du World Trade Centre
Je pense à la présence rassurante d'une tour
qui règne
qui protège
qui apporte la prospérité
qui attire les admirateurs
En Arles une nouvelle tour se dresse sur l'horizon...
C'est celle de Frank Gehry qui fera 56 mètres de haut et qui sera dédiée à l'art contemporain.
Dé-tour sonore parmi d'autres tours de la ville...
« Un jour est venue l'idée de réunir les pièces sonores produites pendant nos ateliers d’Arles - non pas pour ériger des canons du genre, mais pour témoigner d'une démarche, d'un désir insistant : écrire avec le son. » Kaye Mortley
Stage Phonurgia Nova Juillet 2015
Technique : Mehdi Ahoudig
Il y 15 ans nous enregistrions encore sur de la bande magnétique. Aujourd'hui il n'y a plus de bande à couper, coller, recoller, plus de ciseaux... le preneur de son sauvage doit faire corps avec sa matière d'une autre façon s'il veut respirer avec l'autre. Mais si la technique a changé, l'auteur est toujours confronté à la nécessité de provoquer, par tous les moyens possibles, ce moment d'illumination où l'on voit jusqu'au fond des choses. Kaye Mortley a ses stagiaires : "Votre but ne sera pas de documenter la ville, ni de la restituer réellement. Ce sera plutôt de trouver des espaces vides de sens, les trous dans le tissu d'une réalité très forte. A partir de là, commencez à construire votre propre scène imaginaire".
"Sans bruit la rue meurt"
Une explosion, du verre brisé, des habitants évacués: un fait divers. Qui a entendu, qui a vu? En ville, un bruit court et se dérobe. Lancés à sa poursuite, on perd sa trace, mais pour trouver silence brut, bruits de fond, rumeurs et ouï-dires, légendes urbaines et madeleines sonores. Une création de 20 minutes, au cœur et à la périphérie de l'Arles sonore.
Voila 25 ans que nos micros se baladent sur les berges du Rhône. Tout au long de l'année, des stagiaires affluent à Arles de toute l'Europe pour apprivoiser l'art des sons au contact de "maîtres" réputés. Kaye Mortley et Mehdi Ahoudig y enseignent le " documentaire de création". Dans l'émission "Récréation sonore" de Radio Campus Paris, François Bordonneau fait revivre de l’intérieur cet atelier, auquel il a lui-même pris part, à travers les témoignages des participants de la session de juillet 2015.
Réunis quelques mois après le stage qui n'a fait qu'aviver leur désir d'écrire avec les sons, ils s’expriment ici sur leur rapport intime au sonore, leur définition du documentaire « de création », le choix d’un sujet et sa réalisation, la force évocatrice du son et la nécessité de ce type de radio… Tout ça sur fond de séances de montage/mixage dans les locaux de l’Ecole de musique d’Arles.
L’émission se termine par « Sans Bruit la Rue Meurt », la pièce sonore d’environ 20 minutes fabriquée collectivement au cours de cette session de juillet 2015, à partir de sons glanés dans les rues d’Arles en surchauffe.
Avec les voix (par ordre d'apparition) de Kaye Mortley, Mehdi Ahoudig, Laura Tirandaz, Mickaël Filler, Violaine Ballet, Juliette Médevielle, Philippe Donnefort et Marc Jacquin, de l’association Phonurgia Nova
Deutschlandradio Kultur participated in “Art's Birthday 2016” with a concert at the Schaubühne Lindenfels, Leipzig.
Under the motto “100 years of Dada”, contemporary sound artists celebrate the current state of the art movement that began in Zurich in 1916.
Japanese composer and vocal performer Tomomi Adachi has been working with the history of Japanese Dadaism for more than ten years. As early as the beginning of the 20's, the movement from Zurich arrived in the Japanese culture scene, where it fell on fertile ground. Militarism, nationalist bigotry and censorship were just as common in the Far Eastern Empire as they had been in the Europe of the First World War. Artists and writers such as Tsuji Jun, Takahashi Shinkichi, Murayama Tomoyoshi and the MAVO group received stimuli from Europe and formed a small but independent Dada scene. Based on the original texts of Japanese Dada, Tomomi Adachi developed a musical lecture performance for “Art's Birthday” which updates the Dadaist East-West dialogue. He is accompanied by the American-Chinese vocalist Audrey Chen and a 20 member amateur choir.
Audrey Chen, born in Chicago in 1976, lives in Berlin as a cellist and vocalist of improvised music. In recent years, she has worked mainly with Phil Minton, Maria Chavez and the conceptual artist John Bock.
Prix Paysage sonore - Phonurgia Nova Awards 2017
Après avoir réuni une collection de silences récoltés en Alaska en avril 2015, l’occasion est venue de chercher une définition de cette matière sonore discrète presque totalement disparue.
Prix Archives de la Parole – Phonurgia Nova Awards 2017
La première – RTBF, FaÏdos Sonore, 47 min
Avec l’aide de la Bourse Gulliver, SACD/SCAM France, SACD/SCAM Belgique, le service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie/ Bruxelles, la SSA, Pro Litteris.
Ce documentaire fait suite à une rencontre qui s’est déroulée sur deux ans avec les frères Dominicains de Toulouse. Au départ, je devais créer une composition permettant de visiter par le sens de l’ouïe leur Couvent historique des Jacobins, dont ils ont perdu l’usage. J’ai alors découvert leur recherche avec Marcel Péres, musicologue et compositeur, afin de se réapproprier d’anciennes techniques de chant liturgiques oubliées avec leur départ du Couvent des Jacobins. J’ai alors pensé à une forme d’écriture entre documentaire et création sonore racontant la quête de ces frères Dominicains pour retrouver l’usage sonore d’un lieu qui s’est vidé.
Avec le soutien de l’ACSR et du fond d’Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Réalisation : Fabienne Laumonier en collaboration avec Alexandre Causin et Elise Gruau.
Mise en onde : Christophe Rault
Un voyage à bord de l’Aquarius, bateau de sauvetage affrété par l’ONG SOS Méditerranée.
Mention Archives de la Parole – Phonurgia Nova Awards 2017
Agogies est un dispositif relationnel et radiophonique qui capte une parole enfouie, par le canal de l’improvisation hypnotique.
Mention Archives de la Parole - Phonurgia Nova Awards 2017
ABC Soundproof Australia, 45 min
Avec le soutien de l’ACSR et du FACR de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Cinq femmes-artistes vivant à Bruxelles ; chacune a un passé culturel différent. Elles disent, dans leur langue maternelle, une expérience sensorielle intense, qui laisse une empreinte physique. Mais l’une d’elles ne dit par la vérité. Comment transmettre cette expérience à travers le seul langage quand leurs mots sont traduits, bien que correctement, par une autre femme ? Qualia interroge la relation du corps et de l’esprit, l’impossibilité de partager avec d’autres la perception exacte d’une couleur…
Prix Art Sonore – Phonurgia Nova Awards 2017
équipe de réalisation
Davide Tidoni: Réalisation
Hélène Gauthier: Voix
Bastien Hidalgo Ruiz and Ludovic van Pachterbeke : Ingénieurs du son
The Sound of White Noise est une pièce composée d’une série d’instructions d’écoute qui sont diffusées à la radio et performée par les auditeurs. Les instructions concernent des positions spécifiques du corps et des mouvements que les auditeurs ont à accomplir en relation avec le système radio qu’ils utilisent et l’espace où ils se trouvent. Une voix enregistrée propose des instructions aux auditeurs et les guide à travers toute la durée de la pièce. Chaque instruction invite les auditeurs à interagir avec le bruit blanc qui est diffusé par la radio. Les mouvements et les gestes que les auditeurs effectuent modifient le flux du bruit blanc qui est diffusé dans la chambre et la façon dont les auditeurs le perçoivent.
Le premier objectif de le pièce est d’introduire les auditeurs à la possibilité d’interaction et d’engagement avec le son. Grâce à une série d’expériences d’écoutes guidées, les radio-auditeurs perçoivent les sons comme une présence concrète qui les met en contact avec le milieu de la radio, leur propre corps et l’espace autour d’eux. L’intention finale de la pièce est de demander aux auditeurs de travailler sur leurs propres capacités sensibles. À cet égard, la pièce peut être considérée comme une sorte d’entraînement d’écoute qui cultive les potentiels de perception et d’interaction de chacun dans le champ du sonore, mais aussi dans un spectre plus large, sur notre approche des relations humaines et sociales.
Mention Art Sonore – Phonurgia Nova Awards 2017
Dans le cadre de la Bourse Gulliver, 12 min
Sur les berges du lac Memphrémagog, au Québec, se dresse l’Abbaye de St-Benoît-du-Lac. 27 moines y vivent, selon les préceptes de la Règle de St-Benoît. Abbaye est une proposition d’aller à leur rencontre, par le son. Un univers contrasté où sont mises en scène les rencontres sonores et poétiques entre le microscopique et l’immense, le prosaïque et le spirituel, l’anecdotique et l’imaginaire, le monde ancien et le monde moderne.
Prix Découverte Pierre Schaeffer – Phonurgia Nova Awards 2017
Dans le cadre de la Bourse Gulliver
De 1998 à sa fermeture pour travaux en 2014, le collectif Les Yeux de l'Ouïe a mené à la maison d'arrêt de Paris-La Santé un atelier vidéo permanent où travaillèrent ensemble personnes détenues, cinéastes et étudiants.
Glanées à travers les productions de l'atelier, De l'autre côté du monde fait résonner les voix de ceux qui l'ont traversé. Autant d'expériences singulières, qui, ensemble, tracent le portrait d'un espace collectif où chacun trouve la possibilité d'exister au delà de son statut.
Mention Prix Découverte Pierre Schaeffer – Phonurgia Nova Awards 2017
Montage : Laurent Gérard / Mixage : Rémi Gérard.
Fin 2012, une société de production me propose d’être l’ingénieur du son d’un film documentaire en 3D sur les ouragans. Le tournage prévoit de longs séjours à l’autre bout du monde. Le son de l’ouragan est réputé impossible à enregistrer. Alors que j’hésite à embarquer dans l’aventure, Louise, la jeune femme que j’aime me quitte. Commence alors une errance entre tempêtes inouïes et torpeur tropicale ; un voyage vers un son impossible : l’ouragan.
Mention Prix Fiction Francophone – Phonurgia Nova Awards 2017
Montage : Laurent Gérard / Mixage : Rémi Gérard.
Le 2 octobre 1961, en pleine guerre d’Algérie, le policier Georges Pérache est abattu à Paris par le FLN. Le 17 octobre, la police réprime une manifestation pacifique et tue près de deux cent Algériens. Le 13 novembre 2015, François Pérache, petit-fils du policier tué, veut aller manger un bobun au Petit Cambodge... À la fois enquête intime, fiction documentée et tragi-comédie, De guerre en fils joue du feuilleton radio pour ouvrir la boîte aux secrets. Ceux de l’Histoire comme ceux d’une famille.
Prix Fiction Francophone – Phonurgia Nova Awards 2017
https://www.arteradio.com/serie/de_guerre_en_fils